Afrique
Un commando lié à l’opposition au Congo-Brazzaville a attaqué dans la nuit de lundi à mardi 21 juin l’ambassade du Congo-Brazzaville à Paris . Un message adressé aux autorités… des deux pays.
"S’ils avaient vraiment voulu faire des dégâts, ils ne se seraient pas pris de cette manière-là", nous explique-t-on de source policière. L’incident survenu dans la nuit du 22 juin dans le XVIème arrondissement de Paris est de nature... politique. Une voiture bélier enfonce la lourde porte de l’ambassade congolaise. Les occupants jettent des cocktails Molotov provoquant l’incendie de l’immeuble puis ils prennent la fuite. Le parquet saisit le premier district de la police judiciaire de la préfecture de Paris. "L’angle criminel est caractérisé, mais les dégâts sont assez légers", nous dit-on à la Préfecture. Au ministère des Affaires étrangères, on a assure que "les auteurs auront à répondre de leurs actes."
"Il faut condamner la violence de cet acte, mais aussi comprendre l’exaspération qu’elle exprime, explique de son coté Andrea Ngombet, le coordinateur du collectif Sassoufit. Toute forme de contestation civique, pacifique au Congo a échoué. Notre horizon est bouché, le tyran a l’air de s’installer durablement et ne veut pas lâcher." Cet activiste raconte lui-même avoir été malmené dans l’enceinte de cette même ambassade le 9 octobre dernier. Manifestant avec un tract de son collectif, Andrea Ngombet est mis à terre puis molesté par un agent de sécurité. Bilan: une fracture du plancher de l’orbite, une opération chirurgicale et donc une plainte.
"Pour avoir brandi ce tract, d’autres beaucoup se sont fait tirer dessus au Congo"
Plus qu’un simple lieu de pouvoir, c’est le lien entre la France et la République du Congo qui est visé par cette attaque. Depuis plusieurs semaines, l’opposition accuse le silence de François Hollande. "Nous comprenons que le Président français ne veuille pas se mettre en position d’interférer, mais il doit savoir que Sassou N’Guesso surfe sur l’ambiguïté de sa position", analyse Benoît Koukébéné. Cet ancien ministre du Pétrole de Pascal Lissouba a vu de près l’implication de la France –alors du Président Chirac- lors du retour au pouvoir en 1997, de Denis Sassou-N’Guesso. "Peut-être ne s'en rend-il pas compte, mais le jour où François Hollande a annoncé que Sassou pouvait organiser son referendum, cela a eu un effet désastreux", confie Koukébéné. Aujourd’hui, comme la plupart des opposants, il estime que le Président français peut s’il le veut, convaincre Sassou de jeter l’éponge. Une responsabilité dont se serait bien passé l'hôte de l'Elysée.
Son entourage assure sa neutralité. "La France transmet directement des messages pour relâcher la pression sur les opposants, afin que ni leur intégrité physique, ni leur liberté ne soient menacées et qu’ils puissent faire vivre leurs familles politiques", nous expliquait-on à la Présidence, la semaine dernière. Et lorsque l’ambassadeur de France Jean-Pierre Vidon rendait visite à l’opposant Jean-Marie Michel Mokoko en résidence surveillée à Brazzaville, c’était bien pour "s’enquérir de sa santé et lui proposer de l’accueillir en France". Une offre déclinée par l'intéressé.
Le positionnement politique de la France apparait pourtant difficile à comprendre. "Nous gardons la même position qu’en octobre dernier, les conditions de transparence n’ont pas été réunies pour ces élections en République du Congo", nous assure un diplomate. Pourtant, le ministre Jean-Marc Ayrault recevait le 14 juin le ministre congolais des Affaires étrangères Jean-Claude Gakosso.
Deux jours plus tard, l’écrivain congolais Alain Mabanckou, pourfendeur du silence de François Hollande était à son tour reçu au "Château". Il ressortait de cette rencontre un silence aussi éloquent, que celui que le talentueux écrivain décriait depuis des semaines ! Hasard du calendrier, le jour de cette rencontre était incarcéré l’opposant Jean-Marie Michel Mokoko. L'événement ne suscite aucune réaction. Le 22 juin juste après l'attaque contre leur ambassade à Paris, les forces de l'ordre encerclent puis perquisitionnent le domicile d’un autre opposant Okombi Salissa. Mais ce dernier s’est volatilisé.
"Il faut que Denis Sassou N’Guesso admette qu’il est arrivé au bout de la course et qu’il laisse sa place, sinon il risque de détruire ce pays", prévient Benoît Koukébéné. "Le bilan de l'affreuse journée du 4 avril reste à faire", insiste l’ancien ministre. Des équipées sauvages des forces de sécurité dans le Sud de Brazzaville et les bombardements dans la région du Pool auraient causé de nombreuses victimes civiles, en particulier parmi les populations Lari. Le bilan n’est pas encore connu. "Après cela, il est impossible de croire que Sassou N’Guesso puisse faire partie de la solution pour le Congo", note l’ancien ministre.
"Le bilan de l'affreuse journée du 4 avril reste à faire"
Le Quai d’Orsay a fait savoir dans un communiqué avoir pris les mesures pour "renforcer des mesures de sécurité des locaux de l’ambassade". Voilà un nouveau problème à gérer pour François Hollande, victime de ses propres hésitations sur un dossier épineux, où certains intérêts économiques semblent disputer des valeurs démocratiques.
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