Afrique
La fin tragique du président Idriss Déby nous rappelle la mort de Laurent-Désiré Kabila à Kinshasa en 2001, abattu dans les circonstances non encore éclaircies, et remplacé aussitôt par son fils Joseph Kabila, le 17 janvier 2001, dont le règne prit fin le 25 janvier 2019. Dans la foulée, on peut se poser cette question : le pouvoir en Afrique se transmet ou s’arrache-t-il ?
L’armée tchadienne a annoncé, le 20 avril 2021, le décès du président Idriss Déby, au pouvoir depuis 1990. Selon l’annonce, il est mort des suites de ses blessures sur le champ de bataille. Le président Idriss Déby avait été blessé le week-end dernier lors de combats menés contre des rebelles au nord du pays, qui avaient lancé une offensive le 11 avril, jour de l’élection présidentielle qu’il a remportée avec 79,32 % des suffrages exprimés, selon les résultats provisoires de l’instance électorale nationale.
Le président Idriss Déby décédé, c’est désormais un régime d’exception qui s’installe avec l’instauration d’un Conseil militaire de transition dirigé par son fils Mahamat Idriss Déby, et la suspension immédiate des principales institutions républicaines. Certains disent que la prise du pouvoir par Mahamat Idriss Déby vise à garantir l’unité de leur système devenu de plus en plus fragile, car les Zaghawas perdraient le pouvoir au profit des Goranes qui dominent la rébellion. En effet, la résurgence de rébellions anciennes et l’apparition de nouveaux groupes menacent la stabilité du pays.
Nous savons que la patience du voleur ne s’expire qu’au coucher du soleil. Une question se pose alors, est- ce que les membres du conseil militaire de transition vont rendre le pouvoir à un gouvernement civil à l’issue des élections libres et démocratiques dans un délai de 18 mois, comme ils l’affirment ?
Il faut du moins souligner que si le pouvoir ne se demande pas, mais s’arrache, tout pouvoir qui s’arrache comme le disait un sage, se fait encore arracher par un autre et ainsi de suite. La prise inconstitutionnelle du pouvoir par le conseil militaire de transition est un procédé qui donne lieu souvent au grand règne d’instabilité ainsi qu’au repoussement continu des échéances électorales. En Afrique, elle annonce le retour de la dévolution monarchique et l’instauration d’un ordre militaire au pouvoir.
La « monarchisation » du pouvoir présidentiel conduit à la captation, la privatisation et patrimonialisation du pouvoir par un clan politique, une coterie ou un groupe tandis que le retour au pouvoir d’un ordre militaire favorise l’installation d’un régime dictatorial. Le désordre structurel et politique qui s’installe dès l’exercice d’un tel pouvoir de transition nous conduit à invalider ce procédé comme moyen permettant de garantir une alternance démocratique du pouvoir car la concrétisation de la démocratie requière l’exercice autonome et démocratique du pouvoir. (1).
Il est donc important que la Constitution tchadienne soit respectée, et que la vacance de la Présidence de la République soit exercée par le Président de l’Assemblée Nationale et, en cas d’empêchement de ce dernier, par le 1er Vice-Président. Et que conformément à l’article 81 de ladite constitution, il soit procédé à de nouvelles élections présidentielles quarante-cinq (45) jours au moins et quatre-vingt-dix (90) jours au plus, après l’ouverture de la vacance.
(1) Parfaite Gansa Nlandu, autrice de « Les démocratures en Afrique noire : Une étude des pathologies de la démocratie
en Afrique centrale. Les cas du Gabon, du Congo et de la R.D.C », Ed. Harmattan, Paris 2019, p 120.
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