Politique
De Mobutu à Kabila père et fils, blanc bonnet, bonnet blanc !
« Comprenez mon émotion ! ». Cette phrase célèbre a été prononcée le 24 avril 1990 par Le Grand Léopard, le maréchal Mobutu Sese Seko, obligé d’ouvrir l’espace politique, malgré lui, ce qui a d’ailleurs conduit à sa descente aux enfers.
Et bien, l’ex Zaïre était passé du monopartisme au pluralisme politique. A la même occasion, Mobutu a pris congé du Mouvement Populaire de la Révolution, parti unique, créé depuis le 20 mai 1967, dont l’idéologie était couchée dans le Manifeste de la N’sele, brochure expliquant entre autres le projet de société de cette formation politique dont le président de la République était le président fondateur.
Outre le fait de changer de look vestimentaire, en basculant de l’Abas-Cost à la veste assortie d’une cravate, les Zaïrois ont vu beaucoup de partis politiques sortir de la clandestinité pour exercer désormais publiquement. Parmi eux, l’Union pour la démocratie et le progrès social (Udps) qui existait depuis 1982.
Du coup, plusieurs autres formations politiques de l’Opposition ont vu le jour. Un seul objectif : faire partir le dictateur qui a régné sans partage depuis le 24 novembre 1965, à la suite d’un coup d’état militaire. C’est ainsi que des partis et formations politiques ont commencé à exercer d’énormes pressions pour obtenir son départ, l’Udps en tête, avec l’indomptable Etienne Tshisekedi.
C’est l’époque où le dictateur était affaibli par des journées villes mortes, marches pacifiques et autres grèves générales. La population, clochardisée et paupérisée ne jurait que sur le départ de ce régime sanguinaire et dictatorial.
D’ailleurs, les agents de la Fonction publique avaient, symboliquement, inhumé le chef de l’Etat, au regard des conditions sociales inhumaines dans lesquelles ils vivaient : sous payés, mal payés, leur enveloppe mensuelle était indécente.
En 1991, sérieusement touché sur le plan interne par un adversaire poids lourd, Etienne Tshisekedi, Mobutu a été obligé de convoquer la Conférence nationale souveraine, présidée par l’archevêque de Kinshasa, Laurent Monsengwo.
C’était une des occasions de sceller le sort de ce dictateur. Voyant le pire venir, il a suspendu les travaux de ce forum qui mettait à nu le caractère dictatorial de son régime.
C’est ainsi que le 16 février 1992, des chrétiens catholiques ont organisé une méga marche dont les stigmates sont encore visibles à ce jour.
Le mobile était d’obtenir la réouverture de la Conférence nationale souveraine. Les laïcs chrétiens sont tombés sous les balles de la dictature. Dans les annales de l’histoire politique de la RDC, il est inscrit « le massacre des chrétiens ». A l’époque, le gouverneur de la ville de Kinshasa s’appelait Valentin Kibabu Madiata Nzau.
Un quotidien avait titré, « Valentin, pourquoi me persécutes-tu ? », faisant allusion à Dieu qui avait interpellé Paul, car ce dernier persécutait son peuple. Immédiatement après, Mobutu s’est retiré à Kawele, province de l’ex Equateur, pour suivre de loin l’évolution de la situation politique. D’où le surnom de « l’Aigle de Kawele ».
Après, c’était l’épisode de la nomination d’Etienne Tshisekedi comme premier ministre élu de la Conférence nationale souveraine, puis sa révocation, suivie d’une autre nomination… Par la suite, exactement comme aujourd’hui avec l’actuel régime, Mobutu a commencé à débaucher dans les rangs de l’Opposition, principalement l’Udps. Il a dédoublé l’Union sacrée pour nommer les premiers ministres de son choix. Mais cela n’était pas la solution. Car la situation ne faisait que s’aggraver.
Et bien, en octobre 1996, l’Afdl a débuté son entreprise de rébellion via la lutte armée. Il ne lui a fallu que sept mois pour chasser Mobutu. C’était exactement le 17 mai 1997. Le dictateur parti, tous les Congolais étaient enfin contents de vivre librement dans leur pays, sans arme sous la tempe.
Au début, il y a eu un semblant de retour à un état de droit. Mais curieusement, Mzée Laurent-Désiré Kabila a suspendu toutes les activités politiques. Seule l’Afdl pouvait se mouvoir sur le terrain. C’était un mauvais signal, une entorse à la démocratie.
En 1998, une guerre inattendue a éclaté à l’Est de la RDC. Mzée s’est battu avec ses alliés d’hier qu’il a qualifiés d’ « aventuriers ». Cette guerre s’est poursuivie jusqu’en 2001, lorsque Laurent-Désiré Kabila a été assassiné, laissant plusieurs opposants en prison, d’autres en exil. A la venue de Kabila-fils, ce dernier a réussi à mettre fin à la guerre en organisant la transition 1+4.
Les règles démocratiques étaient quasi respectées. Mais après sa première élection en 2006, le système a commencé à ressembler à celui de la deuxième république. Les Mobutistes d’hier se sont reconvertis en Kabilistes. Même chose après les élections de 2011.
A ce jour, 28 ans après, la démocratie est en recul en République démocratique du Congo. Les droits de l’homme ne sont pas respectés. Des opposants à l’instar d’Eugène Diomi Ndongala, Franck Diongo, Jean-Claude Muyambo… croupissent en prison pour leurs opinions. Des combattants de l’Udps, de la DC, du MLP, des activistes de droits de l’homme et des mouvements citoyens, sont soit arrêtés, soit traqués, ou encore soumis à la clandestinité.
Le pouvoir en place manifeste, de manière voilée, son refus d’organiser les élections démocratiques, pacifiques et transparentes, en vue d’opérer l’alternance au sommet de l’Etat. Des services dits « secrets » ou de « renseignements » créent la terreur, s’érigeant en appareil de répression de l’Opposition.
Ils s’arrogent même un pouvoir qui est au-dessus de l’appareil judiciaire. Ils peuvent arrêter ou enlever une victime, la détenir irrégulièrement pendant au temps de mois ou d’années, de fois sans droit de visite. Pourtant, son juge naturel est là.
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