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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 avril 2024
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Francophonie : pourquoi la nomination d'une Rwandaise soutenue par Macron fait polémique

2018-10-11
11.10.2018
Culture
2018-10-11
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Une Rwandaise, Louise Mushikiwabo, doit être nommée vendredi à la tête de la Francophonie. Sa candidature est notamment soutenue par Emmanuel Macron. Un choix critiqué par Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, des socialistes, des associations mais aussi certains pays africains. Et il y a notamment 4 raisons à cela.

Le sommet de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), organisé à Erevan, en Arménie, jeudi et vendredi, devait sacrer le retour de l'Afrique à la tête de l'organisation, après quatre années de direction canadienne. Mais l'élection se déroule sur fond de polémique, alors que les membres de l'OIF s'apprêtent à élire la Rwandaise Louise Mushikiwabo. L'actuelle ministre rwandaise des Affaires étrangères est pourtant soutenue par la majorité des pays africains et par Emmanuel Macron et elle a la voie libre depuis que le Québec a retiré son soutien à la secrétaire générale sortante, la Canadienne d'origine haïtienne Michaëlle Jean, qui briguait un nouveau mandat.

Mais cela ne plait pas à tout le monde, les critiques relevant de 4 éléments :

  1. Le Rwanda a fait de la langue anglaise la langue obligatoire à l'école et a rejoint le Commonwealth.
  2. Le Rwanda du président Paul Kagame est régulièrement accusé de violations des droits de l'homme.
  3. L'activisme de l'axe Paris-Kigali pour soutenir cette candidature a été perçu par certains comme un retour de la Françafrique. 
  4. D'autres reprochent à Emmanuel Macron d'utiliser cette élection pour se rapprocher du Rwanda, alors que la relation bilatérale a été maintes fois malmenée.

1 - Au Rwanda, l'anglais plutôt que le français

Parmi les critiques formulées à l'encontre d'un secrétariat général donné au Rwanda, figure donc la primauté de l'anglais sur le français dans le pays. Kigali a en effet remplacé le français par l'anglais en tant que langue obligatoire à l'école. Le Rwanda a par ailleurs rejoint le Commonwealth, pendant anglophone de l'OIF. C'est d'ailleurs en anglais que le président rwandais Paul Kagame avait annoncé la candidature de sa ministre.

De quoi faire bondir les défenseurs de la langue française. "Y a-t-il au monde un pays moins bien placé que le Rwanda pour prétendre présider aux destinées de la francophonie linguistique? Sans doute pas", écrivaient ainsi mi-septembre dans une tribune publiée dans Le Monde Charles Josselin, Pierre-André Wiltzer, Hélène Conway-Mouret et André Vallini, quatre anciens ministres français chargés de la Francophonie.

Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon en ont remis une couche jeudi. La première a estimé que la ministre rwandaise était "violemment anti-française" et que le pays avait "tourné le dos au français" ; le second a lui jugé qu'Emmanuel Macron était "l'ennemi de la francophonie" par son soutien à un pays "grossièrement anglophile".

Mais ce n'est pas la vision de la francophonie du président français, qui estime que le plurilinguisme sert, in fine, la langue française. "Le combat fondamental pour notre langue est un combat pour le plurilinguisme", a-t-il d'ailleurs répété jeudi. Et à ceux qui insistent, il a rappelé un élément : "L'épicentre de la langue française est sans doute dans le bassin du fleuve Congo."

2 - Le Rwanda de Kagame, ce sont aussi des accusations de violations des droits de l'homme

Au-delà de la primauté de l'anglais sur le français, le Rwanda est surtout accusé de violer les droits de l'homme. Or, l'OIF a inscrit le soutien aux droits de l'homme parmi ses missions premières. Une situation notamment dénoncée par l'ONG Reporters sans frontières, qui estime que Kigali pratique "censure, menaces, arrestations, violences, assassinats" contre les journalistes qui osent dénoncer l'autoritarisme de ses dirigeants. 

La même critique est venue de la secrétaire générale sortante, Michaëlle Jean, abandonnée par tous, Québec et Canada compris. "Une organisation qui ruse avec les valeurs et les principes est déjà une organisation moribonde", a-t-elle ainsi lancé lors de son discours jeudi.

Jean-Luc Mélenchon a lui décrit Louise Mushikiwabo comme la "membre du régime dictatorial de Paul Kagame (...) au pouvoir depuis 18 ans". Récemment interrogée par l'AFP, Louise Mushikiwabo avait elle assuré que "la majorité des Rwandais (étaient) contents du système démocratique".

Paul Kagame, crédité de l'important développement d'un pays exsangue au sortir du génocide de 1994, est régulièrement accusé de bafouer la liberté d'expression et de museler toute opposition. Il a été réélu le 4 août 2017 pour un nouveau mandat de sept ans avec 98,7% des voix. 

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a répondu jeudi à ces deux premières critiques - le français et les droits de l'homme -, assurant qu'Ottawa continuerait à "promouvoir et défendre (…) les droits de la personne et la langue française".

