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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 avril 2024
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Religion

Constat : peut-on réussir sans l’apport des fétiches ?

2016-02-10
10.02.2016 , Kinshasa
2016-02-10
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Les Congolais prient beaucoup. C’est connu. Il n’y a qu’à considérer les églises de réveil dont le nombre, en quelques décennies seulement, s’est multiplié à un rythme effrayant. Et cela, en dehors des églises dites traditionnelles, à savoir catholique, protestante, kimbanguiste et le culte musulman, sans oublier celles qu’on appelle communément « églises des Noirs ».

Dans les églises chrétiennes, le jour de culte habituellement connu c'est le dimanche, en dehors des cultes matinaux qui, eux, ont lieu pratiquement chaque jour. On vit une curiosité dans les églises de réveil, qui organisent des cultes en plein jour, les jours ouvrables, alors que les gens sont censés être au travail, n’importe lequel, en ce moment-là.

Les Congolais prient donc beaucoup. Mais ce n’est pas la même chose que d’affirmer qu’ils croient réellement aux effets que peut produire la prière. Ils sont tout simplement, en tout cas pour la plupart, sous les effets de l’émotion.

La prière est en effet définie comme une requête, une supplication adressée à Dieu, ou à une quelconque divinité.

La prière des chrétiens se compose généralement de quatre parties principales : l’adoration (ou la louange), le remerciement (pour tout ce qu’Il fait dans la vie de chacun et pour la multitude), la demande de pardon pour les péchés commis, et la demande (l’exposition des besoins personnels ou communs).

Des quatre parties, c’est la dernière qui intéresse le plus les Congolais. Il faut comprendre que le pays est en crise. Ceux des pasteurs qui sont véreux l’ont parfaitement compris. C’est pourquoi, dans la plupart des églises de réveil, tout tourne autour des demandes : voyages (il faut absolument fuir ce pays pour des cieux plus cléments), emploi (le chômage est la règle dans ce pays, le travail étant l’exception), mariage (on oublie que tout le monde, enfin, de manière générale, aspire au mariage, mais que ce sont les moyens financiers qui empêchent la plupart des jeunes à concrétiser ce vœu, et qu’il faut donc plutôt de l’emploi assez correctement rémunéré au lieu de prière).

« J’ai souffert dans ma vie », me confie un compatriote, la cinquantaine. "J’ai chômé pendant 4 ans après l’obtention de ma licence, malgré d’inlassables efforts pour trouver du travail. A l’époque, je ne m’adonnais pas beaucoup à la prière. J’étais fidèle catholique et j’allais chaque dimanche à la messe. Sans plus.

Puis, s’apitoyant sur mon sort, plusieurs personnes, surtout des femmes, de ma famille ou des amis, me poussèrent avec insistance vers les églises de réveil parce que, disaient-elles, là on prie beaucoup et les pasteurs s’occupent réellement des fidèles. Vous savez que lorsqu’on se trouve dans une telle situation, on est fragile. Je leur ai obéi.

Le pasteur, un garçon intelligent, se prit d’affection pour moi. On priait beaucoup. Nous avions même des séances de prières à deux. Une année et quelques mois plus tard, je trouvais du travail dans une entreprise prospère. Je ne saurai dire si c’était là l’exaucement de nos prières ou un simple accomplissement du plan de Dieu. Toujours est-il que ce travail, je l’avais trouvé avec une facilité déconcertante.

Je me suis vite trouvé une maison à louer, puis je me suis acheté une petite voiture et, quelques années plus tard, j’ai pu m’acheter une maison. C’est alors que j’avais commencé à entendre des choses incroyables sur moi. Et quand j’ai, plus tard, perdu une cousine, l’abcès a été crevé. Pour plusieurs personnes, et parmi elles, certaines des femmes qui me poussaient à la prière, c’est moi qui l’avais sacrifiée.

