Kikwit : Quelques sages dénoncent des « mesures qui piétinent les us et coutumes » en matière des deuils

Quelques jours après l’annonce, par le chef de l’Etat congolais, des mesures fermant des salles des deuils ou l’interdiction des funérailles regroupant plusieurs personnes, quelques sages de Kikwit, province du Kwilu dans le sud-ouest de la République démocratique du Congo, dénoncent que ces mesures piétinent les us et coutumes en cette matière.

Olivier Nkungankior, 75 ans, est parmi ces dénonciateurs. Il a une niècequi vient de perdre son époux mort d’une longue maladie à Kanzombi dans la commune de Lukemi le 24 mars dernier.

Le deuil n’a pas été organisé suite aux mesures du Chef de l’Etat, relayées, à Kikwit, par le maire de la ville Leonard Mutangu sur les antennes des radios locales.

« Notre coutume n’a pas été respectée suite à ces mesures contre Corona. C’est une conséquence qui ne nous arrange pas. Selon notre coutume yansi cette femme allait enterrer son mari, en dehors du linceul blanc et d’autres habits, avec un caleçon spécial, symbole de leur union de couple. Nous devrions également tuer un bouc comme exige la tradition. D’autre rituelles n’ont pas été organisées », témoigne-t-il.

D’après lui, cet homme n’était pas décédé de Coronavirus. Il fallait donc que les us et coutumes soient d’application surtout dans une ville où il n’y a pas encore des cas confirmés de covid-19. «Ces mesures piétinent nos us et coutumes», enchaîne-t-il.

«Une autre conséquence c’est l’amoindrissement des relations familiales et sociales. Economiquement la famille du défunt ne sera pas capable de supporter tout car d’autres personnes de la communauté ne sauront pas apporter leurs contributions, surtout s’il y a confinement. Nos coutumes, en Afrique, ont une valeur culturelle considérable. Personne ne peut les négliger», déclare Valère Mpokoto, un autre sage contacté.

De son côté, papa Sylvain Mabonga-Bonga, un sage Pende du territoire de Gungu résidant à Kikwit s’insurge aussi contre ces mesures en matière des deuils.

« Chez nous les Pende par exemple, si un chef coutumier ou un chef de groupement meurt, la coutume exige qu’il soit enterré vers 3h00 du matin discrètement. Il y a également des cérémonies et rituelles à respecter. Si donc un chef coutumier meurt pendant cette période de coronavirusla coutume sera jetée dans les oubliettes. Ces mesures viennent tout briser. C’est le non-respect aux morts et à la culture ancestrale », indique-t-il.

A Kikwit, depuis l’annonce de ces mesures, quelques familles discutent avec l’hôpital général de référence de Kikwit 1 autour de leurs cadavres qui sont dans la morgue n’acceptant pas ces mesures.