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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 05 mars 2024
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Kasaï: Les violences sexuelles sont en recrudescence, selon MSF

2021-05-21
21.05.2021
2021-05-21
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Célibataires ou mariées, parfois enceintes: les témoignages de femmes victimes de violences sexuelles se multiplient depuis le début de l'année au Kasaï, dans le centre de la République démocratique du Congo. Des victimes qui redoutent la double-peine, car si elles osent en parler, elles risquent aussi d'être rejetées par leur entourage.

"Nous recevons des patient-e-s ayant subi des violences avec pénétration ou non. Les victimes sont traumatisées dans tous les cas", rapporte le Dr Kourouma Facely, responsable MSF de la prise en charge médicale et santé mentale des victimes à Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï central.

"Ils sont sortis de la brousse, armés de machettes. Ils m'ont demandé de l'argent. Comme je n'en avais pas, ils m'ont tabassée puis violée à tour de rôle".
Marissam*

Dans cette région diamantifère théoriquement en paix depuis mi-2017, Médecins sans frontières affirme avoir soigné "1.373" victimes entre janvier et mars, une "situation très inquiétante".

"Ils sont sortis de la brousse, armés de machettes. Ils m'ont demandé de l'argent. Comme je n'en avais pas, ils m'ont tabassée puis violée à tour de rôle", raconte Marissa (nom changé). Cette jeune femme de 31 ans, affirme avoir été violée fin avril par trois hommes, alors qu'elle venait d'acheter des tomates et piments, dans un village situé à 50 km de Kananga.

"J'ai des douleurs au bas ventre, au dos, des douleurs vaginales, je ne parviens pas à faire mon bain intime", confie cette mère de cinq enfants, venue à l'hôpital de Kananga. "Je crains que ces hommes m'aient transmis le sida", poursuit cette veuve dont le mari a été tué pendant le conflit entre les forces de sécurité et les milices Kamuina Nsapu.

Des violences sexuelles qui perdurent malgré la paix 

Entre septembre 2016 et mars 2017, la région a été profondément bouleversée par cette explosion de violences entre forces de sécurité et une milice communautaire après la mort d'un chef traditionnel, Kamuina Nsapu, tué dans une opération militaire. Plus de 3.000 personnes ont alors été tuées, 1,5 million de personnes déplacées - et de très nombreuses femmes violées.

Près de quatre ans après la fin du conflit, les violences sexuelles perdurent dans la région, dissipant l'idée que les viols ne sont pas que la seule conséquence des conflits et des groupes armés, comme dans l'Est de la RDC. Les Kivus y restent l'épicentre des violences sexuelles dans l'ex-Zaïre, violences contre lesquelles le docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, tente inlassablement de mobiliser.

Au Kasaï, miliciens et groupes armés ne sont plus là, mais les viols continuent à un niveau alarmant. Le conflit a semble-t-il agi comme un catalyseur, et a attiré en tout cas l'attention internationale sur le sujet.

"Environ 60% de femmes victimes de viol sont rejetées par leur maris, avec les enfants à leurs charge".

Marthe Tshiela, infirmière

"Les violences sexuelles existaient même avant le conflit", relève une infirmière de Kananga, Marthe Tshiela. Selon MSF, la tranche d'âge la plus touchée concerne les 18-45 ans. 

Et il y a 3% d'hommes parmi les victimes. Et aussi des femmes enceintes, comme Marinette, 39 ans, mère de huit enfants, enceinte de huit mois, en soins ambulatoires après un récent viol chez elle, par des cambrioleurs. Parmi les personnes prises en charge, seules 40% arrivent 72 heures après l'agression, délai pour prendre des traitements préventifs anti-MST.

Profondément traumatisées, les victimes redoutent la double peine du rejet social au sein de leur communauté, de leur famille ou de leur couple. En sanglots, Catherine 35 ans, affirme redouter la réaction de son mari après avoir été violée, en son absence, une nuit de janvier chez elle par deux hommes armés : "J'implore qu'il me pardonne".

"Environ 60% de femmes victimes de viol sont rejetées par leur maris, avec les enfants à leurs charge", ajoute la soignante. Il lui arrive de recevoir "des couples, avec des hommes qui accompagnent leurs épouses lors du suivi psychologique" post-viol mais c'est encore rare.

"Petits arrangements" à l'amiable

Comme ailleurs en RDC, le fléau de l’impunité pèse aussi sur les victimes, dont seules 40% saisissent la justice. Mais une fois devant les tribunaux, la majorité "ne sont pas indemnisées", estime Nathalie Kambala, présidente de l'ONG congolaise Femmes main dans la main pour le développement du Kasaï (FMMDK). Les parents des victimes "préfèrent arranger l'affaire à l'amiable pour se procurer les vestes, les chèvres au détriment des enfants, parce que la justice ne fait pas son travail", ajoute-t-elle.

Pour le maire de la ville de Kananga, Mamie Kakubi Tshikele, les statistiques des cas des violences sexuelles présentées par les ONG seraient "un peu exagérées". Elles "ont leurs données et nous aussi avons les nôtres qui ne correspondent pas", ajoute cette avocate sans plus de détails. "Par ruse, certaines filles ou femmes accusent des hommes (de viols) pour obtenir des gains matériels", relève par ailleurs un travailleur humanitaire. Le Kasaï est une des régions les plus pauvres de la RDC, où 46% des filles sont mariées avant l'âge de 18 ans.

 

Sur twitter, la première dame de la RDC, Denise Nyakeru Tshisekedi, a promis de son côté "un plaidoyer" pour endiguer la flambée des violences sexuelles au Kasaï, région d'origine et fief électoral de son mari, le chef de l’État Félix Tshisekedi.


TV5 / MCP, via mediacongo.net
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Mokolo Bilanga @1I3SSVV   Message  - Publié le 21.05.2021 à 13:08
Le phénomène Kamwina Sapu n'a rien à faire là-dessous. Le problème est endémique dans ces provinces de l'ex Kassaï, les rites d'initiation sexuelle faites aux enfants les entrainent à devenir des experts sexuels. Et aussi la pauvreté liée à un déficit alimentaire très prononcé expose graduellement. A cela, il faut ajouter l'orgueil de nos frères kasaïens qui ne peuvent accepter qu'ils sont en difficulté afin qu'on puisse leur venir en aide ; Nous étions repoussé avec un projet près à être financé parce qu'ils voulaient qu'on engage tout le monde localement, sans même tenir compte de compétences

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KALUMBA @TR57OBY   Message  - Publié le 21.05.2021 à 10:58
Toujoyrs au Kasai, quand on dit aux Kasaiens des consulter les psychiatres ils ne veulent pas ecouter.

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Antoine @GNF1HEC   Message  - Publié le 21.05.2021 à 10:49
Une nouvelle source de mobilisation des fonds, apparemment ! Sans exclure le fait qu'il existe des vrais cas, il est clair que le sujet est depuis un moment une source de financement pour des ONGs, des magistrats et avocats, des femmes et filles ainsi que certaines familles, allant jusqu'à piéger tout candidat présentant des signes de situation financière stable. Plusieurs agents humanitaires en paient les frais dans diverses régions du pays, dont kananga. En justice, les magistrats empochent des sommes d'argent au détriment des victimes; voilà pourquoi certaines familles préfèrent des arrangements à l'amiable pour bénéficier des réparations, bien qu'insignifiantes(mieux vaut un mauvais arrangement qu'un bon procès, dit-on)! Les ONGs aussi ne se contentent que de brandir des cas pour s'aménager des financements qui ne servent jamais à reconstruire la vie des victimes !

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