Beni: évasion à la prison de Kangbayi, un couvre-feu décrété

Comme dans un film policier, un assaut a été lancé sur la prison centrale de Kangbayi, à Beni, en pleine journée du dimanche 11 juin 2017. Œuvre des hommes en armes non encore identifiés, sur 966 détenus, seuls 30 sont restés dans cette maison carcérale.

Des sources locales de MCNTeam évoquent provisoirement un bilan de 11 morts dont 8 gardiens de la prison.

Déjà un couvre-feu vient d'être décrété par le comité provincial de sécurité à partir de 18 heures 30 locales sur toute l'étendue du territoire et ville de Beni et du territoire de Lubero et ville de Butembo. Seules l'armée et la police sont autorisées de circuler, indique le gouverneur de province, Julien Paluku.

Il convient de noter que cette attaque intervient seulement deux semaines après que le maire de Beni, Nyonyi Bwanakawa, a alerté sur la préparation de l'attaque de cette maison carcérale par des hommes bien identifiés.

En effet, a l'occasion d'une parade le lundi 22 mai dernier, le numéro 1 de la ville avait fait savoir que cette prison contient plus de 1200 détenus, alors que construite pour 250 pensionnaires.

Face à son appel, la société civile avait exigé à son tour de renforcer la sécurité autour de cette prison souvent attaquée par des assaillants.

Plus de 5 000 dans la nature en moins d'un mois !

Un couvre-feu a été décrété ce dimanche à partir de 18h30' suite à la réunion de sécurité conduite par le Gouverneur Julien Paluku (@ Julien Paluku, Twitter)  

Le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku qui a révélé ces chiffres à la presse a indiqué qu'en ce moment, il y a 11 morts parmi les assaillants et les policiers commis à la garde de la prison. "Sur 966 prisonniers, il ne reste que 30, nous ne connaissons pas encore l'identité de ceux qui ont attaqué la prison", a-t-il martelé.

Il convient de souligner qu'en début de soirée de cette journée dominicale, une réunion de sécurité s'est tenue en urgence.

Depuis le 17 mai, des évasions à répétition sont enregistrées partout en RDC, dont la plus spectaculaire fut celle de la prison centrale de Makala (Kinshasa). Près de 4 000 personnes s'en seraient évadées.

Quelques jours plus tard, c'était la prison de Kasangulu qui a été mise en évidence avec quelques dizaines de prisonniers qui se sont évanouis dans la nature.

Ensuite, le vendredi 19 mai à Kalemie, dans la province du Tanganyika, il y aurait eu 14 prisonniers ayant pris la poudre d'escampette. 

Enfin, dans la nuit du vendredi au samedi 10 juin, l'attaque des cachots du commissariat du Mont Amba ainsi que ceux du Parquet de Grande instance situés tous les deux dans la commune de Matete ou encore des dizaines de prisonniers se seraient évadés.

Selon certaines estimations, suite à toutes ces attaques de centre pénitenciaire, cela ferait actuellement autour de 5 000 détenus, à la dangerosité diversifiée, qui seraient aujourd'hui en liberté.

"À la prison de Beni étaient incarcérés tous les criminels civiles et militaires, notamment des ADF qui avaient commis de nombreux massacres dans le territoire", ont déclaré des sources sécuritaires locales à Top Congo FM.

La tête de Thambwe Mwamba réclamée

Face à ces evasions répétitives, le député national Grégoire Kiro n'est pas allé par le dos de la cuillère en exigeant des sanctions contre des officiels nationaux, notamment le ministre de la justice Alexis Thambwe Mwamba.

"Dans un pays normal, on ne peut pas vivre ces différentes situations, c’est inconcevable et anormal... Cette fois-ci, il faut que des têtes puissent tomber dont le ministre de la justice lui-même" a déclaré cet élu de Beni.