Venezuela : le gouvernement accusé d'assassinat

L'opposant Juan Guaidó a affirmé samedi, en citant une avocate vénézuélienne en exil, qu'un militaire arrêté au Venezuela pour implication dans une tentative de « coup d'État » contre le président Nicolas Maduro était mort en détention.

M. Guaidó, qui s'est autoproclamé en janvier président par intérim du Venezuela et est reconnu comme tel par une cinquantaine de pays, a repris à son compte une annonce faite samedi par Tamara Suju, avocate et militante des droits de l'Homme vénézuélienne qui vit en exil en République tchèque.

Mme Suju a affirmé sur son compte Twitter que le capitaine de corvette Rafael Acosta Arevalo, arrêté pour implication dans le « coup d'État » contre Nicolas Maduro, était mort samedi matin après avoir été torturé.

« Il n'y a pas de mots pour décrire ce fait abominable », a déclaré sur Twitter M. Guaidó, qui est président du Parlement, la seule institution vénézuélienne contrôlée par l'opposition. « Nous continuons à recueillir des informations sur ce crime ».

Le ministre de la Communication, Jorge Rodriguez, avait annoncé jeudi que 13 personnes dont un général avaient été arrêtées pour leur implication dans un projet déjoué de « coup d'État » contre Nicolas Maduro, projet lié selon le gouvernement à Juan Guaidó.

« Ce ne sont pas des hypothèses, ce sont des preuves », avait déclaré le ministre dans une intervention à la télévision officielle VTV, diffusant des vidéos et des enregistrements de conversations téléphoniques sur la planification présumée du « plan putschiste », ainsi que des « confessions ».

Selon Tamara Suju, le capitaine Acosta, qui figurait sur la liste des personnes arrêtées, a été présenté vendredi devant un tribunal « en fauteuil roulant, présentant de graves signes de tortures ».

« Il ne parlait pas, il demandait seulement de l'aide à son avocat », a écrit Mme Suju, sans préciser la source de ses informations. Le militaire « n'entendait pas bien », « ne pouvait pas se déplacer » et « disait seulement : "Au secours, au secours" », a-t-elle ajouté.

L'avocate accuse des fonctionnaires de la Direction du contre-espionnage militaire d'être responsables de la mort du capitaine Acosta.

Le gouvernement n'a pas réagi aux déclarations de Juan Guaidó faisant état de la mort de ce militaire.

« Nous avons établi immédiatement le contact avec sa famille et avec la commission de l'ONU au Venezuela », a déclaré M. Guaidó sur son compte Twitter.

« J'ai donné des instructions pour qu'une plainte soit adressée aux gouvernements et particulièrement à la Haute-Commissaire » de l'ONU aux droits de l'Homme, Michelle Bachelet, a-t-il ajouté.

Mme Bachelet avait effectué la semaine dernière une visite de trois jours au Venezuela. Elle avait à cette occasion appelé à la libération des opposants vénézuéliens détenus, qui selon l'ONG Foro Penal seraient environ 800.

M. Guaidó, qui depuis son autoproclamation appelle régulièrement l'armée à cesser d'obéir au président Maduro, a exhorté les militaires à ne pas rester passifs devant les informations sur le sort du capitaine Acosta.

« Absolument personne ne peut rester indifférent devant cette horreur, et encore moins les hommes et les femmes de la Force armée », a écrit l'opposant. « Famille militaire : vous n'êtes pas seuls, justice sera faite ».

Malgré les fréquents appels de M. Guaidó aux militaires à le rejoindre, le commandement des forces armées a jusqu'à présent toujours affirmé sa « loyauté absolue » au président Maduro.