Science & env.
A partir de contributions de 500 scientifiques, l'Administration nationale océanique et atmosphérique américaine rend compte, dans son rapport annuel, de l'accélération du réchauffement.
Alors que des incendies gigantesques continuent de détruire forêts et habitations en Californie et que Météo France annonce plusieurs jours de canicule dans l’Hexagone, l’Administration nationale océanique et atmosphérique américaine (NOAA) publie un nouveau rapport inquiétant sur l’impact du changement climatique sur la planète. « L’Etat du climat 2017 » est le résultat de contributions de 500 scientifiques dans 65 pays. En voici les résultats les plus marquants.
1) Des records de niveaux de gaz à effet de serre
L’année dernière, les concentrations dans l’atmosphère des principaux GES (CO2, méthane, et oxydes nitreux) ont atteint, en moyenne, 405 parties par million (ppm), soit la plus forte concentration jamais enregistrée. D’après les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), pour avoir plus de deux chances sur trois de limiter le réchauffement mondial à 2°C d’ici à 2100 (l’objectif de l’accord de Paris), il faudrait que les émissions de CO2 entre 1870 et la période où sa concentration dans l’atmosphère sera stabilisée n’excède pas 2 900 gigatonnes (Gt) de CO2. Or environ 2 100 GtCo2 ont déjà été émises entre 1870 et 2017. Il ne nous reste donc plus que 800 GtCO2 à émettre si nous voulons avoir des chances de respecter l’objectif des +2°C. Les émissions de GES doivent donc impérativement atteindre un pic en 2020, soit dans deux ans, puis diminuer rapidement.
2) Le niveau des mers toujours plus haut
Sous l’influence du réchauffement qui provoque une dilatation de l’eau et la fonte des glaces, le niveau des océans a augmenté de 7,7 centimètres entre 1993 et 2017. C’est la sixième année consécutive que le niveau de la mer augmente par rapport à l’an précédent et il croît de 3,1 centimètres par décennie en moyenne. Cette élévation n’est pas uniforme sur la planète. Dans l’océan Indien et dans le Pacifique tropical, par exemple, elle a dépassé le taux d’augmentation moyen, au contraire de l’est du Pacifique où il est plus bas. Un phénomène étonnant qui est dû à des changements dans la circulation des vents depuis 2012.
3) Des océans toujours plus chauds en surface
Les températures dans la partie supérieure des océans ont aussi atteint des maximales en 2017. Les océans se réchauffent en captant du carbone émis dans l’atmosphère par les activités humaines, et le stockent sous forme de chaleur principalement dans les 700 premiers mètres d’eau. Cela participe à l’acidification des océans qui touche durement les mollusques et les coraux, ainsi qu’à la création de zones mortes privées d’oxygène. Le rapport souligne la poursuite d’un épisode de blanchissement des récifs coralliens depuis juin 2014. Dans certaines zones de la grande barrière de Corail au large de l’Australie, plus de 95 % des coraux sont morts. Cet évènement a été le plus long, le plus étendu et certainement le plus destructeur des trois observés depuis le début des relevés.
© Fournis par Libération
4) 2017, deuxième ou troisième année la plus chaude
D’après plusieurs études, les températures moyennes océaniques et terrestres combinées ont augmenté de 0,38 à 0,48°C par rapport à la moyenne de 1981-2010. Cela fait de l’année dernière la deuxième ou troisième année la plus chaude enregistrée depuis la seconde moitié du XIXe siècle. Le podium étant occupé par 2015 et 2016. D’après l’Organisation météorologique mondiale, 2018 pourrait rapidement prendre la tête du classement.
5) Des pôles qui souffrent de températures toujours plus élevées
Dans l’océan Arctique, la couverture de glace maximale a atteint son plus bas en 2017 (sur les trente-huit années d’observation). Pour le mois de septembre, cette surface glacée a été 25% plus petite que la moyenne constatée sur cette même période. L’Antarctique n’a pas été épargné. Au 1er mars 2017, la superficie de glace maritime y est tombée à 2,1 millions de kilomètres carrés, soit le plus bas jamais observé sur une journée depuis 1978.
6) Une multiplication des cyclones tropicaux
On se souvient de l’ouragan Maria qui a ravagé les Antilles, Cuba et Porto Rico. De même pour Harvey, qui a dévasté le Texas et la ville de Houston, frôlant le désastre en Louisiane. D’après la NOAA, le nombre de cyclones tropicaux a légèrement augmenté en 2017 : 85 par rapport à la moyenne de 82 sur la période 1981-2010.
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