Personne ne savait, pourtant, que je m’étais imposé une discipline de fer. Car un de mes chefs, à qui je rends de grands services en faisant souvent le travail qui est en réalité le sien, fait du business entre Dubaï et Kinshasa. J’avais acquis de lui la voiture que je payais donc à crédit. Toujours grâce à son intervention, j’avais obtenu, de mon patron, un crédit pour m’acheter la maison.

Mon épouse sait comment nous serrons la ceinture pour nous acquitter de ces deux crédits que je n’ai même pas encore réussi à apurer totalement. Mais ça, je ne peux quand même pas le claironner sur tous les toits ! C’est terrible, les gens ici", conclut-il, amer.

« Soyons réalistes », dit Serge Tshamala, enseignant. « C’est vrai que toutes les fortunes ne sont pas naturelles. Il y a bien des gens qui font des fétiches ou qui sont allés dans des loges pour devenir riches. Mais Dieu donne aussi. Les gens sont seulement pressés et envieux. Il faut être patient ».

« Moi je suis chrétien mais je ne m’adonne pas beaucoup à la prière comme je vois les autres », confie Arnold Fukieno Zola, un jeune homme d’affaires assez prospère. « Mais, sincèrement, les chrétiens me déçoivent beaucoup. Je me demande toujours pourquoi ils prient. Ils font un culte de pauvreté ».

Cela veut dire que le pays est plongé dans une grave crise. Et lorsque les gens sont plongés dans une telle crise, ils voient généralement d’un mauvais œil que l’un d’eux, ou certains d’entre eux, puissent émerger. L’émergence, dans ce flot de misères, fait inévitablement poser des questions. Pourquoi lui et pas nous ? Qu’a-t-il de spécial par rapport à nous autres ? Comment peut-il progresser aussi rapidement, alors que ses collègues, qui gagnent autant, sinon plus que lui, ne sont pas aussi prospères ?

« C’est vrai que plusieurs personnes pratiquent des fétiches ou de l’occultisme pour progresser socialement », dit Marie Nsinsani, comptable. « Mais le fait de voir le diable partout est le fruit de la jalousie et un signe d’incapacité. Lorsqu’on a fait de bonnes études, ou suivi une bonne formation, on a toutes les chances de réussir sa vie ».

« Il faut seulement être patient. Mais il faut reconnaître aussi que nous sommes dans un pays qui a de sérieuses difficultés économiques. Il n’est pas facile de trouver du boulot. Mais cela ne doit pas être une occasion de jalouser ceux qui s’en sortent ».

« Pourquoi doit-on douter de Dieu tout en croyant en Lui ? » s’indigne Makwala (nom d’emprunt). « C’est franchement un paradoxe que j’ai du mal à comprendre. Je suis artiste (il a requis l’anonymat) et vous êtes témoin que j’ai réussi dans mon art. Mais je vais vous raconter une anecdote : Il y a 22 ans exactement, alors que je pataugeais encore, un aîné de mon quartier raconta, devant une dizaine de personnes, des énormités au sujet d’un grand artiste de ma filière. Pour lui, les prouesses de cet homme ne pouvaient qu’être les fruits de sa fréquentation d’une certaine loge. J’étais déboussolé parce que, justement, il ignorait ce que ce grand artiste disait de moi, les éloges qu’il me faisait, d’autant plus que je lui fournissais certaines œuvres. J’avais eu peur en me disant intérieurement : ‘donc, c’est ce qu’on dira aussi de moi lorsque je réussirai ?’. Cela s’est concrétisé aujourd’hui ».

Il est difficile aujourd’hui, en RDC, de réussir, quel que soit le domaine, sans être accusé d’avoir associé des fétiches ou d’être empreint d’ésotérisme. 

Autant donc les Congolais croient en Dieu, autant ils redoutent les fétiches et autant, sûrement, ils adorent les deux...

Jean-Claude Ntuala
L'Observateur / MCN
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hilaire @8SF27DX   Message  - Publié le 31.05.2016 à 17:48
c'est étonnant,aucune réaction pour cet article pourtant intéressant,les congolais n'adorent que la politique ainsi ils ont l'occasion d'injurier et dire n'importe quoi! pour les choses de l'esprit,bazali té!

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