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Infos congo - Actualités Congo - 08 Mars 2024
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Entre Irak et Koweït, 30 ans après l'invasion, "on n'oublie pas"

2020-07-31
31.07.2020
2020-07-31
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Des véhicules de l'armée irakienne abandonnés par les troupes en périphérie de la capitale du Koweït, le 1er mars 1991. AFP / PASCAL GUYOT

"On est maudits depuis l'invasion du Koweït, on n'a plus connu un seul jour de calme", dit Oum Sarah, institutrice retraitée à Bagdad.

Il y a 30 ans, Saddam Hussein proclamait le Koweït "19e province" de l'Irak. Ses opposants, aujourd'hui au pouvoir à Bagdad, ont retissé les liens avec ce voisin stratégique. Mais, parmi les citoyens des deux pays, les plaies de la "guerre du Golfe" sont toujours là.

De Bagdad à Bassora, de Kirkouk à Babylone, les Irakiens sont unanimes: l'invasion le 2 août 1990 et l'occupation terminée le 2 mars de l'année suivante par une coalition emmenée par Washington "a signé le début de la fin". "On est maudits depuis l'invasion du Koweït, on n'a plus connu un seul jour de calme", dit Oum Sarah, institutrice retraitée à Bagdad. Et d'énumérer: embargo, invasion américaine, guerre civile, violences confessionnelles et percées jihadistes...

Tout a commencé quatre jours après l'entrée des troupes irakiennes au Koweït. L'ONU décrète un embargo dont les Irakiens ne sortiront qu'avec une autre invasion: celle des Américains, chez eux, en 2003. Durant ce blocus, le dinar irakien, qui valait trois dollars, est divisé par... 9.000! Le salaire de Jassem Mohammed, instituteur à Kout (sud), ne valait alors pas plus que... le prix d'"un poulet" au marché. Alors, certains jours, "on mangeait même le foin des animaux", renchérit Yasser Saffar, 44 ans.

Déclassement et corruption

Surtout, poursuit M. Mohammed, "l'embargo a changé les mentalités" et offert un boulevard à la corruption, endémique aujourd'hui en Irak où les fonctionnaires font valoir leurs petits salaires pour solliciter des pots-de-vin. Hicham Mohammed, lui, a assisté au déclassement social de son père, riche importateur de matériaux de construction. "Avec l'embargo, plus aucun produit n'entrait et tout son capital, 100.000 dinars, ne valait plus rien", raconte à l'AFP ce Bagdadi de 50 ans.

La classe moyenne a disparu et d'autres couches de la société ont prospéré: les pros du "système D", ceux qui savaient faire durer un pneu même crevé, faire tourner des turbines sans pièces de remplacement, qui offraient à prix d'or des lampes à huile pour les longues heures sans électricité, reprisaient pour la énième fois des habits usés... Quant à l'armée, elle a tout perdu --sous l'oeil des caméras du monde entier qui vivait avec "Tempête du désert" sa première guerre en direct. Sarmad al-Bayati, officier au moment de l'invasion du Koweït, a vu des soldats rentrer en Irak... à pied! Et, une fois au pays, "faire des petits boulots pendant leurs permissions pour joindre les deux bouts". Et tandis que l'Irak s'enfonçait dans le marasme, le Koweït a prospéré.

Dans l'émirat, toutefois, de nombreuses familles pleurent encore leurs morts ou disparus, les anciens prisonniers parlent toujours de la torture subie et, l'été dernier, des corps découverts dans des charniers du sud de l'Irak ont été ramenés au Koweït. Pendant des années, la famille d'Ahmed Qabazard, l'une des figures de la "résistance" koweïtienne, torturé puis exécuté, a fait de sa maison en partie détruite par les Irakiens un petit musée des horreurs de l'occupation. Aujourd'hui, la maison a été reconstruite mais sa fille Chourouq avoue à l'AFP "avoir encore du mal à être au clair sur ses sentiments vis-à-vis des Irakiens". Même si, "avec le temps, on a découvert qu'ils avaient souffert comme nous de la tyrannie de Saddam Hussein". Ghida al-Amer dit s'être "réjouie" de la chute du dictateur en 2003. Lors de l'invasion, ses troupes avaient "pendu avec un fil électrique" sa soeur, qui avait mis au point des explosifs pour la "résistance".

Dettes

Maisons détruites, proches disparus ou prisonniers, entreprises saisies: le Koweït a évalué ses pertes et l'ONU a présenté la facture à l'Irak --maintenu jusqu'en 2010 sous sanctions onusiennes. En 30 ans, Bagdad a payé 43,6 milliards d'euros. Et le pays, qui traverse la pire crise économique de son histoire récente, doit encore 3,3 milliards d'euros. Les relations ont mis 20 ans à se rétablir. En 2018, le Koweït a accueilli une conférence pour reconstruire l'Irak et il a été le premier à verser au pot commun (deux milliards de dollars).

Mais des contentieux persistent: Bagdad reconnaît la frontière terrestre tracée en 1993 par l'ONU mais il estime que sa frontière maritime lui bloque l'accès au Golfe, vital pour son économie. Régulièrement, la marine koweïtienne arrête des pêcheurs irakiens.

Quant aux disparus --un millier de chaque côté--, seules 215 dépouilles koweïtiennes et 85 irakiennes ont été rendues, selon le CICR (Croix-Rouge). "On peut pardonner", mais "impossible d'oublier l'invasion", martèle Chourouq Qabazard. "C'est l'événement le plus important pour toute ma génération".


AFP / L'Orient-Le jour / MCP, via mediacongo.net
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