Monde
Des attentats terroristes ont frappé Madrid en 2004, Londres en 2005, et Paris en 2015. Cette fois-ci, c'est Bruxelles, "coeur de l'Europe", qui a été visée.
Bien que les pays européens ne cessent d'augmenter les niveaux d'alerte et de renforcer les mesures de sécurité face à la menace croissante du terrorisme, Bruxelles, capitale de la Belgique et de l'Europe, a été le théâtre de plusieurs attaques mardi matin, qui ont fait au moins 34 morts et plus de 180 blessés.
Le président français François Hollande a estimé "qu'à travers les attentats de Bruxelles, c'est toute l'Europe qui est frappée". Son Premier ministre Manuel Valls a quant à lui qualifié ces attaques "d'actes de guerre".
Le Vieux continent, terre d'accueil traditionnelle des migrants du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, est la cible du terrorisme et les Européens se demandent pourquoi.
Pour certains observateurs, l'Europe a subi les conséquences de l'instabilité au Moyen-Orient : la montée en puissance de groupes terroristes tels que l'Etat islamique (EI) et l'afflux de réfugiés et de migrants. Mais d'autres experts estiment que les facteurs internes ne doivent pas être négligés.
L'Europe est menacée par l'Etat islamique, mais elle doit surtout faire attention aux extrémistes "autochtones", c'est-à-dire les Européens radicalisés qui sont rentrés en Europe après s'être rendus en Irak ou en Syrie pour combattre dans les rangs de l'Etat islamique, a observé Chu Yin, chercheur du think-tank Center for China and Globalization.
Selon Europol, 3.000 à 5.000 citoyens de l'Union européenne seraient retournés dans l'UE après avoir été formés par l'Etat islamique, autant de "djihadistes dormants" dont l'objectif est de passer à l'acte.
Ces chiffres révèlent une chose : la surveillance des "radicalisés" ayant effectué un long séjour en Syrie est décidément très insuffisante, car ceux-ci parviennent à rentrer dans l'UE sans difficulté.
Par ailleurs, la récession économique que traverse l'Europe, le taux de chômage très élevé, l'aggravation du fossé entre religions et cultures et les difficultés d'intégration sociale des migrants ont poussé un certain nombre d'Européens originaires du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord à se radicaliser.
Si l'Europe ne peut pas empêcher la propagation de l'extrémisme, qui influence surtout les jeunes, cette menace terroriste "autochtone" sera difficile à éliminer, a indiqué Wu Shaozhong, professeur à l'Institut de lutte contre le terrorisme de l'Université de la sécurité publique du peuple de Chine.
Face à la gravité de la menace terroriste, l'Europe doit réagir immédiatement en prenant des mesures déterminées et coordonnées à l'échelle européenne, telles que le renforcement du recueil et du partage de renseignements dans la lutte contre le terrorisme, le durcissement des contrôles des visas d'entrée et l'application de contrôles de sécurité stricts et efficaces dans les transports en commun.
D'autre part, pour lutter contre l'Etat islamique, l'Europe devrait mettre de côté ses querelles avec des pays de la région où sévit le groupe extrémiste et aider des pays tels que la Syrie, la Libye, l'Irak et le Yémen à rétablir au plus vite l'ordre et la stabilité.
"Ce terrorisme aveugle est aussi une opportunité pour la construction européenne", a estimé Jean-Michel Servant, éditorialiste du Midi libre. En effet, l'Europe doit se mobiliser sans délai pour faire face à une guerre "visant toute l'Europe".
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