Economie
Lors qu’une équipe du FMI arrive à Kinshasa, le 22 mai prochain pour des consultations au titre de l’article IV, le Fonds, dans son dernier rapport de « Perspectives économiques de l’Afrique subsaharienne » fait état d’une reprise dans un contexte de grande incertitude.
La RDC n’est pas loin de cette réalité. Contre le taux de croissance de 5,9% projetée par la Banque centrale du Congo en 2019, le FMI table plutôt sur un taux de 4,3%. De l’avis du FMI, la bonne santé de l’économie congolaise reste encore fragile. Par conséquent, le FMI rappelle aux autorités congolaises « la nécessité d’accroître la résilience et de générer une croissance plus durable, plus élevée et plus inclusive ».
C’est le 22 mai 2019 que les experts du département Afrique du Fonds monétaire international débarquent à Kinshasa pour des consultations au titre de l’article IV de ses statuts. C’est le préalable que le FMI avait posé avant de rouvrir le cycle des négociations pour la conclusion d’un nouvel accord avec la RDC. L’on se rappelle que c’est depuis le 12 novembre 2012 que la RDC n’est plus en programme avec le FMI. En six ans, beaucoup d’eaux ont coulé sous le pont.
Avec l’avènement de Félix Tshisekedi, la RDC pense rétablir le pont avec le FMI. Cependant, le pays doit se soumettre à un profond audit de ses comptes par les experts du FMI. Du 22 mai au 4 juin 2019, les autorités congolaises devront se soumettre à cet exercice.
Une reprise dans l’incertitude
Bien avant l’arrivée de ses experts en RDC, le FMI vient de publier les « Perspectives économiques pour l’Afrique subsaharienne » ; un rapport qui fait l’état des lieux de 45 économies subsahariennes, dont celle de la République démocratique du Congo.
Dans ce rapport, le FMI ne cache pas ses inquiétudes sur la reprise économique en Afrique sub-saharienne dans « un contexte de grande incertitude ».
« La reprise économique se poursuit en Afrique subsaharienne. La croissance régionale devrait passer de 3% en 2018 à 3,5% en 2019, avant de se stabiliser à un peu moins de 4% à moyen terme.
Ces chiffres couvrant toute la région masquent des différences considérables à la fois en termes de croissance et de perspectives entre les différents pays de la région. Environ la moitié des pays de la région, essentiellement les pays pauvres en ressources naturelles, devrait connaître une croissance d’au moins 5% – ce qui aura pour conséquence une augmentation du revenu par habitant plus rapide que la moyenne mondiale à moyen terme. Pour tous les autres pays, majoritairement ceux riches en ressources naturelles, l’amélioration du niveau de vie sera plus lente », notent le FMI dans son rapport.
Si la Banque centrale du Congo table sur un taux de croissance économique de 5,9%, sur base des réalisations de la production à fin décembre 2018, le FMI mise plutôt, dans le cas précis de la RDC, sur un taux de croissance de 4,3, suivant des estimations arrêtées au 30 mars 2019.
Si la RDC s’attend, en 2019, à un taux de croissance positif, bien au-delà de la moyenne prévue par le FMI, l’incertitude reste pendante. La Banque centrale du Congo en est bien consciente. Au terme de la dernière réunion du Co- mité de politique monétaire, la Banque a noté que cette progression de taux de croissance entre 2017 et 2018 « tient principalement du dynamisme de l’activité dans le secteur primaire, sous l’impulsion, notamment des industries extractives ». C’est tout le problème.
Prenant en compte tous ces aspects, autant en RDC que dans d’autres pays de l’Afrique sub-saharienne, qui pourraient plomber la croissance économique en 2019, le FMI rappelle, dans son rapport, que « malgré ces différences en termes de perspectives économiques et de priorités en termes de politiques économiques, les pays de la région ont tous la nécessité d’accroître leur résilience et de générer une croissance plus durable, plus élevée et plus inclusive.
Pour relever ces défis, il est important de reconstituer une marge de manœuvre budgétaire et d’accroître la résilience de l’économie aux chocs en augmentant les recettes, tout en adoptant des politiques visant à stimuler la productivité et l’investissement privé ».
