Politique
Le premier discours de Félix Tshisekedi sur l’État de la nation a été globalement bien accueilli au sein de sa coalition au pouvoir (FCC-CACH). Au niveau de l’Opposition, les réactions sont croisées. Certains acteurs se sont montrés critiques et d’autres ont eu le courage d’apprécier le discours du 5ème président de la RDC devant le Congrès. Ci-dessous les réactions.
Les différents engagements pris par le chef de l’Etat Félix Tshisekedi sont appréciés au sein de sa coalition au pouvoir FCC-CACH.
Barnabé Kikaya bin Karubi du FCC note sur son compte twitter : « Pas d’inuendos, ni de quiproquo, ni d’insinuations, aucune maldonne, ni méprise politicienne. Le chef de l’Etat vient d’administrer une leçon aux extrémistes de tous bords sur ce qu’est un homme d’Etat. Aujourd’hui, je suis fier d’être Congolais. Chapeau bas Mr le Président ».
Jean-Marc Kabund de CACH, 1er vice-président de l’Assemblée nationale écrit : « Un grand jour pour un grand oral et, au bout du compte, une réussite éclatante. Tel a été le grand rendez-vous du président de la République avec et devant la nation toute entière. Je salue un discours limpide sans démagogie mais qui témoigne de la sincérité d’un homme engagé résolument à servir son peuple ».
Le député Henri-Thomas Lokondo apprécie le premier discours prononcé par le président Félix Tshisekedi devant le Congrès, surtout dans son volet consacré à la lutte contre la corruption. Selon lui, la RDC ne peut se développer sans avoir éradiqué la corruption.
« Comment vous pouvez avoir un budget voté de 10 milliards USD, si vous n’arrêtez pas la corruption, les détournements ou les malversations financières ? Donc, rien ne va aller ! », a affirmé Henri-Thomas Lokondo. Initiateur d’une proposition de loi sur la mise en place d’une agence nationale de lutte contre la corruption, l’élu de Mbandaka pense que le train de vie de la RDC dépend de l’éradication de ce fléau.
Il salue également les efforts consentis par le chef de l’Etat en vue de restaurer la paix dans l’Est du pays.
Le ministre de l’Industrie, Julien Paluku Kahongia a été marqué par la volonté de développer le secteur industriel exprimée par le président de la République. Pour le ministre de l’Industrie, les 6 zones industrielles établies par le chef de l’Etat vont offrir des avantages aux investisseurs, qui vont apporter des capitaux nécessaires pour créer 1 million d’emplois à l’horizon 2027-2030. « Le secteur industriel tient à cœur le président de la République parce qu’il a subdivisé la République en six zones industrielles, à l’intérieur desquelles on va construire des zones économiques spéciales avec les avantages y afférents. Les investisseurs éparpillés dans le monde sont les bienvenus durant l’année 2020, parce que ces zones économiques spéciales vont leur offrir des avantages fiscaux jamais égalés à travers le monde… pour qu’ils investissent en RDC et qu’à l’horizon 2027-2030, nous puissions avoir au minimum 1 million d’emplois », s’est réjoui l’ancien gouverneur du Nord-Kivu.
Par ailleurs, le ministre de l’Industrie a également noté avec satisfaction la détermination du président de la République de lutter contre la corruption afin de permettre au gouvernement de mobiliser, sans faille, les 10 milliards de dollars prévus dans le budget 2020. « J’ai noté que le chef de l’État a cité plus de dix fois la corruption, pour dire qu’il s’agit d’un fléau qui gangrène la vie aussi bien politique, économique que culturelle de la RDC. Et que donc, c’est un mal qu’il va affronter avec son gouvernement et chacun dans son secteur, pour que nous puissions relever le défi. Car les 10 milliards de dollars que nous nous sommes assignés à travers le budget, nous devons les réaliser et commencer à rencontrer les attentes de la population », a assuré Julien Paluku.
L’Opposition partagée entre appréciations et critiques
Un autre membre du gouvernement qui a réagi à chaud, c’est Pius Muabilu. Le ministre d’État en charge de l’Urbanisme et Habitat salue la détermination de Félix Tshisekedi à mettre fin aux constructions anarchiques. Le ministre de l’Urbanisme qui a réagi à travers son compte twitter, a indiqué que le discours du chef de l’État a tenu compte de ses propositions pour résoudre le problème de logement et surtout des constructions anarchiques dans la capitale comme dans les provinces.
