Politique
Mardi matin, 29 septembre, le box des accusés de la Cour pénale internationale (CPI) présentera une image pour le moins insolite. Jean-Pierre Bemba y sera aux côtés de son ancien avocat, d’un associé de la défense, d’un témoin expert et du secrétaire général adjoint de son parti, le Mouvement pour la libération du Congo (MLC), tous accusés de subornation de témoins. C’est le procès bis, de l’ancien vice-président de la République démocratique du Congo (RDC), déjà accusé de crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis en Centrafrique en 2002 et 2003.
Coup de théâtre
La fin du précédent procès, pour crimes de guerre, avait été couronnée d’un incroyable coup de théâtre. Quelques heures après l’audition du dernier témoin, les quatre hommes étaient arrêtés dans la nuit du 23 au 24 novembre 2013, à Bruxelles, La Haye, Paris et Kinshasa, pendant qu’à la prison de Scheveningen, Bemba était informé de nouvelles charges portées contre lui. A l’époque, leurs avocats s’en étaient alertés, car c’est le congolais Jean-Jacques Badibanga, substitut du procureur déjà en charge du dossier des crimes de guerre de Bemba, qui avait lancé l’affaire. Avocats sans frontières (ASF) avait même suspecté l’accusation d’éliminer ainsi « ses adversaires ». Deux ans après l’audition du dernier témoin, les juges n’ont toujours pas rendu leur verdict dans la première affaire, dans laquelle la thèse de l’accusation fut, selon plusieurs sources, très fragile.
A l’approche de la présidentielle en RDC, prévue à l’automne 2016, les mésaventures judiciaires de Bemba nourrissent donc les suspicions de ses partisans, y voyant une manœuvre destinée à garder à l’ombre un opposant de taille.
Bemba coordonnait depuis sa cellule
C’est un courriel anonyme qui aurait alerté le bureau du procureur, en juin 2012. Après trois ans d’enquête, l’accusation assure que depuis sa cellule, Jean-Pierre Bemba aurait coordonné l’opération de corruption de témoins, tandis que son avocat d’alors, Maître Aimé Kilolo, aurait veillé « à la mise en œuvre de la stratégie globale ».
Entre fin 2011 et novembre 2013, Maître Kilolo aurait contacté les témoins de la défense avant ou au cours de leurs dépositions devant la Cour, une période pendant laquelle ils sont censés être isolés. Il les aurait alors incités à mentir, ou omettre certains faits. Membre aussi de l’équipe de défense, Jean-Jacques Mangenda, aurait assuré la liaison entre Bemba et Kilolo tandis que le député et Secrétaire général adjoint du Mouvement pour la libération du Congo, Fidèle Babala, devait « gérer les aspects financiers de la corruption » sur instruction de M. Bemba.
Jusqu’à 5 ans de prison
Lors de conversations téléphoniques, versées au dossier, le député et l’ex. vice-président, évoquent les transactions en langage codé. « Je demande la confirmation de 1,5 kg et 400 dollars pour le collègue d’en haut qui a dit c’est pour l’enfant qui se trouve à ses côtés », aurait dit Fidèle Babala, auquel Jean-Pierre Bemba aurait répondu : « Elle donnera 2 kg, 1 kg ira chez quelqu’un que le collègue d’en haut te dira et l’autre kilo chez le collègue d’en haut. »
Le dernier accusé, Narcisse Arrido, aurait sollicité de faux témoignages, en échange de récompenses de 400 à 700 euros. Soucieux de « contenter » Bemba, selon l’accusation, pour « veiller à ce qu’il soit et reste satisfait de leur travail », Maîtres Kilolo et Mangenda auraient aussi grappillé au passage quelques euros, « à des fins d’enrichissement personnel ». Les accusés risquent jusqu’à cinq ans de prison et peuvent être aussi condamnés à payer une amende.
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