Politique
Sa détermination à dénoncer l’axe du mal incarné par le président Paul Kagame du Rwanda est le principal atout du ralentissement du projet millénaire de balkanisation du Congo-Zaïre. L’ancien opposant congolais qui a accédé au pouvoir à l’issue des élections de décembre 2018 a pris son temps pour côtoyer le Rwanda, comprendre les enjeux économiques derrière la succession des guerres contre son pays et mesurer la portée internationale de la crise. Depuis quelques mois, les fronts militaires ne bouillonnent plus comme il y a une année.
Certes, la guerre n’est pas terminée, mais il y a lieu d’évaluer les faibles marges de son retentissement international. Le Rwanda, l’Ouganda, le Burundi et le Kenya notamment ont presque baissé d’ardeurs. Désormais, les réunions formelles des ensembles régionaux sont de moins en moins audibles et la machine de guerre prend sérieusement de la rouille. Que s’est-il réellement passé pour que ce qui a été conçu comme une véritable campagne guerrière de mise à genoux du géant Congo en moins d’un mois connaisse une si criante asthénie ?
Tshisekedi dans la peau de martyre de l’est
Le président Félix Tshisekedi a fini par cerner les tenants et les aboutissants de la guerre. Il a compris qu’en réalité son pays ne se battait pas contre le petit État rwandais, mais contre toutes les grandes puissances économiques du monde, toujours déterminées à imposer à cette région du globe, une gouvernance favorable à leur prédation économique.
Face à l’ampleur du complot, le président congolais a choisi d’appliquer la force de la parole : “Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu” (Jean 1 : 1). Tshisekedi était donc face à une coalition multinationale extrêmement dangereuse et cruelle. Il savait (il le sait toujours) que dans cette bataille, sa vie était très exposée, un peu comme Laurent-Désiré Kabila, assassiné pour la même cause en janvier 2001 après avoir passé 3 ans, 7 mois et 30 jours au pouvoir (17 mai 1997 – 16 janvier 2001). Félix Tshisekedi a d’abord décidé de rompre avec Kigali sur certains accords de partenariat. Ensuite, il a entrepris une tournée internationale ininterrompue pour faire entendre la voix du Congo à tous les foras internationaux. La voix de Tshisekedi a été entendue. Même si ses détracteurs n’ont pas lâché du lest.
L’EAC s’atrophie
L’engouement de son déploiement avec tambour connaît considérablement une décrue. L’ancien commandant de la force s’est désengagé, le Rwanda a choisi de former une armée propre au M23, tellement Félix Tshisekedi avait déployé une campagne internationale contre la présence de l’armée rwandaise en République démocratique du Congo ; les différents sommets concoctés s’éteignent progressivement. Même Emmanuel Macron qui semblait prendre une diplomatie internationale de relève s’est auto-disqualifié. Certes, les paroles du pape François retentissent encore dans les oreilles des multinationales. « Retirez vos mains de la RDC, retirez vos mains de l’Afrique ! Cessez d’étouffer l’Afrique. Elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser », avait-il déclaré le mardi 31 janvier 2023 à Kinshasa. Ainsi, la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC) perd de plus en plus de son influence dans la région. “Elle a été incapable de faire fléchir Tshisekedi. Incapable d’apporter la solution à la crise, surtout que le peuple congolais la juge “complice des pays agresseurs”.
Depuis, Tshisekedi et Kagame jouent au chien et chat, sans entrevoir aucune rencontre en tête-à-tête dans l’horizon de l’année 2023. Sur le terrain, le M23 bûche et trime dans les territoires conquis sans savoir ce qu’il adviendra de leur aventure. Une fois encore, Félix Tshisekedi a démontré que c’est bien lui le patron, le meneur de jeu, sans lequel aucune solution ne saurait être envisagée. Il a d’abord bloqué tout financement de la force par la RDC en raison des multiples soupçons de sa complaisance sur le terrain avec les ennemis rwandais et ougandais. Félix Tshisekedi et Kagame ont brillé par leur absence au 21e sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de l’EAC tenu mardi à Bujumbura (Burundi). Le communiqué final sorti des travaux à huis clos a décidé de la fin du mandat de la force régionale au 8 septembre 2023. Toutefois, la RDC a exigé que le 15 juin prochain, une évaluation de la présence du contingent EAC soit déjà réalisée pour juger de son opportunité. Seuls les facilitateurs, la MONUSCO et les FARDC sont habilités à inspecter le site de cantonnement des éléments du M23. L’EAC a vivement remercié Félix Tshisekedi non seulement pour la facilitation du déploiement de la force régionale, mais surtout pour l’observation du cessez-le-feu par les troupes régulières de la RDC.
“Combinons nos efforts pour le rétablissement de la paix durable en RDC”, déclarera, au terme de la lecture du communiqué final, le président burundais Évariste Ndayishimiye. Son homologue kényan, William Rutho a estimé que le site initial du pré-cantonnement des éléments M23 n’a pas d’équipements requis pour recevoir momentanément les éléments rebelles. Quant au Sud-Soudan, seul soutien du Rwanda dans ses prises de position pour le M23, sa requête d’opérer une incursion en RDC pour traquer ses rebelles s’est heurtée au refus du sommet qui a plutôt recommandé une évaluation bilatérale entre les deux pays sur la problématique des présumés rebelles sud-soudanais.
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