Monde
Les présidents chinois Xi Jinping et russe Vladimir Poutine se sont posés vendredi en contrepoids à l’influence occidentale, lors d’un sommet régional réunissant plusieurs pays aux relations tendues avec les Etats-Unis.
Les deux dirigeants sont en tête d’affiche d’un sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) - un groupe qui entend concurrencer les institutions occidentales dont les membres sont la Chine, la Russie, l’Inde, le Pakistan et quatre ex-républiques soviétiques d’Asie centrale -, à Samarcande (Ouzbékistan).
Ce sommet intervient au moment où Moscou et Pékin ont des relations extrêmement tendues avec les Etats-Unis, à cause de l’invasion russe de l’Ukraine et du soutien américain à Taïwan. Lors de la session principale du sommet de l’OCS, Xi a appelé les dirigeants réunis à "travailler ensemble à la promotion d’un ordre international qui aille dans une direction plus juste et rationnelle".
"Il convient de promouvoir les valeurs communes de l’humanité, d’abandonner les jeux à somme nulle et la politique consistant à créer des blocs", a-t-il poursuivi. Il n’a cité aucun pays, mais Pékin utilise généralement ce vocabulaire pour dénoncer les Etats-Unis et leurs proches alliés.
Le président russe, de son côté, s’est félicité du "rôle croissant des nouveaux centres de pouvoir" qui, selon lui, "devient de plus en plus évident". Poutine a affirmé que la coopération entre les pays membres de l’OCS, à la différence des Occidentaux, se basait sur des principes "dénués d’égoïsme".
Poutine en quête d’alliés
La Russie est visée depuis par de lourdes sanctions économiques occidentales et se tourne de plus en plus vers l’Asie pour chercher des soutiens économiques et diplomatiques. Poutine a ainsi multiplié depuis jeudi les rencontres bilatérales en marge du sommet.
Lors d’un entretien jeudi avec Xi, Poutine a remercié son homologue chinois pour sa "position équilibrée" sur l’invasion de l’Ukraine par Moscou, tout en lui promettant des "explications" face à ses "inquiétudes". Vendredi, le président russe doit s’entretenir avec le Premier ministre indien Narendra Modi, dont le pays achète de plus en plus d’hydrocarbures à Moscou malgré les sanctions occidentales.
Il verra ensuite le président turc Recep Tayyip Erdogan, avec qui il veut rediscuter d’un accord ayant permis de débloquer les exportations de céréales ukrainiennes affectées par la guerre.
Puis viendra un entretien avec le président azerbaïdjanais Ilham Aliev, après des affrontements entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie qui ont fait plus de 200 morts et suscité la crainte d’une nouvelle guerre dans le Caucase, zone d’influence traditionnelle de Moscou.
Routes de la soie
Xi, qui effectue en Asie centrale son premier déplacement à l’étranger depuis le début de la pandémie de coronavirus, espère encore renforcer sa stature de dirigeant de premier plan avant un congrès du Parti communiste chinois en octobre au cours duquel il brigue un nouveau mandat.
Le choix de l’Asie centrale comme première destination étrangère en plus de deux ans illustre surtout l’importance que Pékin accorde à cette région, qui est traversée par les "nouvelles routes de la soie", un projet titanesque porté par Xi pour renforcer les liaisons commerciales avec le monde.
Or, plusieurs pays d’Asie centrale ont connu cette année des troubles, comme des émeutes meurtrières au Kazakhstan ou encore des affrontements vendredi entre le Kirghizstan et le Tadjikistan, dont les dirigeants sont présents à Samarcande.
Avant le sommet, Xi s’était rendu mercredi au Kazakhstan, promettant de l’aider à "sauvegarder sa souveraineté" alors que ce pays traditionnellement allié de Moscou s’inquiète des ambitions russes après l’invasion de l’Ukraine.
Xi s’est en outre entretenu vendredi avec Erdogan et le dirigeant iranien Ebrahim Raïssi, au moment où les négociations sur le nucléaire iranien patinent. Aucune rencontre n’a été annoncée en revanche entre Xi et Modi, dont les deux pays, des puissances nucléaires, traversent une période de tensions depuis des affrontements frontaliers meurtriers en 2020.
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