Société
Alors que se tient à Istanbul le premier sommet humanitaire mondial, la situation reste critique pour les déplacés internes en République démocratique du Congo. Malnutrition, sexe-survie, violences en tout genre, risque d’infection au VIH, augmentation des cas des maladies mentales... Au camp de Mugunga 3, au Nord Kivu, la situation se dégrade un peu plus tous les jours. Reportage.
Il est 10 heures passées de quelques minutes, le soleil pointe, l’atmosphère est humide, dans le camp de Mugunga 3 à Goma dans la petite salle qui sert de centre de santé, l’infirmer en chef est assis derrière son bureau en bois vernis et essaye, tant bien que mal, de noter dans son petit cahier aux pages quadrillés, la présence de la vingtaine de femmes qui se relayent devant lui pour recevoir des kits pour "enfants souffrant de la malnutrition". Elles sont toutes accompagnées d’enfants en bas âge.
On devine à travers la fenêtre ouverte derrière lui, les scènes qui se déroulent dans le camp. Érigées pour la plupart sur de la roche volcanique, les abris sont rudimentaires, il est difficile d’imaginer que ces minuscules "habitations" accueillent des familles entières, souvent composées de plus de cinq personnes, qui tentent de dormir à même le sol. Ou sur des nattes pour ceux qui ont le luxe d’en avoir.
Le désespoir a trouvé refuge dans le camp
Dans la minuscule cour attenant au centre de santé, des enfants jouent alors que leurs mères sont assises sur les bancs. Pour la grande majorité d’entre elles, le regard est dénué d’émotion... Recroquevillées sur elles- mêmes, les mains sur la joue, certaines tentent d’allaiter le nourrisson qui s’agrippe à leurs poitrines vidées. Pagnes usés, chemisiers délavés, chevelure hirsute, tout porte à croire que le désespoir a, lui aussi, trouvé refuge dans le camp.
"Vous savez ici, nous vivons comme des animaux", s’exclame Maman Charly, la responsable de ce camp qui existe depuis 2008. Maman Charly n’a pas moins de cinquante ans, son visage est marqué. Sa voix calme et posée s’exprime avec assurance de son corps imposant. Maman Charly est économe de son sourire. Ses traits sont constamment tirés.
"Cela va faire plus de cinq ans que je vis dans ce camp. J’habitais du côté de Rutshuru dans la collectivité de Bwito. Quand les troubles ont commencé, j’ai dû fuir avec ma famille. Aujourd’hui, je vis ici, mais ce n’est pas de gaieté de cœur. Je ne sais pas ce que vous pouvez faire pour nous, mais moi je veux retourner chez moi", s’exclame-t-elle en swahili avant de retourner s’asseoir.
La "sexe-survie" à 1,5 euro
Installés dans une pièce qui sert à la fois de salle de consultation et de lieu d’entreposage du maigre matériel médical, deux autres femmes entourent Maman Charly pour raconter leur quotidien dans le camp. "Vous avez visité le camp, pensez-vous que des êtres humains peuvent vivre dans les conditions où nous vivons ?
Allez dire aux humanitaires et aux gouvernants de ce pays que nous sommes fatigués", poursuit Maman Judith. "Quand une femme n’a plus de dignité et qu’elle accepte d’aller avec un homme pour la modique somme de 1500 franc congolais (1,5 euro), c’est que la vie n’a plus aucun sens."
Dans ce camp, comme sur plusieurs autres sites du même genre en RDC, la "sexe-survie" fait malheureusement partie des nombreuses pratiques que déplore le personnel en charge de la santé. "Dans la plupart des camps, les ménages sont gérés par les femmes, les hommes ne sont plus là... Dans les différents camps, ce sont les femmes et les jeunes filles qui ont la lourde responsabilité de trouver des moyens pour nourrir les familles", explique le Docteur Martin Migombano, conseiller régional auprès de l’Organisation Internationale de la Planification Familiale (IPPF).
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