Sur le net
Alors que les communications se devaient d'être les plus fluides possible, l'accès à Internet a été coupé. Un nuage noir de plus pour des élections à la transparence déjà problématique.
Officiellement, c'est pour éviter « un soulèvement populaire » que les autorités semblent avoir pris la décision de suspendre Internet sur l'ensemble du territoire congolais. C'est un opérateur de téléphonie mobile et un fournisseur d'accès qui l'ont annoncé à l'AFP qui a constaté que même les envois de SMS n'étaient plus possibles.
Il s'agit là d'une initiative d'autant plus étonnante qu'elle intervient au moment crucial de la centralisation des résultats. De quoi présager d'une situation post-électorale explosive. Alors que les résultats provisoires devraient être rendus publics au plus tard dimanche 6 janvier, si l'on en croit la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), le décor semble posé pour que les esprits soient en surchauffe et que des débordements de toutes sortes aient lieu.
Du prétexte du « soulèvement populaire » pour couper la circulation de l'information
« Il y a des gens qui intoxiquaient la population avec de faux chiffres concernant les élections. Et cela préparait la population à un soulèvement populaire », a déclaré à l'AFP le conseiller diplomatique du président Kabila, Barnabe Kikaya Bin Karubi. « Le Conseil national de sécurité a décidé qu'il était impératif de couper Internet pour permettre à la Commission électorale nationale indépendante de terminer la compilation et l'encodage des résultats des élections », a-t-il ajouté, sans préciser la durée de la coupure.
Parallèlement, des internautes tentaient mardi leur chance dans quelques grands hôtels de Kinshasa où Internet était encore disponible. D'autres se rendaient au « beach » (port fluvial) où des petits commerçants revendent à la sauvette des recharges de crédit d'opérateurs du Congo-Brazzaville voisin. Un forfait internet qui se vend 1 000 francs CFA (1,5 euro) à Brazzaville se marchandait à 5 000 francs congolais (2,6 euros) de l'autre côté du fleuve, a constaté un journaliste.
Impossible également d'écouter Radio France internationale (RFI) mardi dans la capitale Kinshasa (huit à douze millions d'habitants). « Nous constatons des difficultés de réception de notre signal », a-t-on indiqué à RFI, précisant que la réception est normale ailleurs en RDC. RFI a fait plusieurs éditions spéciales sur les élections en RDC, le plus grand pays francophone au monde où la radio publique française réalise de très fortes audiences (40 % du grand public congolais).
La communauté internationale réagit
Ces coupures ont provoqué la première réaction diplomatique depuis les élections dimanche, pour lesquelles Kinshasa avait prié la communauté internationale de se tenir à l'écart. « Nous demandons au gouvernement de ne pas bloquer les moyens de communication et notamment l'accès à Internet ainsi que les médias », ont écrit dans un communiqué conjoint les représentants de plusieurs pays occidentaux à Kinshasa emmenés par l'Union européenne (UE) et les États-Unis. « Je souhaite une bonne année et meilleurs vœux à mes amis congolais ! Que 2019 vous apporte la paix, une transition démocratique et l'Internet débloqué ! » a ajouté le nouvel ambassadeur des États-Unis, Mike Hammer, dans un tweet en son nom propre.
La difficile surveillance de la compilation des résultats
Le communiqué conjoint soutient « l'appel au calme » lancé par les observateurs électoraux congolais de la Conférence des évêques (Cenco) et de l'ONG Symocel. Les Occidentaux soutiennent aussi « leur demande d'un accès des observateurs au centre de compilation des résultats ».
Cette « compilation » intervient dans des centres locaux après la fin du dépouillement des bulletins et l'affichage des résultats dans les dizaines de milliers de bureaux de vote à travers le pays. Lors des dernières élections en 2011, une ONG avait dénoncé des fraudes dans deux centres locaux de compilation des résultats (CLCR).
« Les opérations de ramassage, centralisation et compilation des résultats dans les 179 centres locaux de compilation se poursuivent normalement », a indiqué mardi la Commission électorale (Ceni) dans un communiqué.
Des observateurs auraient été acceptés dans les CLCR sauf dans deux provinces (Lomami, Sankuru), a déclaré à l'AFP un membre de la Conférence épiscopale (Cenco) qui affirme avoir déployé 40 000 observateurs sur le terrain le jour du vote. La Commission électorale a dénoncé des « actes de vandalisme » la nuit dernière en plusieurs endroits « pour lesquels les plaintes seront déposées dès demain [mercredi] », sans autre précision.
Dans le Nord-Kivu, l'opposition favorable au candidat Martin Fayulu a dénoncé des bourrages d'urnes par des groupes armés dans le territoire du Masisi lors du vote dimanche.
Trois candidats sur vingt et un se disputent les voix pour la succession du président Kabila : son « dauphin » l'ancien ministre de l'Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary, et les deux opposants Félix Tshisekedi et Martin Fayulu.
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