Quoi qu’ayant atteint depuis 2010 le point d’achèvement de l’Initiative d’effacement de la dette en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), la RDC continue à ployer sous le poids de la dette extérieure qui ronge ses maigres réserves en devises.
À ce propos, le FMI pense que « les vulnérabilités liées à la dette restent élevées dans certains pays. Les faiblesses des bilans publics pèsent également sur les positions extérieures : les réserves sont inférieures aux niveaux généralement jugés adéquats dans plus de la moitié des pays de la région ».
Dans le temps, le rapport relève que « le niveau élevé de prêts improductifs continue d’exercer de fortes tensions sur les systèmesfinanciers, tandis que les insuffisances des systèmes de gestion des finances publiques se traduisent par d’importants arriérés intérieurs, qui pourraient avoir une incidence sur la croissance et les systèmes financiers intérieurs ».
Dans un contexte d’incertitude économique au niveau mondial, le FMI note qu’« il est actuellement plus difficile encore qu’à l’habitude de répondre aux besoins d’investissement en capital humain et physique en raison de la compression de la marge de manœuvre budgétaire et d’un environnement extérieur moins porteur. Pour y parvenir, il est essentiel de reconstituer une marge de manœuvre budgétaire, d’accroître la résistance de l’économie aux chocs et de favoriser l’émergence d’un environnement propice à une croissance durable, élevée et inclusive ».
Autant pour la RDC que d’autres pays de l’Afrique subsaharienne, le FMI « souligne la nécessité d’accélérer les réformes et de calibrer l’ampleur et le rythme des ajustements de façon à garantir la compatibilité entre, d’une part, l’inflexion des politiques et, d’autre part, la crédibilité des objectifs macroéconomiques à moyen terme, le montant des financements disponibles et la viabilité de la dette. Si les divergences entre pays riches et pays pauvres en ressources naturelles transparaissent dans leurs perspectives de croissance, leurs priorités économiques et le poids de leurs contraintes budgétaires, ces pays ont les mêmes besoins, à savoir accroître leur résilience et générer une croissance durable, élevée et inclusive ».
Pour relever ces défis, le FMI propose deux pistes, à savoir « accroître les recettes, assurer l’efficience des investissements publics, consolider la gestion des finances publiques, maîtriser les risques budgétaires liés aux entreprises publiques, améliorer les cadres de gestion et de résolution de la dette et accroître la transparence. Il serait également important d’assouplir davantage les taux de change dans les pays qui n’appartiennent pas à une union monétaire, et d’améliorer la politique monétaire et les systèmes financiers ; accroître la productivité et l’investissement privé, tout en assurant un partage plus équitable des bienfaits d’une plus grande prospérité.
Pour cela, il faudra appliquer des mesures visant à rendre les marchés plus contestables et à créer un environnement propice à l’éclosion d’un secteur privé dynamique, notamment en supprimant les principaux freins aux activités des entreprises et à l’approfondissement de l’intégration commerciale (surtout dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale pour l’Afrique) et en améliorant l’accès aux services financiers et services de base (dont la santé et l’éducation) ainsi que leur prestation ».
Deux trajectoires de reprise sur fond de grande incertitude
Dans tous les cas, le FMI estime que la reprise économique devrait se poursuivre en Afrique subsaharienne et le taux de croissance passer, d’après les projections, de 3 % en 2018 à 3,5% en 2019, avec toutefois des performances économiques toujours divergentes. Vingt-et-un pays, essentiellement ceux dotés d’une économie plus diversifiée, devraient enregistrer une croissance d’au moins 5 % et rester sur la trajectoire de convergence remarquable de la croissance par habitant sur laquelle ils se trouvent depuis le début des années 2000.
Mais, pour le cas spécifi- que de la RDC et des pays qui ont bâti leur économie sur le secteur primaire, le FMI ne cache pas ses inquiétudes. « La croissance, dit-il, devrait rester anémique à court terme dans les 24 autres pays qui sont davantage tributaires des ressources naturelles ».
C’est dire qu’au-delà de bonnes perspectives économiques de 2019, la RDC n’est pas encore sortie des sentiers battus. Tant que sa croissance est largement tributaire des industries extractives, tout reste fragile. Avec des miniers qui hésitent à adhérer aux options retenues dans le Code minier révisé de 2018, tout peut arriver – jusqu’à inverser les tendances en termes de croissance.
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