Monde
Le Haut Conseil des négociations qui représente l'opposition syrienne a finalement accepté de se rendre aux pourparlers de paix à Genève, mais uniquement pour parler des questions humanitaires avec l'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura.
L'organe représentatif de l'opposition syrienne a accepté, vendredi 29 janvier, d'envoyer une délégation à Genève pour parler des questions humanitaires, après avoir obtenu auprès de l'ONU et du département d'État américain la garantie que ses exigences seraient satisfaites.
Le Haut Conseil des négociations (HCN), mis sur pied le mois dernier avec l'appui de l'Arabie saoudite dans l'optique de la conférence qui vient de s'ouvrir, avait annoncé jeudi qu'il n'y participerait pas, faute d'avoir obtenu gain de cause sur ses revendications humanitaires.
L'instance, qui réunit des partis politiques et des groupes armés, demande l'arrêt des bombardements des zones civiles, la levée du blocus des villes assiégées et la libération de prisonniers, conformément à la résolution adoptée le 18 décembre par le Conseil de sécurité de l'ONU.
"Des garanties ont été obtenues (auprès des Nations unies) que la résolution 2.254 serait pleinement appliquée (...). Nous irons donc à Genève pour parler des questions humanitaires", a déclaré Salim al Mouslat, porte-parole du HCN, à la chaîne de télévision Al Arabiya al Hadath.
Un peu plus tôt, l'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura avait dit qu'il pensait pouvoir s'entretenir dimanche avec la délégation de l'opposition.
La menace de boycott du HCN faisait courir aux négociations le risque d'un "échec complet", avait estimé un diplomate occidental ayant requis l'anonymat, avant l'ouverture des discussions. En l'absence de l'opposition, la conférence aurait été, selon lui, une aubaine pour Damas qui pouvait ainsi afficher ses bonnes intentions alors que les combats se poursuivent.
Multiplication des discussions de proximité
Staffan de Mistura a rencontré dans la soirée la délégation gouvernementale dirigée par Bachar Djaafari, représentant permanent de la République arabe syrienne aux Nations unies, qui est arrivé en fin d'après-midi à Genève sans faire le moindre commentaire.
"Il continuera par la suite ses rencontres avec d'autres participants et avec les représentants de la société civile", a indiqué l'ONU dans un communiqué, rappelant qu'il s'agissait de discussions de "proximité", c'est-à-dire séparées.
Les miliciens kurdes qui tiennent la majeure partie de nord-est de la Syrie et qui, à la différence de beaucoup, ont fait la preuve de leurs capacités à repousser les jihadistes de l'État islamique, ont quant à eux été tenus à l'écart des discussions à la demande de la Turquie.
Les négociations, dont le dernier cycle remontait à deux ans, n'ont jusqu'ici rien changé à la guerre civile qui a fait au moins 250 000 morts et 10 millions de déplacés ou de réfugiés depuis mars 2011.
Visiblement lassés par ce statu quo, les deux prédécesseurs de Staffan de Mistura, Kofi Annan puis Lakhdar Brahimi, ont renoncé à leurs fonctions après l'échec des conférences de paix organisées à leur initiative.
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L'émissaire de l'ONU pour les négociations de paix en Syrie