Rolex : une marque, une histoire, des (sur)noms

Alors que certaines marques ou modèles de montres peinent à se faire un nom, d’autres, entrés dans la légende et la culture populaire, en sont au stade des sobriquets. C’est le cas pour Rolex. Passage en revue des modèles emblématiques traqués et adulés par les collectionneurs, qu’ils renomment en fonction des codes de la Pop culture.

On dit souvent que l’on peut jauger de l’amour que l’on porte à une personne au nombre de surnoms qu’on lui donne. Cela s’applique aussi aux objets, même de luxe. Symbole de qualité, de prestige et de pouvoir, la marque à la couronne dorée n’a rien perdu de son aura et ses modèles de montres fascinent toujours autant, au point de faire une percée significative dans la culture populaire.

Et si les montres Rolex ont su se faire une place au soleil dans l’inconscient collectif, il ne faut pas s’étonner que certains passionnés, sans cesse à la recherche de fragments d’Histoire, d’incarnations du rêve, de coolitude et de signe extérieurs de puissance, les associent à d’autres icônes de la culture contemporaine, à savoir les superhéros, des sodas, des acteurs et autres figures publiques telles que des présidents.

Comment s’y prennent-ils? En s’accrochant aux petits détails d’un modèle, d’une petite variante de couleur ou de lunette, un logo qui change de couleur dans le cadran... Autant de petites choses qui retiennent l’attention et qui alimentent l’imagination. Il suffit d’aller faire un tour sur les sites de petites annonces pour voir cohabiter à la fois des noms de modèles prestigieux dont les prix alignent plusieurs zéros, et ceux d’objets ou boissons du quotidien que l’on trouve à moindre coût dans les hypermarchés.

Il n’y a pas que le climat ou le monde qui change, la nature et le profil des amateurs de montres, qui ont les moyens de se payer ce genre d’accessoires haut de gamme, aussi.

Les chefs d'état

La "Mobutu" - La Daytona 11659 SACO

Alors oui, quand on a de l’argent, on peut tout se permettre, même d’avoir mauvais goût. Avec ses pierres précieuses en taille baguette et ses motifs léopard, cette montre a vite pris le nom de l’homme d’État Joseph-Désiré Mobutu en raison de sa toque léopard représentative et des extravagances de son mode de vie.

La "Président " - La Oyster Perpetual Day-Date

Produite en 1956, c’est la première montre qui permit d’afficher à la fois la date et le jour dans deux fenêtres différentes. Une complication encore jamais vue auparavant chez Rolex. Disponible uniquement en or 18k, elle sut séduire un beau nombre d’hommes politiques, et c’est la première hypothèse pour évoquer son surnom.

Une autre avance que c’est à cause du fait qu’elle soit montée sur le célèbre bracelet jubilé “President” de l’horloger. La rumeur dit aussi qu’un lingot d’or était nécessaire à sa fabrication. Une montre de prestige, donc.

Les superhéros

La "Hulk" - La Submariner

Si Rolex n’a pas poussé le vert gazon jusqu’à son bracelet en acier (elle l’a peut-être fait pour le cuir), la céramique du cadran et de la lunette de cette Submariner est, elle, d’un superbe vert émeraude qui rappelle l’incroyable Hulk, le héros de Marvel. Si à ses débuts en 2010 elle n’a pas rencontré un franc succès, c’est aujourd’hui un must have absolu ! En effet, succédant à la Submariner “Kermit”, elle lui est préférée grâce à cette monochromie qui apporte une touche plus moderne que le cadran noir et la lunette verte de sa grande sœur.

La " Batman" - La GMT-Master II

À la base créée pour un usage professionnel, elle a vite trouvé son public parmi les globe-trotters. Robuste, cosmopolite et plutôt chic, elle doit son surnom de “Batman” à sa lunette bicolore bleu et noir qui rappelle les couleurs de la tenue du superhéros de Gotham City, mais version vintage. Depuis sa sortie en 2013, elle suscite fortement l’engouement et la demande est nettement supérieure à l’offre.

Les sodas

La "root beer" - La GMT-Master II

Si la référence ne nous saute pas aux yeux, à nous Européens, c’est parce que l’A&W Root Beer est un soda populaire au Canada. Cette GMT-Master arbore en effet un cadran, une lunette, mais aussi des aiguilles (index) de la même couleur que le logo et le packaging de celui-ci. Elle est aussi connue sous le qualificatif “Clint Eastwood”, en référence au film de 1993. Dans la ligne de mire dans lequel il la portait au poignet. Les tons brunâtres (mélange d’or, d’acier et de bronze), qui inspirent classe et virilité selon certains, ont surpris les amateurs de l’époque, mais ont vite été adoptés par l’acteur.

La " Pepsi " - La GMG-Master

Avec sa lunette bicolore bleue et rouge, impossible de ne pas voir le rapport entre la montre et la marque de cette boisson gazeuse. Conçue en 1954, elle était à la base destinée aux pilotes de ligne, en particulier ceux de la Pan Am, d’où l’utilisation du rouge et du bleu, afin qu’ils n’aient pas de difficulté à lire l’heure en fonction du changement de fuseau horaire.

Sa lunette en bakélite, jugée trop fragile, fut remplacée par du métal, plus résistant aux chocs. Sa production s’arrêta en 1959. La rareté de ce modèle et le fait que le célèbre soda soit aussi apprécié partout dans le monde ont sans nul doute contribué à faire de celui-ci un des plus recherchés et des plus populaires qui soient parmi les aficionados. Sachez aussi qu’elle a un autre petit nom depuis 1994 : la “Pussy Galore”. En effet, elle était au poignet de la sublime Honor Blackman qui incarnait ce personnage dans Goldfinger, un des épisodes de James Bond.

Les acteurs 

La "Paul Newman " - La Cosmograph Daytona

Sortie en 1963, cette Daytona 6239 doit son nom au célèbre circuit de courses éponyme, et son sobriquet à celui qui la portait régulièrement, l’acteur et pilote Paul Newman. Pourtant, avec son cadran dit "exotique" de couleur noir, blanc et rouge ; sa lunette à échelle tachymétrique, son chronographe, ce garde-temps qui avait tout pour plaire et satisfaire les pilotes de courses automobiles dans les années ’60, n’eut pas directement le succès escompté. Il faudra attendre la rencontre de ces deux légendes pour que le modèle marque durablement les esprits. Au point tel que celle qui appartenait à l’acteur fut vendue pour la somme astronomique de 17 752 500 $ le 26 octobre 2017 à New York, au cours d’une vente aux enchères chez PHILLIPS. C’est donc désormais la montre de collection la plus chère qu’ait connue l’histoire de la marque !

La " Kermit " - La Submariner

L’utilisation de la couleur verte, présente dans les racines de l’horloger, se fait avec parcimonie chez Rolex, à savoir uniquement pour des éditions spéciales ou pour les montres anniversaires. C’est à cette occasion que la "Kermit", à savoir la Rolex Submariner 16610LV, vit le jour en 2003 pour le 50e anniversaire du modèle.

Pourquoi Kermit ? À cause de son cadran noir et de sa lunette verte qui rappelle les yeux globuleux de la grenouille. Depuis que sa production s’est arrêtée en 2010, sa valeur ne cesse d’augmenter, surtout si elle est toujours en bon état.