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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 avril 2024
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Culture

« Des Guerrières» : un spectacle sur la résistance des femmes au Congo

2020-03-09
09.03.2020
2020-03-09
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« Être une guerrière, c’est combattre le silence. » Même après des décennies de guerre avec des millions de morts et d’innombrables viols, la résistance et la résilience des femmes congolaises restent debout. « Des Guerrières » raconte, danse et chante sur scène la rage et le courage des femmes au Kivu, en RDC, et le silence meurtrier autour des crimes.

Des Guerrières, conçu et mis en scène par Florence Bermond, est un spectacle éprouvant, éclairant, réconfortant. Un travail collectif où des émotions troublantes surgissent des voix et des corps des comédiens congolais, togolais, burkinabè et français.

Cette pièce de théâtre fait référence aux viols jusqu’à aujourd’hui impunis et subis par d’innombrables femmes dans la région du Kivu, en RDC. Et la pièce souligne qu’une telle situation d’injustice mêlant l’intime et le politique « peut concerner chacun.e d’entre nous ». Le hasard voulait que l’avant-première ait lieu le 28 février, et que les spectateurs sortent de ce spectacle en apprenant la distinction en France de Roman Polanski. Le César du meilleur réalisateur pour le cinéaste de J’accuse, lui-même accusé par une dizaine de femmes de violence sexuelle. Sachant que Polanski reste protégé par la France contre le mandat d’arrêt international relayé par Interpol contre lui depuis 1977 pour être accusé d'avoir drogué et sodomisé aux États-Unis une fille de 13 ans avant de fuir la justice américaine.

Des Guerrières cherche à rendre visible la résistance des femmes au Kivu. Florence Bermond, la metteuse en scène de la Compagnie La louve aimantée, est partie au Congo pour enquêter sur place. Elle a mis trois ans pour monter son spectacle. Entretien.

RFI : Pour vous, que signifie être une « guerrière » ?

Florence Bermond : Les guerrières, ce sont des femmes qui se battent au quotidien, qui sont fortes, courageuses et font face à l’adversité. Elles peuvent aussi s’écrouler. Elles ont le droit. Mais, il y a quelque chose qui est plus fort, qui fait que la vie prend toujours le dessus. Dans ce spectacle, j’avais envie de parler de ces femmes-là. Depuis des années, je travaille sur la question des femmes, sur le silence et le non-dit. Ce qui m’a conduite vers la RDC.

Qu’est-ce qui a déclenché le besoin de faire cette pièce ?

Au cours d’une performance, il y a quelques années, j’ai rencontré une militante congolaise qui venait du Kivu. Son témoignage m’a bouleversé. Je ne connaissais rien à la RDC. Comme tout le monde, je savais très peu de choses. Je suis allée là-bas pour essayer de comprendre, parce que le Kivu est presque un pays dans un autre pays. D’abord, je me suis documentée ici, en France, à travers des livres, des articles, des vidéos, des films… mais, on ne parlait jamais des femmes. Jamais. Je me suis dit : ce n’est pas possible.

Que signifie être une « guerrière » face aux violences au Congo ?

Quel est le point de vue des Guerrières ?

Dans la pièce, il y en a trois : il y a le point de vue de ceux qui souffrent de la guerre – je n’aime pas le mot victime –, des femmes qui ont connu la guerre et qui, malgré tout, continuent. Il y a celles qui ont fait la guerre. Et puis, il y a un point de vue plus occidental qui apporte une vision sur l’économie, la politique et sur des questions délicates. Dans ce spectacle, on aborde aussi la question des ONG et de l’action humanitaire, toutes les contradictions et paradoxes que l’humanitaire et l’aide à la population peut enclencher – ou justement ne pas enclencher !

L’histoire commence avec une rencontre entre Mathilde et un colonel dans un salon de coiffure. Plus tard apparaît Mademoiselle Démocratie, mais aussi le Docteur qui répare les femmes. On assiste également à un défilé de mode, sans parler de la Déclaration des bonnes intentions. Cette guerre au Congo, est-ce pour vous une sorte de « spectacle » ?

