Société
Grève des médecins déclenchée depuis une semaine par-ci, menace de grève des enseignants, des agents et fonctionnaires de l’Etat et celle des professeurs d’université par-là, l’économie du pays en souffrance,… tous les ingrédients d’un cocktail Motolov contre Bruno Tshibala.
L’on peut craindre que l’avenir politique du Premier ministre Bruno Tshibala soit en danger. Des signes précurseurs d’un tel danger sont fort visibles. Le secteur public bruit de grognes de toutes sortes, en toile de fond une série de grèves, soit déclenchée, soit qui couvent.
C’est le cas, par exemple, de la grève déclenchée vendredi 21 juillet dernier des médecins du secteur public.. Ils revendiquent l’indexation de leurs primes et salaires au taux du jour du dollar américain. Une grève aux conséquences sociales et sanitaires incalculables qui va sans doute paralyser le secteur médical.
Ce mouvement de grève avait été annoncé au cours de la dernière assemblée générale du Syndicat national des médecins (Synamed) tenue dernièrement. Au cours de cette assemblée, les médecins avaient demandé au gouvernement Tshibala d’accéder à leurs revendications, notamment celle exigeant l’indexation de leurs primes et salaires au taux du jour du dollar américain. Faute de quoi, ils allaient déclencher un mouvement de grève.
Le gouvernement n’est malheureusement pas arrivé à accéder aux revendications des médecins. La liste des salaires des agents et fonctionnaires de l’Etat de juillet envoyée aux institutions respectives était une simple photocopie de celle du mois de juin. Comme quoi aucune augmentation n’a été prévue pour le mois de juillet et que les médecins du secteur public devraient se contenter de percevoir des salaires au taux de 930 FC. Voilà la goutte d’eau qui a fait déborder le vase déjà plein de la patience des syndicalistes du Synamed qui n’ont pas hésité de demander d’aller en grève.
On rappelle que lors de la défense devant l’Assemblée nationale du budget 2017, le Premier ministre, Bruno Tshibala, avait donné de l’espoir aux fonctionnaires et médecins en promettant qu’il allait réajuster les salaires des agents et fonctionnaires de l’Etat, de 930 FC à 1 425 FC le dollar américain, conformément à la parité entre le dollar américain et le franc congolais.
Plusieurs grèves en vue
Des syndicalistes à la place Golgota à Kinshasa lors d’une activité syndicale, le 03 avril 2012. (© Radio Okapi/John Bompengo)
En plus des mouvements de grève déclenchés, les secteurs public et privé sont menacés par plusieurs mouvements de grève. Parmi ces menaces, celle des enseignants, des professeurs d’université.
En effet, le Conseil des professeurs d’université au Congo (CPUC) a décidé, vendredi 28 juillet à Kinshasa, de déclencher une grève illimitée si le gouvernement payait les salaires du mois de juillet au taux non réajusté. Ce qui ressort comme l’une des grandes résolutions prises à l’issue de l’assemblée générale extraordinaire qui a réuni les professeurs des différentes universités du pays.
Selon le secrétaire général du CPUC, quoique les autres fonctionnaires soient payés au taux non indexé, les professeurs tiennent au respect, par le gouvernement, des lois du pays, étant donné que le chef de l’Etat a déjà promulgué la loi financière.
» Nous allons entamer une grève illimitée parce que le professeur n’a plus le pouvoir d’achat qu’il avait il y a une ou deux années. La grève sera immédiate parce que nous sommes là derrière une décision de l’Assemblée nationale et du Sénat, car la loi des finances a été adoptée par les deux chambres. Le gouvernement doit le faire parce que cela est contenu dans la loi budgétaire « , a déclaré David Lubo, secrétaire général du CPUC.
Celui-ci a précisé par ailleurs que depuis des années, l’enseignement supérieur et universitaire émargeait du budget annexe de l’Etat et le gouvernement pouvat aussi gratifier les autres fonctionnaires payés au taux anciens en procédant à une paie complémentaire.
Les enseignants menacent aussi
Manifestation de scientifiques de l’Enseignement Supérieur, Universitaire et Recherche Scientifique à Kinshasa, le 10 avril 2013. (© Radio Okapi/John Bompengo)
Les menaces de grève ne s’arrêtent pas aux seuls professeurs d’université. Les enseignants du Congo oeuvrant à l’école primaire et secondaire ont également menacer de déclencher leur grève en septembre, à la rentrée des classes.