3 - L'axe Paris-Kigali pour pousser la candidature de Louise Mushikiwabo a été mal perçu en Afrique

En Afrique, si la majorité des pays soutient la candidature de la Rwandaise, peu montrent leur enthousiasme. "Tous les chefs d'Etat membres de l'Union africaine francophones ont décidé de soutenir une candidature africaine. Le Gabon, à ce que je sache, fait partie de l'Union africaine, donc le Gabon va aussi soutenir une fille du continent", a ainsi déclaré en septembre le président gabonais Ali Bongo Ondimba.

Lors de son dernier sommet, en juillet à Nouakchott, l'Union africaine (UA), présidée par le Rwandais Paul Kagame, avait demandé à tous ses membres appartenant à l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) de soutenir la candidature rwandaise. Une décision qui faisait suite à l'officialisation de la candidature de la ministre des Affaires étrangères, depuis Paris, par Paul Kagame, en mai, au côté d'Emmanuel Macron.

Et c'est justement cet axe Paris-Kigali qui s'est mis en place pour soutenir la candidature de Louise Mushikiwabo qui a été légèrement mal perçu en Afrique. De l'avis des observateurs, plusieurs régimes africains ont eu l'impression de se faire forcer la main. D'où leur soutien peu expressif. "Cela les embête un peu parce qu'ils ont le sentiment que c'est comme si Macron leur avait coupé l'herbe sous le pied en s'avançant le premier", explique ainsi l'un d'entre eux. Un soutien actif et public pourrait en effet être perçu comme s'il était influencé par la France.

On aurait pu ajouter "encore influencé par la France", tant le mot "françafrique", désignant les réseaux de relations officieuses entre la France et le continent africain pendant de nombreuses années, est ressorti à l'occasion de cette élection. "Ça fait réseautage, ça fait Françafrique", estime ainsi Alex Kipré, écrivain et éditeur ivoirien, journaliste au quotidien gouvernemental Fraternité Matin, interrogé par l'AFP. Même son de cloche du côté d'un dirigeant de l'opposition mauricienne, Paul Bérenger, qui juge que "la façon dont le président Macron traite la Francophonie comme un jouet de la France est scandaleuse".

4 - Certains reprochent à Emmanuel Macron d'utiliser cette élection pour se rapprocher du Rwanda

Enfin, dernière critique, celle qui consiste à penser qu'Emmanuel Macron utilise cette élection - et son soutien à la candidate rwandaise - pour se rapprocher du Rwanda. "La France fait de la Francophonie un levier de rapprochement avec le Rwanda, mais elle utilise ça au détriment des pays démocratiques", juge ainsi pour l'AFP l'éditorialiste politique sénégalais Babacar Justin Ndiaye.

Dans les six mois qui ont suivi son accession au pouvoir, le président français a rencontré trois fois son homologue rwandais, avant de le recevoir à Paris en mai dernier, une première depuis 2011. Entre les deux pays, le contentieux judiciaire n’est pas réglé sur les responsabilités concernant le génocide rwandais. Le Rwanda accuse toujours la France d'avoir été complice des génocidaires en 1994. Parallèlement, des proches du président Kagame sont toujours mis en examen en France dans l'enquête sur l'attentat contre l'avion du président Habyarimana, qui a précédé le génocide. Kigali aimerait voir ce dossier refermer.

Depuis l'élection de Paul Kagame, la première en 2000, les relations entre Paris et Kigali ont connu des hauts et des bas. Le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Renaud Muselier l'avait constaté à ses dépens en 2004, alors qu'il participait, à Kigali, aux commémorations du 10e anniversaire du génocide. Il avait dû quitter le stade où se déroulait la cérémonie après avoir entendu Paul Kagame accuser, depuis la tribune officielle, les Français d'avoir "délibérément sauvé les tueurs sans protéger les victimes". 

Les relations diplomatiques entre les deux pays avaient ensuite été rompues en 2006, alors que juge français Jean-Louis Bruguière recommandait des poursuites contre Kagame devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda pour sa "participation présumée" à l’attentat contre Juvénal Habyarimana.

Elles avaient finalement repris en 2009 et Nicolas Sarkozy était allé sceller la réconciliation à Kigali le 25 février 2010, reconnaissant, pour la première fois, "de graves erreurs d'appréciation" et "une forme d'aveuglement" de la France avant et pendant le génocide. 

La France considère que le Rwanda reste un allié de poids dans une région instable. En mai dernier, les présidents français et rwandais avaient d'ailleurs affiché leurs convergences de vues sur un certain nombre de crises. Pour l'heure, Paris n'a toujours pas d'ambassadeur à Kigali mais l'invitation a été lancée au président français de venir au Rwanda dans les prochains mois. Dans ce contexte, le soutien à l'élection de la Rwandaise Louise Mushikiwabo à la tête de l'OIF concrétise ce rapprochement.

Marianne Enault
JDD / MCP, via mediacongo.net
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