Style et Beauté
Première « Miss Handicap » de Côte d’Ivoire, Getheme Loukou, 25 ans, doit rendre visible une réalité taboue qui concerne 2 % de la population. Mais sans moyens, difficile de s’imposer et de changer les mentalités.
À l’oral, son prénom interpelle. Getheme, prononcé « je t’aime », représente « tout l’amour » que ses parents ont pour elle. Mais « actuellement, pour mes amis, c’est « la Miss » », s’amuse-t-elle. Ce statut de star est bien nouveau pour l’étudiante en master d’espagnol à l’université Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan. Elle a été élue fin mai première Miss Handicap Côte d’Ivoire, seul pays africain après le Cameroun à organiser cette compétition, qui existe dans tous les pays d’Europe.
Getheme Loukou, qui vient de fêter ses 25 ans, a mis toute une vie à s’accepter. Son raccourcissement de la jambe gauche à l’âge d’un an, traité sur le tard, a suscité un rejet de ses camarades à partir du CM2. « Petite, ce n’était pas un problème. C’est en grandissant, par des moqueries et des injures à l’école, que j’ai su que j’avais un handicap et que le complexe s’est installé », se remémore la native de Yamoussoukro.
« Je n’ai plus honte »
Getheme pose en pied, et avec sa couronne à la finale du concours Miss Model Ivory Coast. (Photos : Amandine Réaux / DR)
Quand la jeune femme de 1,50 m entend parler de Miss Handicap, son entourage est sceptique. Elle ne se laisse pas décourager, s’inscrit et devient « plus confiante et motivée » lors du shooting photo concocté par quelques amies. L’étudiante passe les sélections en ligne départageant 30 prétendantes handicapées moteur et elle convainc le jury lors des défilés et du discours de la finale.
Les raisons ? Miss Handicap répond par un rire gêné : « J’ai eu beaucoup de chance… Je n’étais pas la plus belle, mais il y a peut-être eu quelque chose qui fait que je me suis démarquée des autres. »
La compétition a aidé la jeune femme à se débarrasser de ses complexes : « Avant, je n’étais pas aussi ouverte, j’avais des difficultés lorsqu’on parlait du handicap. Depuis ce concours, je n’ai plus honte de moi. »
Concours sans sponsors
Daniele Bikpo l’organisatrice du concours Miss Handicap en Côte d’Ivoire. (Photo : Amandine Réaux)
Mais selon Danièle Bikpo, organisatrice du concours, il est trop tôt pour parler de changement des mentalités. « Le mot « Miss » choquait, certains disaient qu’elles n’étaient pas assez belles pour être Miss », se désole-t-elle.
L’absence de sponsors et le désistement à la dernière minute du ministère des Affaires sociales n’ont pas aidé à rendre l’événement visible. Il a néanmoins permis aux candidates et à leurs familles de se sentir valorisées.
« Les Miss doivent être diplômées, instruites et éduquées », pose Danièle Bikpo, afin d’offrir « un exemple aux parents de petites filles handicapées », bien plus souvent déscolarisées que les garçons. Elles sont ensuite en extrême minorité par rapport aux hommes (environ 15 %) sur le marché de l’emploi.
Améliorer l’accessibilité
Getheme à l’entraînement de tennis de table. (Photo : Amandine Réaux)
Lors de son mandat, Getheme Loukou a pour mission d’améliorer l’accessibilité des handicapé(e)s, au nombre de 450 000 dans un pays de 24 millions d’habitants. « Plusieurs étudiants ont des difficultés à se déplacer sur le campus, il y a des escaliers et des marches partout. Moi-même, quand je marche beaucoup, le lendemain j’ai des douleurs à la hanche. En Côte d’Ivoire, les transports en commun et les bâtiments ne sont pas adaptés, il y a vraiment du boulot à faire », constate-t-elle.
Getheme discutant avec Estelle, une thésarde en biochimie également handicapée. (Photo : Amandine Réaux)
Mais sans moyens financiers, difficile de faire passer le message. « On n’a pas forcément bien exprimé le rôle de la Miss, concède Danièle Bikpo. Il faut qu’on présente autre chose que la beauté, mais au fil du temps, sa voix portera. »
L’engouement suscité a posteriori par la compétition l’a convaincue d’organiser une deuxième édition incluant des femmes avec une « déficience intellectuelle », ainsi que Miss Handicap Afrique en 2019.
Getheme Loukou, qui est aussi vice-championne de tennis de table en Côte d’Ivoire, assène : « Ceux qui se moquent des personnes en situation de handicap ne savent pas ce qu’ils disent. Tu peux sortir de chez toi le matin et rentrer handicapé(e) le soir. Personne n’est à l’abri du handicap. »
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