Monde
Officiellement investi président du Brésil, dimanche, Luiz Inacio Lula da Silva Lula s'est engagé "à reconstruire le pays, avec le peuple brésilien". Environ 10 000 policiers étaient mobilisés pour assurer la sécurité des festivités à Brasilia. Des festivités auxquelles n'a pas assisté pas le désormais ex-président Jair Bolsonaro, qui a quitté le pays.
Le nouveau président du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva s'est engagé dimanche 1er janvier après son intronisation au Congrès "à reconstruire le pays" et à réconcilier des Brésiliens très divisés, en évoquant le bilan "désastreux" de son prédécesseur Jair Bolsonaro.
"Je vais gouverner pour 215 millions de Brésiliens, et pas seulement ceux qui ont voté pour moi", a lancé devant une marée humaine un Lula visiblement éprouvé, à 77 ans, par une longue journée de cérémonies et la chaleur estivale de Brasilia.
Submergé par l'émotion et s'interrompant à cause de sanglots, le chef historique de la gauche s'est engagé à lutter contre la faim, "le plus grave des crimes" et à "combattre toutes les formes d'inégalités". "Plus personne ne sera un citoyen de seconde classe", a-t-il promis.
"C'est comme une renaissance", a dit à l'AFP Lurdiana Araújo, coiffée d'une casquette rouge. "Nous avons passé quatre ans à souffrir. Aujourd'hui nous assistons à une renaissance de la démocratie", insiste cette Brésilienne, qui attendu des heures pour assister au discours de Lula devant le palais présidentiel de Planalto.
"Pas besoin de déboiser"
Peu avant, Lula avait accusé Jair Bolsonaro, son prédécesseur d'extrême droite, qui a snobé les cérémonies, d'avoir "épuisé les ressources de la santé, démantelé l'éducation, la culture, la science et la technologie et détruit la protection de l'environnement".
Le nouveau président a assuré en outre que le Brésil, grande puissance agricole, n'avait "pas besoin de déboiser" pour soutenir son agriculture. La communauté internationale attend de lui des gestes forts sur l'environnement.
Une minute de silence a été observée au Congrès en hommage à la légende brésilienne du football, Pelé, décédé jeudi, et au pape émérite Benoît XVI, mort samedi.
À la fin de son discours, une partie du Congrès a ovationné le président, vêtu d'un costume et d'une cravate bleus, aux cris de "Lula guerrier du peuple brésilien !".
Come-back remarquable
Élu de justesse le 30 octobre contre Bolsonaro, le vieux lion de la politique brésilienne a été investi pour un troisième mandat à la tête du grand pays émergent, 12 ans après avoir quitté le pouvoir à l'issue de deux mandats (2003-2010). Le retour de Lula au Palais du Planalto signe un come-back remarquable pour celui qui a connu la prison il y a seulement quatre ans après avoir été accusé de corruption.
Des dizaines de milliers de Brésiliens, vêtus de rouge, la couleur de son Parti des Travailleurs (PT), ont salué dans la liesse Lula le long de son parcours dans la traditionnelle Rolls Royce décapotable, dans laquelle il avait pris place en dépit des craintes liées à la sécurité, avec son vice-président de centre droit Geraldo Alckmin et leurs épouses.
Aucun trouble n'avait été rapporté en fin de journée alors que les cérémonies d'investiture avaient été placées sous haute sécurité, par crainte d'actions de protestation des militants d'extrême droite qui ne reconnaissent toujours pas la victoire de Lula.
Jair Bolsonaro, qui a quitté le Brésil deux jours avant la fin de son mandat pour la Floride, aux États-Unis, n'a donc pas remis l'écharpe présidentielle à son successeur comme le veut la tradition démocratique, ce qui ne s'est pas produit depuis 1985 et la fin du régime militaire.
C'est un groupe de citoyens, parmi lesquels le cacique et défenseur emblématique de la forêt amazonienne Raoni Metuktire, qui lui a remis la fameuse écharpe sertie d'or et de diamants au Palais présidentiel du Planalto, joyau architectural d'Oscar Niemeyer.
La journée a allié la pompe, avec des cérémonies officielles auxquelles a assisté une vingtaine de chefs d'État - un record - à une fête populaire avec des concerts organisés par Rosangela da Silva, "Janja", l'épouse de Lula.
Le président français Emmanuel Macron a félicité son nouvel homologue brésilien avec deux tweets, en français et en portugais. "Ordre et Progrès : le Brésil fait honneur à sa devise. Bravo cher Président, cher ami @LulaOficial, pour ton investiture. Nous sommes ensemble !"
Ordem e Progresso: o Brasil honra seu lema. Parabéns caro Presidente, caro amigo @LulaOficial, por sua posse. Estamos juntos! pic.twitter.com/TdBnam6e6S
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) January 1, 2023
Parmi ses premières mesures en tant que président, Lula a investi 37 ministres, soit 14 de plus que sous le gouvernement de Jair Bolsonaro, et avec un record de 11 femmes. Et, comme il l'avait promis, Lula a signé plusieurs décrets pour revenir sur les mesures de droite de son prédécesseur qui facilitaient l'accès aux armes, et renforcer les institutions environnementales en Amazonie.
"Créer le chaos"
Reclus et quasi muet depuis sa défaite d'octobre, Bolsonaro, qui perd son immunité présidentielle, a quitté le Brésil vendredi.
Alors que ses fidèles les plus radicaux voulaient empêcher l'accession de Lula au pouvoir et campent toujours devant des casernes du pays, réclamant une intervention militaire, la sécurité avait été largement renforcée à Brasilia. Des patrouilles ont eu lieu à l'aéroport de la capitale près duquel un engin explosif a été découvert il y a une semaine dans un camion-citerne, posé par un bolsonariste qui voulait "créer le chaos".
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