Politique
Vingt ans après sa chute et sa disparition dans la foulée, que peut-on dire de Joseph-Désiré Mobutu, l’ancien président de l’ex-Zaïre ? Que peut-on dire de lui sinon qu’il aura été un de ces dictateurs qui font la risée du continent africain ? Quel souvenir garder de lui sinon celui du président mégalomane qu’il a été ? En cet anniversaire, comment ne pas se rappeler ses excentricités et du pseudo-nationalisme derrière lequel il s’était abrité pour piller le riche Congo et martyriser ses compatriotes ? En réalité, la seule raison qui justifierait qu’on s’attarde sur cette date anniversaire, c’est le fait qu’on puisse s’en servir pour rappeler à ceux qui, du haut de leur puissance du moment, ne réalisent pas que les choses peuvent mal se terminer. On s’en sert comme leçon de vie à l’intention de ceux qui, à l’instar de Mobutu jadis, s’accrochent ou voudraient s’accrocher au pouvoir. Parce que s’il y a bien un enseignement qu’on peut tirer du long règne de l’enfant de Gbadolitté, c’est le fait que la tendance qui consiste à se cramponner au pouvoir, est de nature à hypothéquer l’avenir de toute une nation. En cela, la RDC est une parfaite illustration.
Egoïsme mortifère
En 32 ans de règne, Joseph-Désiré Mobutu a fait du mal à son pays. Assimilant ce dernier à un domaine privé dont il pouvait disposer à sa guise et les Congolais, à de simples sujets à son capricieux service, il avait copieusement amassé les richesses. Se souciant surtout de son bien-être et de celui de ses proches, il n’aura accordé aucun égard à ses compatriotes. Ainsi, à sa chute, le Congo était une sorte de gros village. Parce qu’en réalité son nationalisme était tout à la fois un fantasme personnel et de la poudre aux yeux des Congolais. Mais de tous les maux que Mobutu a infligés à la RDC, celui de s’être accroché au pouvoir jusqu’à sa mort et de n’avoir pas ainsi préparé sa succession, l’emporte sur tous les autres. Cet égoïsme mortifère explique en effet que personne n’a eu le temps de célébrer sa chute. Sa page aussitôt tournée, le pays devait faire face aux défis posés par une rébellion parrainée par des pays voisins et une communauté internationale qui n’étaient décidément pas préoccupés que par la restauration de la démocratie. Mobutu parti, la RDC a ainsi continué la guerre, cette fois contre le Rwanda et l’Ouganda, dont les dirigeants, voulant visiblement profiter de la déliquescence de l’Etat congolais, lorgnaient les immenses richesses du pays. Outre le pillage de ces richesses, le conflit a entrainé de milliers de victimes et des millions de déplacés.
Joseph Kabila, un espoir manqué
Lui-même emporté par l’espèce de chaos et d’anarchie instaurés par ceux qui l’ont aidé à conquérir le pouvoir, Laurent-Désiré Kabila, est remplacé par son fils en 2001. Un fils, à l’époque âgé de 29 ans, qui incarnait alors un nouveau départ. Sauf qu’au fil des ans, on réalise qu’il marche exactement sur les traces laissées par Mobutu lui-même. Elu en 2006 et réélu de manière frauduleuse en 2011, il a refusé de rendre le pouvoir comme la constitution le lui demande. Ainsi, depuis des mois, il cristallise sur sa seule personne, les tensions et les incertitudes qui sont celles de la RDC. Aux manifestations et protestations légitimes de ses adversaires, il oppose une répression sanglante et l’intimidation. Lui aussi, au passage, fait valoir un souverainisme étroit pour se soustraire aux pressions de la communauté internationale. Pendant ce temps, le pays fait la Une de la presse internationale en raison d’une nouvelle manifestation de l’épidémie Ebola. De même, des milices et des rebellions y poussent comme des champignons et les exécutions sommaires, légion. Les populations, craignant pour leurs vies, ne mangent pas à leur faim et les jeunes sont majoritairement au chômage et à portée de main des gourous manipulateurs. Pour un pays aussi doté que l’est la RDC, ce n’est pas un moindre des paradoxes. Mais c’est à ce type de paradoxe que les dirigeants conduisent les pays quand ils s’obstinent à vouloir mourir au pouvoir.
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