Afrique
Le mouvement de contestation populaire contre le régime en Algérie, appelé Hirak, ne s'est pas essouflé, un an après son début. En vue de ce premier anniversaire, les appels à la mobilisation s'étaient multipliés sur les réseaux sociaux afin que la population rejoigne la capitale pour un 53e vendredi de manifestation.
En réponse, le gouvernement a bloqué les accès à la capitale par des barrages filtrants de la gendarmerie nationale, créant ainsi des files interminables de véhicules sur les routes.
Malgré ces embûches, d'importantes manifestations ont eu lieu un peu partout au pays. À Alger, la capitale, plusieurs axes du centre-ville ont été remplis de contestataires.
Aucun débordement n'a cependant été signalé, et le rassemblement s'est terminé dans le calme, en fin d'après-midi, heure locale.
On rapporte également des marches à Oran, Constantine et Annaba, des municipalités situées à proximité d'Alger, ainsi qu'ailleurs en région.
Tentative de récupération?
La veille de cet anniversaire, le président Abdelmadjid Tebboune a décrété le 22 février Journée nationale de la fraternité et de la cohésion peuple-armée pour la démocratie.
Cette décision, qui a suscité la dérision sur les réseaux sociaux, est perçue comme une volonté du pouvoir de récupérer le mouvement.
L’annonce est également perçue comme un message contradictoire relativement aux autres décisions du gouvernement, comme le maintien en prison de plusieurs activistes de la contestation et la poursuite des arrestations des manifestants chaque vendredi.
Depuis son élection le 12 décembre dernier avec un important taux d’abstention, le président Tebboune n’a pas réussi à mettre un terme à cette longue contestation malgré un appel au dialogue et l’annonce d’une importante réforme constitutionnelle.
Je suis décidé à aller loin dans le changement radical pour rompre avec les mauvaises pratiques, moraliser la vie politique et changer de mode de gouvernance, a-t-il déclaré dans une entrevue au journal français Le Figaro.
Des manifestants ont déployé un grand drapeau de l'Algérie lors de leur manifestation dans les rues d'Alger, le 14 février 2020
Par ailleurs, le gouvernement fait face à un front social qui commence à s’agiter. Lundi, des enseignants du primaire ont manifesté, réclamant notamment une amélioration de leurs conditions de travail et des augmentations salariales.
Le même jour, le personnel navigant de la compagnie nationale Air Algérie a lancé un mouvement de grève, qui a perturbé fortement le trafic aérien.
La baisse des prix du pétrole, qui a conduit à une contraction substantielle des revenus du pays, risque de mettre l’économie du pays dans une situation difficile.
Corruption et procès
Dans la même entrevue au Figaro, M. Tebboune a estimé que le Hirak a obtenu pratiquement tout ce qu'il voulait : le départ de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika et des figures de l'ancien système, et l'arrestation de dirigeants ou hommes d'affaires soupçonnés de corruption.
Or, le mouvement de contestation ne voit pas les choses du même œil. S’il est vrai que les manifestants ont empêché l’ancien président de se représenter pour un cinquième mandat, les contestataires estiment que le régime n’a fait que ravaler sa façade.
Ils en veulent pour preuve le président Tebboune lui-même, qui a été ministre dans plusieurs gouvernements de M. Bouteflika et brièvement premier ministre en 2017.
Durant l’année écoulée, de nombreuses figures du régime, dont deux anciens premiers ministres, ainsi que plusieurs hauts gradés de l’armée, ont été emprisonnées. Ils sont accusés de corruption et détournements de fonds public.
Ces arrestations et les quelques procès qui ont eu lieu ont montré l’ampleur de la corruption au pays durant les 20 dernières années.
Parallèlement aux apparatchiks du régime, une vingtaine d’oligarques aux fortunes colossales se sont eux aussi retrouvés en prison pour des affaires de corruption. Certains ont été jugés, mais d’autres attendent encore derrière les barreaux leur procès.
La suite ?
Une année après le début du mouvement, plusieurs voix s’interrogent sur son avenir. Faut-il continuer à manifester chaque vendredi ou organiser et structurer le mouvement ?
La question reste sans réponse précise pour le moment, même si plusieurs collectifs émanant du Hirak veulent commencer à mettre les bases d’une organisation de la lutte, dont les formes restent encore à définir.
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