Monde
Le rassemblement des chefs d'État commence ce vendredi et devrait être marqué par plusieurs tête-à-tête tendus entre Donald Trump et certains homologues.
Le président chinois Xi Jinping est arrivé jeudi à Osaka, à la veille d'un G20 de toutes les divisions, dont il partagera la vedette avec un Donald Trump décidé à en découdre sur tous les fronts. La rencontre des deux hommes, prévue samedi, s'annonce comme le grand moment d'un sommet tumultueux, entre différends commerciaux, accrochages autour de l'Iran et frictions sur le climat. Les chefs d'État et de gouvernement des vingt premières économies mondiales, comptant pour 85 % environ de la richesse annuelle globale, se retrouvent vendredi et samedi dans cette ville de près de trois millions d'habitants, deuxième poumon économique du Japon.
Le président américain Donald Trump est lui aussi arrivé jeudi à Osaka pour un sommet du G20 qui se dessine sur fond de vives tensions commerciales entre Washington et Pékin. L'avion présidentiel Air Force One s'est posé en début de soirée à l'aéroport international Itami, sous un ciel couvert. Donald Trump devait rencontrer dans la soirée le Premier ministre australien Scott Morrison avant une série de tête-à-tête vendredi et samedi avec nombre de dirigeants, dont le président russe Vladimir Poutine.
Au-delà du programme officiel et de la rédaction d'un communiqué commun, « particulièrement difficile cette année » à en croire une source allemande, ce sont les rencontres bilatérales, et en particulier celles prévues par le président américain, qui donneront le ton de ce G20. En jeu, dans celle de Xi Jinping et de Donald Trump, la guerre commerciale et technologique que se livrent les deux pays. Les États-Unis menacent d'imposer des droits de douane punitifs sur la totalité de leurs importations de Chine. Le locataire de la Maison-Blanche aborde la rencontre avec son habituel ton bravache : « L'économie de la Chine s'effondre, ils veulent un accord », a-t-il affirmé dans un entretien mercredi avec la chaîne Fox Business News. Rien n'est jamais sûr avec le milliardaire républicain, et encore moins depuis qu'il est parti, plus remonté que jamais, en campagne pour sa réélection. Cependant, la majorité des experts tablent sur une trêve sino-américaine.
Tous les pays du monde profitent énormément des États-Unis
David Dollar, du centre de réflexion Brookings Institution, croit possible un « mini-accord », les États-Unis temporisant sur les taxes et peut-être lâchant du lest à propos du géant technologique chinois Huawei, leur bête noire. Et Pékin reprenant ses achats auprès des agriculteurs américains en signe de bonne volonté. Soit un répit de quelques mois « qui pourrait finir en déception parce que les deux parties semblent bien éloignées l'une de l'autre », avertit-il néanmoins. Naoyuki Yoshino, patron de l'Asian Development Bank Institute (ADBI), espère, lui, que les deux présidents « apaiseront les peurs » de marchés financiers particulièrement fébriles, sur fond d'essoufflement de la croissance mondiale. Au-delà de la Chine, Donald Trump semble décidé à n'épargner aucun de ses interlocuteurs du G20 ou presque, à en juger par ses récentes et fracassantes déclarations.
Depuis son avion Air Force One, il s'en est par exemple pris jeudi aux taxes douanières « inacceptables » imposées selon lui par l'Inde. Voilà le Premier ministre indien Narendra Modi, avec qui il a prévu une rencontre bilatérale à Osaka, prévenu. Donald Trump a aussi qualifié mercredi l'Allemagne de « partenaire défaillant » qui profiterait de la protection militaire américaine à bon compte. La chancelière Angela Merkel, aussi au programme des tête-à-tête du président américain, appréciera. « Tous les pays du monde profitent énormément des États-Unis. C'est incroyable ! » a tempêté le président américain, qui s'est fait une spécialité de bousculer les grandes rencontres internationales.
Entretien entre Trump et Poutine
Mais pas de tweet ou de commentaire rageur en revanche jusqu'ici contre Vladimir Poutine, avec qui Donald Trump doit également s'entretenir à Osaka. Washington et Moscou sont des protagonistes de premier plan dans les tensions autour de l'Iran. Donald Trump multiplie les sanctions et les avertissements contre Téhéran, accusé de poursuivre sa course à l'arme atomique et d'envenimer tous les conflits au Moyen-Orient. Le président américain évoque désormais une guerre qui « ne durerait pas longtemps » contre l'Iran.
La Russie cherche jusqu'ici, comme la Chine et les Européens, à calmer le jeu. Dans un climat ainsi chauffé à blanc, le Japon, pays hôte du G20, s'efforcera malgré tout de rassembler toutes les signatures sous le communiqué final du sommet. Ce document négocié à la virgule près vaut surtout pour le signal diplomatique qu'il envoie, défendant traditionnellement le libre-échange et la réduction des gaz à effet de serre. Autant de lignes rouges pour un président américain protectionniste et grand pourfendeur de l'accord de Paris sur le climat. « Si, pour se mettre d'accord dans une salle à 20, on n'est pas capable de défendre l'ambition climatique, ce sera sans la France. C'est simple ! » a déjà averti le président français Emmanuel Macron, en visite officielle au Japon avant le G20.
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