Rassemblement: Olenghankoy-Tshibala: une dissidence inutile ?

La création vendredi dernier d’une deuxième aile du « Rassemblement » pilotée par Joseph Olenghankoy des FONUS et de la « Dynamique de l’Opposition » avec le même porte-parole Bruno Tshibala Nzenze de l’UDPS continue à jeter l’émoi dans une bonne frange de l’opinion.

Ce dédoublement des instances du « Rassemblement » sur qui des millions de sympathisants de l’Opposition comptent pour la sortie de la crise aiguë qui tient en tenaille la RDC est interprété, à juste titre, ici et là comme une véritable catastrophe. C’est pourquoi tous les moyens doivent être mis en œuvre pour y mettre un terme dans le plus bref délai.

La question prend une ampleur d’intérêt national. Car ayant un lien avec le meilleur aboutissement du processus électoral conformément au compromis politique global de la saint-sylvestre soutenu à bras le corps par toute la Communauté internationale avec en tête le Conseil de sécurité de l’ONU qui exige son exécution immédiate.

Joseph Olenghankoy signant l'Accord de la Cenco pour les Fonus, le 31 décembre 2016 (@ Twitter)

Dans ce contexte des pressions internationales intenses, toute dissidence au sein de l’actuel « Rassemblement » est une aventure vouée d’avance à l’échec. Plus encore la tache de réconcilier les deux ailes n’est pas du tout complexe mais est plutôt de toute aise comme on va le démontrer.

Olenghankoy Mukundji et Bruno Tshibala Nzenze ont un parcours remarquable dans l’Opposition radicale. Le premier Olenga y apparait dans les années 90 à faveur de la démocratisation avec les FONUS, les forces novatrices de l’Union sacrée de l’Opposition radicale qui était au four et au moulin des actions comme des villes mortes par la signature des tracts.

Tandis que Bruno Tshibala, combattant de l’UDPS de la première heure depuis 1980 sur la ligne de front de la lutte contre le régime-Mobutu qui leur ont fait sentir les foudres de tout genre. Il est l’un de ceux qui ont subi des brimades et des affres du pouvoir. Au point que les 10 Fondateurs ont pris la décision de les coopter « cofondateurs. Personne ne peut accepter que de tels acquis passent comme une marchandise soldée et passé aux comptes pertes et profits.

Bruno Tshibala, combattant de l’UDPS de la première heure, venu remercier son président après sa libération dans le cadre des accords de la Cenco, le 29 novembre 2016.

Tous les deux, Joseph Olenghankoy Mukundji et Bruno Tshibala Nzenze en sont bel et bien conscients. Leur place n’est nulle part autre que dans l’Opposition radicale, c’est-à-dire au « Rassemblement ». Ce qui va faciliter leur retour au bercail souhaité par tous. Il y a aussi le fait que les deux ailes prônent l’unité du « Rassemblement » et ils ont promis de tout mettre en œuvre pour la préserver. Cette prédisposition est en elle-même un bon signe pour sceller la réconciliation entre ceux qui, jusqu’à ce jeudi dernier devisaient ensemble.

Pierre Lumbi, la « Pierre d'achoppement » du Rassemblement ?

Un autre élément positif qui facilite ce retour au bercail est le fait que Olengha et Tshibala ne contestent pas le leadership de Félix Tshisekedi désigné Président du « Rassemblement » lors de la restructuration. Leur problème, c’est Pierre Lumbi Okongo désigné Président du Conseil des sages du « Rassemblement » et qui devient de droit Président du Conseil national de suivi de l’Accord.

Pour eux, Lumbi qui vient à peine de quitter la MP où il exerçait les fonctions de Conseiller spécial du Président Kabila n’est pas un opposant. Il ne peut donc occuper le poste de « Président du Conseil des sages » du « Rassemblement ». Cependant cet argumentaire qu’ils alignent paraît spécieux. Ils devront alors répondre à cette suite d’interrogations.

Comment peut-on denier à Pierre Lumbi Okongo, membre du Comité des sages du « Rassemblement » ? S’il en est membre, nul ne peut lui renier les mêmes droits que tous ses autres collègues membres dans la mesure où on n’a pas fixé des paliers en rapport avec l’ancienneté dans l’Opposition pour adhérer au « Rassemblement ». 

Il n’en a jamais été question à « Genval » lors de la rédaction de la Charte sur la catégorisation par ancienneté des adhérents à ce méga-regroupement politique de l’Opposition radicale. Si on devait appliquer cette logique d’ancienneté revendiquée par Olengha et Tshibala, le patriarche katangais, Charles Mwando Nsimba, qui est arrivé dans l’Opposition le même jour et dans les circonstances que Pierre Lumbi, ne serait jamais désigné Vice-Président du Conseil des sages.

Charles Mwando Nsimba, aurait-il été le dauphin légitime de Tshisekedi au Conseil des sages s'il lui avait survecu ?

S’il était vivant, c’est lui qui remplacerait d’office le défunt Président du Conseil des sages. Allait-on crier ? Ce serait un non-sens. Car comment a-t-on laissé le poste stratégique de Vice-Président à quelqu’un qui venait d’arriver dans l’Opposition ? Non ! C’est à Genval que Olengha et Tshibala auraient pu soulever le problème de la catégorisation des opposants en fonction de leur ancienneté. Voilà encore un motif qui milite pour leur retour immédiat au bercail.

La Charte de Genval est claire comme l’eau de roche. C’est ainsi que les Pierre Lumbi, Gabriel Kyungu Wa Kumwanza, Lutundula Apala etc. sont des membres du Conseil des sages au même titre que les autres.