Monde
Un attentat suicide revendiqué par l'organisation État islamique s'est produit dans une mosquée chiite de Peshawar, dans le nord-ouest du Pakistan, lors de la prière du vendredi et a fait au moins 56 morts et près de 200 blessés.
L'explosion est survenue quelques minutes avant le début de la prière ce vendredi 4 mars. La mosquée, fréquentée par des chiites, est située dans une rue étroite dans le quartier de Kocha Risaldar, près de l'historique bazar Qissa Khwani.
« J'étais juste en dehors de la mosquée, quand j'ai vu un homme tirer sur deux policiers avant d'entrer dans la mosquée. Quelques secondes plus tard, j'ai entendu un grand bang », a raconté à l'AFP un témoin, Zahid Khan. D'autres témoignages vont dans le même sens.
Muhammad Ali Saif, porte-parole du gouvernement de la province du Khyber Pakhtunkhwa, dont Peshawar est la capitale, a confirmé la mort de nombreux morts et blessés. « Il s'agissait d'une attaque suicide », a-t-il également indiqué. Le bilan pourrait encore grimper.
Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière commise au Pakistan depuis l'attentat ayant visé en juillet 2018 un meeting électoral à Mastung, dans la province du Baloutchistan (sud-ouest), qui avait fait 149 morts et avait été revendiqué par le groupe État islamique (EI).
L'utilisation de TNT hautement explosif
« Deux assaillants ont tiré sur les policiers à l'entrée principale de la mosquée. Un policier est mort sur le coup et l'autre a été grièvement blessé », a expliqué à l'AFP le chef de la police de Peshawar, Muhammad Ijaz Khan.
Le chef de l'unité de déminage de Peshawar, Rab Nawaz Khan, a indiqué à l'AFP que cinq à huit kilos de « TNT hautement explosif », emballé avec des roulements à billes pour amplifier les dégâts, avaient été utilisés.
Dans la soirée, EI a revendiqué cet attentat, a indiqué l'agence de propagande Amaq de l'organisation jihadiste. « Un combattant kamikaze de l'État islamique a réussi aujourd'hui à pénétrer dans une mosquée chiite à Peshawar, après avoir tiré sur deux membres de la police pakistanaise qui la gardaient, tuant l'un et blessant le second », selon un communiqué de l'agence diffusé sur les réseaux sociaux. Il a ensuite « fait détoner une ceinture explosive au milieu des chiites ».
Le Premier ministre Imran Khan avait auparavant « fermement condamné » l'attentat. Sur Twitter vendredi, il a dit suivre « personnellement les opérations », ajoutant que le gouvernement disposait de « toutes les informations concernant l'origine des terroristes » et « concentrerait toutes ses forces à les poursuivre ». Dénonçant « un crime haineux » contre « des civils pratiquant leur foi », l'UE a appelé le Pakistan à traduire en justice les auteurs de l'attentat.
Les talibans pakistanais revigorés
Située à une cinquantaine de kilomètres de la frontière avec l'Afghanistan, la ville avait été ravagée par des attentats quasi quotidiens pendant la première moitié des années 2010, mais la sécurité s'y était grandement améliorée ces dernières années. La dernière attaque d'une telle ampleur y avait eu lieu en novembre 2018, quand au moins 31 personnes avaient été tuées dans une attaque suicide sur un marché de la ville.
Mais depuis quelques semaines, le pays est confronté au retour en force du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), les talibans pakistanais, galvanisés par l'arrivée au pouvoir des talibans en août en Afghanistan. Ce mouvement distinct de celui des nouveaux dirigeants afghans mais qui partage avec lui des racines communes, a revendiqué plusieurs attaques depuis le début de l'année, dont une contre un poste de contrôle de la police à Islamabad, au cours de laquelle un policier a été tué et deux blessés.
Les chiites au Pakistan ont aussi par le passé été visés par le groupe État islamique. Sa branche régionale, l'État islamique-Khorasan (EI-K), a revendiqué de nombreuses attaques dans le pays ces dernières années, comme l'assassinat au début 2021 de dix mineurs hazaras, ethnie de confession chiite, dans la province du Baloutchistan.
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