Société
Un premier témoin a été appelé à la barre vendredi, au 4ᵉ jour du procès de six militaires congolais arrêtés après la répression d'une manifestation ayant fait une cinquantaine de morts le 30 août à Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo.
C'est à visage découvert et portant l'uniforme, mais sans déclarer son identité, qu'un colonel de l'armée congolaise s'est présenté devant la cour militaire du Nord-Kivu. Il est le chef du renseignement militaire de la province et affirme être témoin direct de la tuerie dont sont accusés deux officiers supérieurs et quatre soldats du rang de la garde républicaine.
Interrogé par les magistrats militaires devant une salle d'audience comble, il a battu en brèche les déclarations de plusieurs ministres selon lesquelles les "bavures" et "dérapages" des militaires avaient débuté à la suite du lynchage à mort d'un policier par les adeptes de la secte qui avait appelé à manifester contre la présence de l'ONU en RDC.
Cet officier du renseignement déclare s'être rendu en personne à la radio de la secte "après 03 H du matin" et que des militaires "cagoulés", qui avaient "des véhicules avec des armes montées", avaient déjà tué par balles cinq civils et en avaient blessé quinze autres, selon des informations qu'il dit avoir immédiatement rapportées à sa hiérarchie.
Il ajoute qu'au moment où les troupes de l'armée se dirigeaient vers l'"église" de la secte, "le policier n'était pas encore mort". Et de préciser que le lynchage à mort du policier par des adeptes, "au petit matin", était "un acte de représailles" pour venger la mort des personnes abattues dans la nuit dans le studio de radio.
Le principal prévenu est le colonel Mike Mikombe, commandant de la garde républicaine à Goma, jugé depuis mardi au côté de cinq autres militaires pour crimes contre l'humanité et violation de consignes. Le témoin l'a accusé de l'avoir empêché de poursuivre des pourparlers avec les manifestants, de l'avoir fait "brutaliser" et "désarmer" par les soldats de la garde républicaine, quelques instants avant que la fusillade commence.
Le colonel Mikombe, qui a également pris la parole vendredi, dit avoir tenté de protéger l'officier de renseignement en lui demandant d'arrêter les négociations, mais ne pas être au courant de son désarmement par ses propres éléments.
Le procès devrait se poursuivre samedi avec de nouveaux témoignages dans cette affaire qui soulève de nombreuses critiques à l'encontre des Forces armées congolaises.
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