Société
Mécontents du décret pris le 30 mai 2018 par le Premier ministre, Bruno Tshibala, portant levée de la surséance de l’exécution des décrets du 13 juin 2013, conférant le statut de ville et de commune à certaines agglomérations, les autorités traditionnelles expriment leur inquiètude sur ce décret qui, selon eux, vise la restriction du pouvoir coutumier. Ainsi, ils dénoncent ce qu’ils qualifient de « mise en œuvre d’un plan de la balkanisation de la RDC ».
Au cours d’une réunion tenue la semaine dernière, sous la direction de sa majesté Lemba Lemba, l’association des autorités traditionnelles du Congo ont manifesté leur crainte face à la porosité des frontières que risque de créer l’anéantissement de leur pouvoir, étant donné qu’elle a toujours été gardienne du temple. « Avec le décret du Premier ministre, certaines entités coutumières de l’Est de la RDC, autrefois sous tutelle de chefs de groupements, seront dirigées par des administrateurs du territoires, autorités désignées par le ministère de l’Intérieur. N’étant plus sous l’autorité coutumière tel qu’établies par nos ancêtres, ces nouvelles communes et villes créées risqueront d’être infiltrées par des étrangers qui en ont toujours eu l’habitude et qui, depuis des années, ont fait face à notre résistance », a fait remarquer une autorité coutumière à l’issue de la réunion.
Pour rappel, le décret du Premier ministre Bruno Tshibala confère le statut de villes et communes à certaines agglomérations notamment certaines entités coutumières. Pourtant, Adolphe Muzito alors Premier ministre, initiateur du projet avait suspendu l’exécution de tous les décrets relatifs à cette problématique. Il en est de même pour son successeur Augustin Matata Ponyo qui, avait sursis l’exécution des décrets conférant le statut de ville et de commune à certaines agglomérations de la RDC. « Le décret du Premier ministre Bruno Tshibala vient de poignarder le président de la République, Joseph Kabila qui a toujours accordé une importance aux autorités coutumières. Il a, en même temps, déstabilisé les autorités coutumières et traditionnelles de la RDC », a fustigé un membre influent de l’association des autorités traditionnelles de la RDC.
Selon certains spécialistes, le pouvoir coutumier contribue significativement à la sécurité intérieure du pays. Une fois affaiblis, soutiennent d’autres, les chefs coutumiers deviennent aussitôt inefficaces et vulnérables. Et par ricochet, c’est la sécurité intérieure qui devient de plus en plus fragiles, principalement au niveau des villages se trouvant le long des frontières nationales.
La loi n° 15/015 du 25 août 2015 fixant le statut des chefs coutumiers dispose, en son article 3 que « l’autorité coutumière s’exerce au sein des entités suivantes : la chefferie, le groupement, le village, organisé sur base de la coutume locale ».
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