Monde
La Syrie compterait aujourd’hui près de 5 millions de réfugiés sans toit. À Ferouzé, près de Homs, 250 familles sont arrivées en 2015. Depuis trois ans elles vivotent en attendant le rêve d’un retour.
Les derniers combats ont cessé depuis mai 2017 à Homs. Images impressionnantes de cette ville de 13 millions d’habitants avant la guerre, détruite à près de 50 %. La « capitale de la révolution » qui s’était soulevée contre le régime de Bachard Al Assad a payé cher. Les quartiers épargnés par la guerre grouillent de vie et d’échoppes bien approvisionnées. Mais les quartiers rebelles comme Baba Amr et Karm El Zeytoun ne sont que plaies calcinées : des kilomètres de façades criblées de balles, de murs effondrés, de toitures pulvérisées.
Séquelles d’une guerre qui a tout ravagé. Coquilles de béton vides où poussent les mauvaises herbes et où l’on voit quelques rares silhouettes passer. Parfois un fil à linge avec quelques vêtements, signe qu’une famille est revenue là. Le bitume des rues est lacéré d’impacts d’obus. La nuit venue, la moitié de cette ville est plongée dans le noir, gardée par des soldats dans de petites guérites éclairées d’une loupiote.
Trois ans d’exil
Si les habitants, majoritairement sunnites, ont fui la ville pour rejoindre l’étranger (USA Brésil Canada, et la France) et des camps au Liban, d’autres réfugiés sont restés en Syrie. C’est dans les villages voisins de Homs, à Ferouzé et Zaydal, que 250 familles chrétiennes de Qaryatyn, fuyant Daech, sont ainsi arrivées un jour de 2015. Avec la fin des combats, les médias ont quitté la zone. Homs ne fait plus la une des journaux mais rien n’est résolu pour ces réfugiés chrétiens d’Orient. La lassitude et le sentiment d’oubli les tenaille malgré l’aide de la paroisse voisine. « On apporte surtout une première aide pour le lait des petits ou pour reconstruire une maison et acheter des médicaments » explique le père Georges prêtre syriaque de Ferouze.
Petits boulots
Akram, 60 ans, a perdu sa femme séquestrée par des combattants de Daech dans une grotte à Palmyre ; elle n’a pu recevoir son traitement médical contre le cancer qui l’a emporté. Ancien gardien du monastère de Mar Elian, à Qaryatyn, Akram vivote d’un petit commerce d’ustenciles de cuisine en plastique à bas prix. D’autres ont trouvé des petits boulots agricoles pour survivre. « Pour fuir Daech, nous sommes partis de nuit sans rien, raconte-t-il. Nous avons marché 10 jours dans le désert. Dans une ferme, nous avons trouvé des motos pour rejoindre Ferouzé » . Ici, à 5 km de Homs, ils ont trouvé un espace sans combats. La famille d’Akram y vit avec 150 € par mois dans un petit immeuble prêté par un proche. Une économie de survie : « une fois payé les médicaments et autres nécessités, il ne reste 30 € par mois pour se nourrir » explique Akram. Il reçoit le visiteur malgré tout avec le sourire et un plateau de sucreries qu’il vous tend généreusement.
L’archevêque maronite de Dama Mgr Samir Nassar fait les comptes : « Avant la guerre, les Chrétiens d’Orient représentaient 4,5 % de la population de la Syrie. Aujourd’hui ? Difficile à dire, peut-être La moitié de ce chiffre avec l’exode. Par exemple à Alep, avant-guerre, on comptait 160 000 Chrétiens. L’on n’en compte plus que 30 000 aujourd’hui. De 40 mariages célébrés en 2016, on est tombés à 10 mariages en 2017 ».
Fuir ou rester ?
« Les Chrétiens syriens quittent le pays parce que leur souffrance est grande là-bas. Ils ne veulent plus y revenir » déplore le religieux. Avant on leur disait : « restez, ne partez pas ». Maintenant on a cessé de dire aux gens : « ne partez plus de Syrie ! ». La communauté chrétienne d’Orient s’est réduit comme peau de chagrin. « Nous sommes surtout inquiets pour les jeunes qui s’en vont pour échapper au service militaire obligatoire de 18 mois ». C’est le cas de Maze et I’Hiard deux étudiants de Damas et Homs qui ne cachent pas leur intention de partir sans espoir de retour une fois la frontière passée.
‘» Des familles rêvent de revenir chez elles, explique l’évêque de Homs Mgr Philippe Barakat. Mais pas d’argent pas de reconstruction. Avant la guerre Chrétiens et Musulmans se parlaient. Il y avait un dialogue inter-religieux qui n’existe plus : il faudra des années pour se reparler. »
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La moitié de la ville de Homs n’est qu’un amas de débris et de carcasses de véhicules calcinés. | OUEST-FRANCE