Femme
Une femme cireuse de chaussures dans les rues de Kinshasa ? Eh oui, Nadine Toko a décidé de sortir de sentiers battus. Pour nourrir sa famille et s’offrir un minimum d’autonomie financière, cette mère de six enfants a trouvé son créneau porteur : le cirage de chaussures !
Enfant attaché au dos, moulée dans un pantalon étriqué, Nadine Toko brave le soleil. Forum des As l’a rencontrée en pleine Gombe. Avec sa petite caisse à cirage en bois, Nadine Toko erre les rues de cette commune, en quête de clients. La concurrence est assez rude, compte tenu du nombre important de cireurs ambulants qui opèrent dans le même coin. Mais, cette femme mariée n’entend pas se faire prier. La trentaine révolue, Nadine s’adonne depuis 10 ans à ce métier autrefois considéré comme l’apanage des hommes.
Nombre de ses congénères ayant choisi de vendre soit le légume, soit le poisson, soit la braise, Nadine Toko a jeté son dévolu sur le métier de cireur. Elle est parmi les rares femmes, à la fois mères et cireuses, et se dit fière de l’être depuis plus d’une décennie.
Portant son enfant au dos, Nadine Toko parcourt quotidiennement les rues de Kinshasa à la recherche des clients. Elle n’a aucun complexe d’être cireuse aux côtés de ses collègues hommes. Ce qui la différencie des autres femmes. "Je me rends partout. Mes clients se recrutent partout. C’est-à-dire tout Kinshasa. Mais mon lieu de prédilection est la RTNC1 où j’ai des clients hommes et femmes", souligne cette mère des six enfants.
Selon cette battante, dans le contexte actuel, une femme ne peut pas rester les bras croisés et attendre tout de l’homme. A la question de savoir pourquoi avoir opté pour le métier de cireur, elle répond avec sourire par ce dicton : "Il n’y a pas de sots métiers, mais il n’y a que de sottes gens". Et de poursuivre : "Il n’y a pas un travail réservé uniquement à l’homme et un autre qui soit le privilège de la femme. L’argent n’a pas de couleur. On ne sait pas faire la différence entre l’argent de l’homme et celui de la femme", affirme-t-elle sans ambages.
UN METIER SANS PERTE
Elle n’ignore pas le nombre de calories brûlées au quotidien. Mais cette perte d’énergie est compensée par la recette journalière.
"Je gagne parfois 10.000, 15.000 voire 18.000 Fc par jour. C’est un métier qui n’a pas de perte. Il n’y a que des bénéfices", rassure-t-elle.
C’est avec cet argent que Nadine Toko arrive à faire face à certaines dépenses incompressibles de son ménage. Notamment, les frais de scolarité de ses enfants, ses propres besoins. Même si elle reconnait que c’est par manque de moyens qu’elle s’est retrouvée cireuse, Nadine Toko n’a, cependant, aucun regret. "
Je n’avais pas un capital pouvant me permettre de vendre soit le légume, la braise ou n’importe quel autre produit. J’ai essayé avec le cirage. Au départ, j’avais honte. Mais au fur et à mesure, je me suis rendu compte que c’est bénéfique et j’ai continué jusqu’à ce jour", indique-t-elle.
Contrairement à certaines femmes qui sont encadrées par des ONGs, Nadine Toko a préféré évoluer en cavalière solitaire. Selon cette mère et cireuse, certaines ONGS exploitent les gens. "Ces dernières vous financent seulement avec 1500 fc comme capital devant servir à acheter juste trois boîtes de cirages [noir, rouge et neutre]. Et vous êtes obligé de sillonner toute la ville à la recherche des clients.
A la fin de la journée, vous verser 10.000 Fc à la responsable de l’ONG qui hume calmement de l’air frais chez elle. Vous allez attendre votre salaire à la fin du mois. Au regard de ces conditions, j’ai préféré travailler pour mon propre compte, plutôt que d’attendre un pourcentage rétribué en guise de salaire mensuel, précise Nadine Toko.
Aux jeunes filles qui passent leur temps à quémander ou à se prostituer, Nadine Toko leur demande de suivre son exemple parce que la main qui donne a toujours quelque chose de caché. "Si tu demandes aujourd’hui, on te donne. Demain ou après-demain tu fais la même chose et l’homme fait encore un geste. Au bout d’un certain temps, il va te demander autre chose en termes de retour sur l’investissement [suivez mon regard]. Tu seras obligée d’accepter parce que tu as une dette morale envers lui. Je conseille aux jeunes filles de trouver une occupation. Il y a certains petits commerces de survie qui ne demandent pas beaucoup de moyens au départ mais qui sont rentables", conclut-elle.
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