Politique
Personne ne pouvait croire le jour de la passation civilisée des pouvoirs qu’entre les deux hommes, les relations se gâteraient à ce point. Kabila et Tshisekedi se regardent désormais en chiens de faïence. Il suffit d’un rien pour que tout dérape. Des observateurs craignent que la tension qui monte d’un cran entre les deux ex-alliés puisse aggraver la crise politique.
Une véritable passe d’armes entre les camps Tshisekedi et Kabila. Le deuxième soupçonne le premier d’être de mèche avec la rébellion pro-rwandaise du M23. Déjà deux semaines avant le récent clash, le siège de la fondation Mzee Laurent-Désiré Kabila à Kinshasa avait été perquisitionné. Des biens saisis, le véhicule ayant transporté la dépouille de l’ancien président LDK emporté. Jaynet Kabila, la sœur jumelle de Joseph avait été même convoquée et auditionnée 5h du temps au quartier général du renseignement militaire.
Au lendemain du ralliement de quelques cadres du PPRD au mouvement politico-militaire de Corneille Nangaa, Augustin Kabuya a dégainé. Le chef du parti présidentiel a pointé ouvertement l’ancien président d’être le vrai patron du mouvement rebelle. Kabuya ajoute même que Joseph Kabila a sollicité auprès d’un dirigeant africain des moyens logistiques et financiers en faveur de Nangaa.
Le récent informateur, candidat premier vice-président à la Chambre basse, a accusé l’ex-chef de l’État de multiplier des cros-en-jambe espérant l’échec de Tshisekedi. La preuve de ce cynisme, dit-il, est là. Kabila a fini par ressusciter le M23. “Vous devez le savoir aujourd’hui, les gens qui sont en train de bloquer l’avancement du pays c’est toujours Joseph Kabila avec sa famille politique. Quand on était avec eux, ils le faisaient avec des réserves. Mais maintenant qu’ils ont compris que Félix Tshisekedi est en train de marquer des points, ils ont ressuscité leur M23”, a fustigé Kabuya.
Pire, le numéro un du parti présidentiel a annoncé devant ses militants enragés que Joseph Kabila a fui le pays sans laisser les traces au service d’immigration pour se réfugier à l’étranger. “Pour votre information, au moment où je vous parle, Joseph Kabila a fui le pays et n’habite plus ici. Il n’a laissé aucune trace à la DGM. Il est parti en catimini parce que c’est lui qui est derrière la guerre qui sévit dans l’est du pays. Moi, j’étais déjà au courant de ça”, a-t-il révélé sous les ovations des militants.
La réplique du camp Kabila
Aussitôt Kabuya terminait son discours, le camp Kabila est monté au créneau. Il a qualifié les propos du secrétaire général de l’Udps de « graves et irresponsables » frisant à la limite la folie de grandeur. En première ligne, la conseillère en communication de l’ancien président a d’abord rappelé que Joseph Kabila est le seul chef de l’Etat de toute l’histoire de la RDC « à avoir organisé des élections démocratiques avec à la clef la première alternance pacifique qui a eu pour premier bénéficiaire le même parti ». Ensuite, Barbara Nzimbi s’est demandée « comment Kabila peut fuir, mieux abandonner ce pourquoi il s’est investi toute sa vie ? ou encore comment Kabila peut-être à la base d’une quelconque déstabilisation de cette même nation pour laquelle il s’est battu pour son unité ? C’est incohérent de réfléchir dans ce sens », a démontré la cheffe com de Kabila.
De sa profonde conviction, « le peuple congolais a compris le mode opératoire de l’Udps : Se plaindre et accuser faussement les autres, oubliant que diriger, c’est aussi assumer ». Mme Nzimbi soutient que « cette énième distraction ne peut surgir que de ce parti qui cherche à détourner l’attention des Congolais face à son incapacité de gérer le pays ». Elle a enfoncé le régime Tshisekedi qui peine visiblement, selon elle, à offrir au peuple des meilleures perspectives, vantant au passage les mérites de son patron qui a cédé au pouvoir actuel un pays non amputé d’un quelconque territoire. « Joseph Kabila a légué à l’Udps un pays entier que ce même parti continue de détruire; ce, année après année depuis 2019 ».
À haute voix, elle a également rejeté les allégations jugées “infondées” de Kabuya arguant que l’ex-président est sorti du pays en catimini. Joseph Kabila est sorti de la RDC « en bonne et due forme » et « n’a pas des comptes à rendre à l’Udps », précise Nzimbi. L’ancien président « poursuit et respecte son agenda, notamment ses responsabilités académiques à assumer ». Barbara a tenu à apaiser l’opinion que Joseph Kabila « rentrera dans son pays librement quand il le voudra et sans aucune restriction ».
Habitué aux clashs, Kabuya a organisé samedi sa matinée politique pour mettre en garde ceux qui prétendent dans le rêve de faire partir Tshisekedi par la lutte armée. Ainsi, il a décrété la mobilisation des combattants comme de l’ensemble du peuple congolais, les exhortant à faire bloc derrière le président de la République pour mettre fin à l’aventure de valets du Paul Kagame.
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