Non, pas pour moi, mais je dirais qu’elle est mise en spectacle. C’est ce que j’ai essayé de traduire. J’approuve complètement ce que défend le Docteur Denis Mukwege, néanmoins, parfois, je pense qu’il y a de la manipulation de la part de l’Occident et une certaine hypocrisie. Mukwege a été énormément récompensé, il a eu même le prix Nobel de la Paix en 2018, mais, finalement, rien ne change ! Même lui-même le dit. Cela n’a absolument rien changé dans son pays. Parce que les enjeux économiques sont beaucoup plus puissants que ça. Donc, il y a un certain cynisme.

Vous avez préparé votre spectacle aussi sur place. Le Kivu reste jusqu’à aujourd’hui une région très dangereuse. Comment avez-vous travaillé ?

Je suis allé à Goma et Bukavu, les deux villes principales du nord et du sud du Kivu, mais je n’ai pas eu le droit de sortir de la ville. Moi, j’ai enquêté dans la ville. J’aurais souhaité d’aller à l’extérieur, mais j’avais une interdiction, parce que c’est une zone rouge. Dès qu’on sort de la ville et s’éloigne un peu, il y a des groupes armés. Dans la ville, on voit des gens circuler, il y a la Monusco [Mission des Nations unies en République démocratique du Congo. Budget annuel : 1,11 milliard de dollars, ndlr] et tous les acteurs qui surgissent dans notre histoire.

« Les femmes sont fortes », cette phrase est répétée plusieurs fois. Y a-t-il une particularité concernant la résistance et la résilience des femmes au Kivu ?

Ce sont des femmes qui portent beaucoup de choses au quotidien : faire le marché, chercher l’eau, préparer les repas… les femmes sont actives partout, dans toutes les échelles sociales. J’ai rencontré aussi bien des commerçantes qu’une ex-ministre du genre – ici, on dirait droit des Femmes –,des femmes dans des ONG ou Lydia, une ancienne esclave sexuelle dans un groupe armé et qui travaille dans un centre. Je pense quand on a connu la guerre de près, le rapport à la vie ne peut plus être le même.

Dans Des Guerrières, certaines femmes font la guerre comme des hommes. Existe-t-il des femmes bourreaux ?

Dans le spectacle, Mathilde devient un bourreau. Et il y a des femmes du pouvoir, avec une position très masculine. Quand on parle de cette région, souvent on parle toujours de la femme victime. Évidemment, il y a des victimes, et ce qui se passe sur les corps des femmes, c’est intolérable, inimaginable, et de l’ordre de la torture. Moi, j’avais envie de montrer autre chose. La femme n’est pas bonne en elle-même. Elle est comme un homme. Parfois c’est presque comme une excuse de se dire : « les femmes sont fortes » et « de toute façon, elles vont s’en sortir ».

Vous évoquez aussi « la masculinité positive ». Quel est le rôle de l’homme dans votre spectacle ?

J’ai voulu aussi montrer plusieurs facettes de l’homme. Si l’on parle de féminisme, il est possible avec, mais jamais contre les hommes. Pour cela, je voulais qu’il y ait aussi le personnage de Thierry. C’est l’histoire de quelqu’un que j’ai réellement rencontré. Il a été tué. Le jour où je suis rentrée en France, j’ai appris sa mort. C’est quelqu’un qui défendait beaucoup les femmes, qui m’a beaucoup aidé dans mes recherches. Il a m’a fait rencontrer plein de gens. J’ai rencontré Thierry là-bas, le premier jour où je suis arrivée. C’était un activiste. Pour moi, l’histoire est possible, quand il y a des hommes et des femmes.

Le spectateur, quelle place occupe-t-il dans votre spectacle ?

Il est essentiel. J’espère qu’il y a un dialogue sans paroles qui se crée avec le spectateur, qu’il est touché et va ressentir des choses, réfléchir. J’aime bien quand le spectateur est bousculé.

► Des Guerrières, conçue et mise en scène par Florence Bermond, Cie La louve aimantée. Présentée en avant-première le 28 février au théâtre Lilas en scène (Les Lilas), en région parisienne. La première a lieu le 6 mars à l’Espace Marcel Pagnol, à Villiers-le-Bel (95). D’autres dates prévues : le 13 mars à l’Espace Germinal, à Fosses (95) et le 14 mars à l’Atalante, à Mitry-Mory (77).


RFI / MCP, via mediacongo.net
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