L’autorité morale du Congrès National Congolais a, par ailleurs, fait observer que l’allocution du président de la République sur l’état de la nation constitue un cadre légal, mieux adapté aux défis de la gestion de nos espaces urbains pour accélérer notre développement.
Au sein de l’Opposition, des voix sont partagées entre l’appréciation et la critique.
Le député de l’opposition Gratien de Saint-Nicolas Iracan, élu de Bunia (Ituri) pour le compte du Mouvement Social (MS) que dirige Pierre Lumbi, salue le vœu de Félix Tshisekedi de revenir à une présidentielle à deux tours.
« Le discours du chef de l’État devant les parlementaires réunis en congrès témoigne certes d’une bonne volonté à développer le pays. Il faut aussi féliciter le vœu du président pour le retour des élections (présidentielles) à deux tours. Bien que cela passe par la révision de la Constitution, il faut cependant rester prudent pour que les élections présidentielles ne soient pas au second degré comme évoquées par certains camarades congolais », a dit le député de l’opposition MS-G7, Gratien de Saint-Nicolas Iracan.
Olivier Kamitatu, porte-parole de l’Opposant Moïse Katumbi, a réagi via son compte twitter en ces termes : « En distributeur automatique de promesses, Félix Tshisekedi a prononcé avec autosatisfaction une litanie de vœux pieux dans un environnement politique bétonné par son « allié ». « Saluons la volonté de respecter la Constitution et d’accélérer la désignation du porte-parole de l’opposition ! »
Un autre proche de Katumbi s’est montré critique. Le député Chérubin Okende a réagi en ces termes : « Je suis resté sur ma soif parce que j’attendais du chef de l’État une évaluation de son action à partir du moment qu’il a pris les rênes de la République, mais je me suis retrouvé dans beaucoup de volets, dans un discours de campagne… ».
Mais au plan sécuritaire, le député AMK a apprécié la relève annoncée « a perte diem » par le président de la République, des soldats ayant passé plus de temps dans certaines zones opérationnelles dans l’Est du pays, en l’occurrence Beni.
« Nous de l’opposition, saluons la relève des officiers ainsi que des soldats de rang dans la zone opérationnelle à l’Est du pays, mais aussi le plan actualisé de lutte contre les forces négatives. Ce discours doit refléter de la réelle volonté à changer les choses positivement dans les parties secouées par les atrocités. Le renforcement des capacités de l’armée et de la police doit être de vraies promesses compte tenu de l’actuelle situation sécuritaire vécue dans le pays », souhaite Chérubin Okende.
Une autre grosse voix, c’est Adolphe Muzito, actuel coordonnateur de la principale plateforme d’opposition, Lamuka. Il a d’abord formulé des critiques sur la forme : « Il a été creux, il a été vide, son discours n’est pas cohérent. Il fait encore des promesses alors qu’il vient de faire près d’une année de pouvoir. Il doit rendre compte de l’année qu’il est en train de parachever avec un budget en déficit. Il y a de l’amateurisme au sommet de l’État ».
Quant au fond, l’ancien Premier ministre estime qu’«il a trompé le peuple congolais avec des réalisations monstres que personne ne voit sur le terrain. Il occulte la véritable crise à l’Est du pays ; nous n’avons pas l’impression qu’il va faire ce qu’il promet parce qu’il n’a pas les moyens financiers, à cet effet. Il a un budget très faible : sur dix milliards [annoncés dans le budget 2020], il ne pourra mobiliser que cinq milliards ».
Pour sa part, le député et ancien ministre des Postes et Nouvelles technologies de l’information et de la communication, Emery Okundji, salue la détermination de Félix Tshisekedi à amener la RDC à occuper une place de choix dans le concert des nations et à rétablir totalement la paix dans l’Est du pays.
Pour Emery Okundji, au nombre d’aspects abordés dans ce discours présidentiel, la question de la gratuité de l’enseignement de base et le rétablissement total de la paix constituent des voies vers le développement d’une nation. « Le deuxième aspect qui m’a beaucoup plus frappé, c’est sa détermination à combattre les forces négatives et les terroristes qui sèment la mort et la désolation dans l’Est de notre pays », a-t-il affirmé.
