Monde
Un ancien président jugé pour corruption, une première sous la Ve République : Nicolas Sarkozy comparaît à partir de ce lundi 23 novembre 2020 à Paris dans l'affaire dite des «écoutes», avec son avocat Thierry Herzog et l'ex-haut magistrat Gilbert Azibert.
Dénonçant un «scandale qui restera dans les annales», l'ex-chef de l'Etat, 65 ans, promet de se rendre, «combatif», au tribunal pour un procès sans précédent. Avant lui, un autre ancien président, Jacques Chirac, a été jugé - et condamné en 2011 - pour les emplois fictifs de la Ville de Paris mais il n'a jamais comparu devant ses juges en raison de son état de santé.
La tenue du procès, prévu jusqu'au 10 décembre, est toutefois soumise aux aléas de l'épidémie de Covid-19 et à une demande de renvoi déposée par Gilbert Azibert, 73 ans, pour raisons médicales.
«Je ne suis pas un pourri»
L'affaire des «écoutes» trouve son origine dans un autre dossier judiciaire qui menace Nicolas Sarkozy : les soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Dans ce dossier, les juges avaient décidé en septembre 2013 de placer l'ancien président sur écoute et découvert, début 2014, qu'il utilisait une ligne secrète, sous l'alias «Paul Bismuth», pour communiquer avec son avocat Thierry Herzog.
Selon l'accusation, certaines de leurs conversations ont révélé l'existence d'un pacte de corruption : Nicolas Sarkozy a, par l'intermédiaire de son avocat, envisagé d'apporter un «coup de pouce» à Azibert pour l'aider à obtenir un poste à Monaco qu'il convoitait - et qu'il n'a jamais obtenu. En contrepartie, ce haut magistrat a fourni des informations couvertes par le secret sur une procédure engagée par l'ex-chef d'Etat devant la Cour de cassation en marge de l'affaire Bettencourt et a tenté d'influer sur ses collègues.
Retiré de la politique depuis sa défaite à la primaire de la droite fin 2016, Nicolas Sarkozy encourt dix ans de prison et un million d'euros d'amende pour corruption et trafic d'influence, comme ses co-prévenus - jugés en sus pour violation du secret professionnel.
Les trois prévenus, dont les avocats n'ont pas souhaité s'exprimer avant le procès, contestent tout «pacte de corruption». «M. Azibert n'a rien obtenu, je n'ai pas fait de démarche et j'ai été débouté par la Cour de cassation» concernant les agendas, appuyait l'ancien président dès 2014. «Je m'expliquerai devant le tribunal parce que moi j'ai toujours fait face à mes obligations», a-t-il affirmé vendredi, jurant : «Je ne suis pas un pourri». Nicolas Sarkozy n'a eu de cesse de dénoncer une instrumentalisation politique de la justice, multipliant les recours. Sans succès.
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