Politique
Encore dans l'ombre de Joseph Kabila, cent jours après son accession au pouvoir, Félix Tshisekedi cherche toujours ses marques.
« Les 100 premiers jours confirment que monsieur Félix Tshisekedi a été nommé par Kabila. Cent premiers jours sans Premier ministre, sans gouvernement. Pendant ce temps-là, il recherchait la reconnaissance à l'extérieur du pays », répète, en interview et en meeting, l'opposant Martin Fayulu. Ces dernières semaines, les critiques pleuvent sur le nouveau pouvoir congolais. « S'il avait un quelconque pouvoir, il allait nommer un Premier ministre et un gouvernement. S'il avait le pouvoir, les gouverneurs devraient lui faire allégeance. Au lieu de ça, ils vont plutôt prendre les instructions du côté de l'ex-président Kabila. S'il avait le pouvoir, il allait contrôler tout ce qui se passe dans le pays. À vrai dire, il ne contrôle absolument rien », a ajouté la tête de pont de la coalition Lamuka. Impensables sous la présidence Kabila, les manifestations de l'opposition autour de Martin Fayulu pour la « vérité des urnes » sont aujourd'hui autorisées et encadrées, et même diffusées à la télévision publique (RTNC).
L'ombre de Kabila toujours et encore ?
Félix Tshisekedi, fils de feu Étienne Tshisekedi et patron de l'UDPS, est le cinquième président de la RDC. Il a prêté serment le 24 janvier dernier après un long et mouvementé processus électoral. Mais, au fur et à mesure que s'est approchée sa probable victoire, son alliance avec l'ancien président Joseph Kabila a éclaté au grand jour et tout le monde sait à Kinshasa et ailleurs que l'ombre de ce dernier plane sur les premiers pas de Félix Tshisekedi. Surtout que c'est à la plateforme FCC de l'ancien président que revient une large majorité à l'Assemblée nationale, au Sénat et dans les assemblées provinciales. Cent jours après, l'heure est au bilan. Et c'est sur le terrain de la gouvernance qu'est véritablement scruté Félix Tshisekedi. Les Congolais attendaient avec impatience de voir son style à l'exercice du pouvoir.
En effet, Felix Tshisekedi, trois mois après sa prise du pouvoir, n'a désigné ni Premier ministre ni gouvernement. « Il n'est pas intéressant de trop laisser traîner les choses », estime Charles Manda, un analyste politique. Poursuivant ses propos : « Pour le moment, on parle des tractations, et encore des tractations au sujet de la nomination du nouveau Premier ministre. Nous espérons que tout le temps passé à discuter autour de cette question contribuera à mettre à l'avant-plan l'intérêt supérieur de la nation et nommer une personnalité qui sera au service du peuple. » Pour beaucoup de Congolais comme pour les scrutateurs de la vie politique congolaise, l'incapacité à nommer un chef pour son premier gouvernement est un signe qui ne trompe pas.
Des mesures symboliques...
Mais du côté du Cap pour le changement (CACH), la principale coalition qui a soutenu la candidature de Tshisekedi à la présidence dont fait partie l'UNC, le parti de son actuel directeur de cabinet monsieur Vital Kamerhe et l'UDPS son parti, on joue à l'optimisme et à l'apaisement. Les critiques les plus virulentes viennent en effet du côté de l'opposition (Lamuka) et aussi d'une grande partie de la société civile, ils estiment tous que le successeur de Joseph Kabila ne contrôle « presque rien. » La nuance est de taille, car, sur le plan politique, Félix Tshisekedi a rapidement dévoilé le 2 mars dernier lors d'un meeting à Kinshasa plusieurs mesures d'urgences phares.
Et de nombreux défis
Pour Jean-Poupon Kalala, enseignant et militant de l'UDPS, « les 100 premiers jours ont été un signal fort en matière de droits de l'homme et de la bonne gouvernance », avance-t-il. « Le président a ordonné la fermeture des cachots des services spéciaux, rendant libres des centaines de citoyens arrêtés pour des motifs divers, le plus souvent futiles, la libération des prisonniers politiques et d'opinions notamment l'annulation des poursuites judiciaires contre l'opposant en exil Moise Katumbi, la transformation de la RDC en chantier avec des travaux de construction et réhabilitation des infrastructures. En 100 jours, c'est trop par rapport aux 18 ans de son prédécesseur. ». Avant d'ajouter : « Nous sommes confiants et optimistes », mais, nuance-t-il, « le président devrait aussi éviter de trop promettre ».
Esther Mumbi, étudiante en sciences économiques à l'université de Kinshasa, estime, quant à elle, que « l'utilisation de l'argent de l'État par Félix Tshisekedi n'est pas encourageante si l'on s'en tient au respect de la bonne gouvernance. Le gaspillage de l'argent de l'État, la corruption, les dépenses non maîtrisées ne peuvent que nous diriger tout droit vers des incertitudes. » Des craintes corroborées par le dernier rapport de la Cour des comptes, qui a révélé la semaine dernière un dépassement de 120 % du budget de la présidence depuis l'arrivée de Félix Tshisekedi.
Enfin, le nouveau chef de l'État est aussi très attendu sur le plan sécuritaire dans ce vaste pays d'Afrique centrale. En effet, la situation sécuritaire se détériore de plus en plus ces derniers temps. L'organisation terroriste État islamique a revendiqué le 18 avril dernier, pour la première fois, une attaque sur le sol congolais, dans la province agitée du Nord-Kivu près de la frontière avec l'Ouganda. Au moins deux soldats congolais ont été tués le 16 avril dans cette attaque à Kamango, dans le territoire de Beni, de quoi alimenter l'inquiétude chez les Congolais vu le mode opératoire de cette organisation terroriste. Le président Félix Tshisekedi devra faire face.
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