Les encouragements du cardinal et du président du CNSA
Des autres personnalités, l’on note des réactions encourageantes. C’est notamment celle du cardinal Fridolin Ambongo : « Que cela ne s’arrête pas au niveau des discours comme nous l’avons entendu aujourd’hui. Que ce discours soit transformé, concrétisé en programme réel qui aide le peuple à sortir de sa misère actuelle ».
Pour sa part, le président du Conseil national de suivi de l’Accord et du processus électoral, Joseph Olenghankoy, félicite le président de la République.
« Le CNSA a suivi avec intérêt particulier, le discours sur l’état de la nation. Toutefois, le CNSA félicite le président de la République pour cette allocution qualifiée d’historique, équilibrée et hautement structurée, car ayant abordé à fond toute la problématique du développement de notre patrie, et ayant répondu aux attentes de notre population dans son ensemble. Il sied de noter que, dans son discours rien n’a été laissé au hasard, toutes les questions vitales qui touchent la vie de la nation ont été abordées avec minutie, il s’est apparu d’un à l’autre une trajectoire du processus de l’émergence et d’un développement soutenu de notre pays. Par cette occasion, nous sollicitons l’implication de toutes les forces vives de la nation aux niveau central et décentralisé, de ne ménager aucun effort, et de mobiliser toutes les énergies et les potentiels nécessaires afin de matérialiser cette nouvelle vision imprimée par le chef de l’Etat », note-t-on dans un communiqué de presse signé par Joseph Olenghankoy.
De son côté, Seth Kikuni, candidat malheureux de la dernière présidentielle, a réagi via son compte twitter : « Discours très structuré au début, éclectique au milieu, évangélique à la fin. Riche et prometteur sur le plan économique (secteur de l’énergie surtout), timide sur le plan politique, contradictoire sur le plan diplomatique (lien fraternel + armée forte). »
Autre réaction, c’est celle de Antoine Makay Akoka, secrétaire général de la Ligue des Démocrates Chrétiens (LDC), a félicité samedi le chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, pour avoir fait mieux en une année que ses collègues congolais qui ont exercé pendant 5 ans, 32 ans, 3 ans et 18 ans le pouvoir en République démocratique du Congo (RDC).
A. Makay également politologue congolais, chercheur et écrivain, a jugé positif aussi bien sur les thèmes que les résultats le discours du chef de l’État sur l’État de la nation.
Il a salué la capacité de Félix Tshisekedi à inscrire sur son agenda politique la quasi-totalité des problèmes qui rongent la société congolaise ainsi que sa ferme détermination à faire mieux. D’après lui, un manager public ne peut pas se plaindre du manque de ressources.
La lecture particulière du cercle de pensée « Section Bleue »
Ainsi, explique-t-il, la détention de la coercition légitime sur coût concentré ou collectif le conduit toujours à trouver les moyens pour élaborer et mettre en œuvre ses politiques publiques.
Un cercle de pensée dénommé « Section Bleue » donne aussi de la voix avec une lecture particulière du discours du chef de l’Etat.
Pour la Section Bleue que coordonne Me José Kadima, l’allocution de Félix Tshisekedi puise dans la théorie des jeux avec le win-win en préservant la stabilité institutionnelle et constitutionnelle.
Me José Kadima estime qu’en privilégiant les jeux coopératifs et les gains collectifs pour l’intérêt national, le président de la République est resté partisan de son paradigme postélectoral du partenariat politique au-delà des inclinations politiciennes. « En faisant du Congo le but supra ordonné, il fait de la bannière nationale l’objet d’aspirations collectives pour retrouver la paix à l’Est, pour résoudre les questions sociales permanentes », déclare le coordonnateur de la Section Bleue qui renchérit en ces termes : « les principes de l’Etat de droit réaffirmé, l’intangibilité des dispositions constitutionnelles verrouillées rappelées dans une nouvelle volonté exprimée, le chef de l’Etat a effacé les prérogatives des hommes forts pour appeler des principes impersonnels ».
Face au climat querelleur ou de tensions récurrentes entretenues au sein de la coalition, Me José Kadima voit Fatshi recourir aux théories à somme non nulle, refusant tout passage en force mais une marche concertée pour éviter d’exposer les Congolais à une gestion de crise politique. « Le discours du président de la République est une parfaite expression d’un Congo en quête de nouveaux déterminants internes et des forces profondes pour influencer son agir dans les concertations multilatérales », ne s’empêche-t-il d’argumenter.
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