Santé
Et si les cancers pouvaient être traités par une simple stimulation de notre système immunitaire? L’idée semble trop belle. Pourtant, l’équipe du Dr Claude Perreault, chercheur à l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC) de l’Université de Montréal, professeur à la Faculté de médecine de l’UdeM et hématologue à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, travaille très sérieusement à ce projet. Et ses découvertes sont impressionnantes… D’ici 10 ans, un vaccin universel pourrait nous immuniser contre la plupart des cancers!
«Oui, j’y crois, dit-il. On ne pourra pas traiter tous les cancers, mais certainement une grande majorité de ceux-ci.»
Une étude réalisée dans son laboratoire par une étudiante de troisième cycle en biologie moléculaire, Céline Laumont, est porteuse d’espoir. Les résultats obtenus pourraient permettre d’augmenter l’activité antitumorale des lymphocytes T. «Ces cellules immunitaires constituent une arme redoutable contre les cancers, puisqu’elles gardent en mémoire toutes les cellules anormales rencontrées et qu’elles peuvent vivre éternellement en se transformant en cellules souches, indique Claude Perreault. D’où l’idée d’accroître leur activité antitumorale grâce aux peptides qui stimulent leur production.»
Mais voilà, plusieurs chercheurs dans le monde essaient de mettre au jour les antigènes spécifiques des cellules cancéreuses. C’est que ceux-ci possèdent des propriétés qui permettent de les associer précisément à certaines tumeurs. Il serait donc possible d’améliorer les traitements d’immunothérapie en ciblant les cellules tumorales qui produisent ces peptides afin de les éliminer, sans nuire aux cellules saines. En vain.
Jusqu’à ce que Céline Laumont décide de regarder ailleurs, là où personne ne cherchait… Dans les séquences de notre ADN qu’on croyait non codantes (c’est-à-dire que leur fonction biologique n’est pas remplie par une protéine). Bingo! C’est là que les petites coquines se cachaient. «Étonnamment, les protéines immunogènes proviennent de séquences de l’ADN dont le rôle biologique était inconnu jusqu’à maintenant», affirme Claude Perreault.
«À ce jour, on pensait que tous les peptides présentés au système immunitaire étaient codés par moins de 2 % de nos gènes, ajoute-t-il. Le reste des séquences de notre ADN, soit 98 %, était considéré comme non codant.» Erreur. L’étude de Mme Laumont démontre que la totalité de notre ADN peut produire des peptides immunogènes, qui sont reconnaissables par notre système immunitaire.
Cette percée, qui représente une avancée significative dans le domaine de la cancérologie, a fait l’objet d’une publication en 2016 dans la revue scientifique Nature Communications.
À la recherche de l’antigène
Claude Perreault et son équipe étudient les cellules qui régissent le fonctionnement du système immunitaire, soit les lymphocytes T.
«C’est une découverte majeure, car toutes les cellules cancéreuses ont un ADN anormal. La reconnaissance du soi est donc capitale pour détecter les cellules infectées et les supprimer tout en épargnant celles qui sont saines», explique le Dr Perreault. Cette détection est possible grâce au système immunitaire, plus particulièrement aux lymphocytes T (pour «thymus»). Le Dr Perreault consacre depuis une quinzaine d’années ses travaux à cet organe méconnu.
Une étude antérieure menée dans son laboratoire avec des souris a montré l’importance des lymphocytes T dans les traitements. «On s’est aperçu que ce qui permettait de guérir, c’était les lymphocytes T, mentionne-t-il. Si on les enlève, il n’y a pas de guérison. Leur absence décuple le taux de cancers spontanés.»
Chez l’humain, c’est la même chose. «Lorsqu’on regarde des biopsies de tumeurs cancéreuses, quel que soit le type de cancer, on constate qu’il y a une grande présence de lymphocytes T», souligne Claude Perreault.
Il y a 20 ans, personne ou presque ne l’aurait cru possible. Mais on peut désormais prédire la survie du patient en fonction de sa réponse immunitaire contre le cancer. «On fait une biopsie et l’on compte le nombre de lymphocytes T. Plus leur nombre est élevé et plus la réponse immunitaire est grande», dit le Dr Perreault. Le taux de survie 15 ans plus tard s’élève à 90 % chez ceux qui ont une forte réponse immunitaire, alors qu’il se situe à moins de 20 % pour les autres.
Des études exploratoires ont montré que la simple injection d’un stimulant au système immunitaire donne un meilleur taux de survie que la chimiothérapie. «Ce stimulant est analogue à ce qu’on appelle un “adjuvant” dans un vaccin, précise Claude Perreault. Si le simple fait d’injecter l’équivalent d’un adjuvant a un effet positif sur la maladie, imaginez ce qu’on pourrait faire si l’on avait le deuxième composant, soit l’antigène, pour mettre au point un vaccin. On devrait pouvoir guérir pratiquement tous les cancers!»
Le professeur Perreault présentera le 3 février, à l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, une conférence sur l’extraordinaire capacité des lymphocytes T à stimuler notre système immunitaire.
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