La synergie des syndicats des enseignants du Congo œuvrant à l’école primaire et secondaire a menacé vendredi 28 juillet d’aller en grève au mois de septembre si le gouvernement ne répond pas à ses revendications.
Les enseignants » réunis en assemblée générale demandent au gouvernement d’appliquer le taux budgétaire moyen prévu dans la loi des finances 2017, dans le strict respect de la tension salariale et de prendre toutes les mesures comme un gouvernement responsable en vue de stabiliser le franc congolais « , selon Jean Bosco Puna de Synecat. Cité par Radio Okapi.
Les enseignants demandent aussi au gouvernement de programmer la paie complémentaire de juillet à la paie du mois d’aout au plus tard le 20, avant la rentrée scolaire 2017-2018.
Les syndicalistes recommandent également à l’exécutif congolais de » convoquer, toutes affaires cessantes, une commission paritaire gouvernement-partenaires sociaux avec pleine implication de la synergie des syndicats des enseignants en vue de fixer le nouveau barème des enseignants et inspecteurs de l’enseignement « .
Pour Jean Bosco Puna, toutes ces revendications légitimes des enseignants constituent des préalables à la rentrée 2017-2018 et un préavis de non-reprise de travail au mois de septembre.
Dans la foulée, les participants à l’assemblée générale ont aussi déploré l’impact de la dépréciation de la monnaie nationale sur leurs enveloppes salariales et la non-exécution de la paie des salaires au taux que le gouvernement avait promis.
Menace des vendeurs des oignons à Kinshasa
La pression du gouvernement vient de toutes parts. Les importateurs et vendeurs des oignons à Kinshasa menacent, eux, également d’aller en grève. Le président de l’Association nationale des vendeurs des oignons au Congo (Anavoco), Pius Lahema, a annoncé dimanche 30 juillet dernier l’organisation prochaine d’une » journée sans oignons » dans tous les marchés de Kinshasa, selon l’Agence congolaise de presse (ACP).
Les importateurs et vendeurs des oignons à Kinshasa dénoncent la concurrence déloyale dont les membres de leur association sont victimes de la part des commerçants expatriés concernés dans les transactions commerciales propres aux détaillants nationaux, conformément à la loi en matière de l’exercice du petit commerce en vigueur en RDC.
Les membres de l’Anavoco envisagent d’organiser une manifestation publique susceptible d’enjoindre le gouvernement ainsi que l’exécutif provincial à penser à la mise en œuvre de la loi prohibant le petit commerce aux expatriés, a-t-il fait savoir, annonçant, la tenue d’une réunion extraordinaire pour fixer le jour de la manifestation demain mercredi 2 août courant.
Pour le numéro un de l’Anavoco, cette manifestation sert à protester contre le comportement de certains importateurs de ce produit. Il leur reproche de revendre eux-mêmes à des prix inférieurs aux tarifs affichés dans la plupart de marchés de Kinshasa, après la réception de ce produit au pays.
D’où sa déception de voir les expatriés qui continuent à exercer le petit commerce en cassant le prix ; ce qui défavorise leurs collègues congolais importateurs de ce même produit. Ce, en violation de la loi en matière de l’exercice du petit commerce en vigueur en RDC.
Une loi dont l’application n’a jamais été respectée ou que les autorités congolaises n’ont jamais daigné faire respecter aux opérateurs économiques expatriés qui se comportent comme bon leur semble, se sachant protégés par la sphère politique congolaise.
En toile de fond de toutes ces grèves et menaces de grève, la situation économique du pays très critique avec une monnaie locale en dépréciation constante face au dollar américain.
Un ensemble d’ingrédients de nature à constituer un cocktail Molotov dont Bruno Tshibala et son gouvernement doivent craindre l’explosion. Une bombe qu’ils ont intérêt à désamorcer à temps, sinon…
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Le Premier ministre, Bruno Tshibala lors de son investiture à l'Assemblée nationale, le 16/05/2017. (© Radio Okapi/John Bompengo)