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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 02 mai 2024
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Sud-Kivu : Quelles solutions à la crise de Minembwe ? (réponses avec Christoph Vogel)

2020-09-03
03.09.2020
2020-09-03
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Depuis une année la crise de sécuritaire s’accentue dans les Hauts Plateaux de Minembwe, dans la province du Sud-Kivu à l’Est de la République démocratique du Congo. Ce triangle de la mort situé dans le territoire d’Uvira, Mwenga et Fizi est proie aux groupes armés locaux et étrangers.

Dans cette deuxième partie de notre enquête, le chercheur et ancien expert des Nations unies en République démocratique du Congo, Christoph Vogel analyse la crise qui secoue les hauts plateaux de Minembwe, où les milices pro Banyamulenge, Maï-Maï, groupes armés burundais et rwandais s’affrontent dans une guerre infinie à la merci de la population.

MNCTV : Depuis 2019 les violences se sont accentuées dans les hauts plateaux de Minembwe au Sud-Kivu. Il y’a des groupes armés locaux et étrangers qui s’affrontent, aujourd’hui avec l’ampleur de la situation quelle est votre analyse ?

C. Vogel : Les Hauts Plateaux du Sud-Kivu, qui incluent Mwenga, Uvira et Fizi, sont une zone fragile jadis marquée par les violences et l’insécurité. Par contre ce qu’on constate depuis deux ans il y’a une intensification de la violence et l’implication de beaucoup d’acteurs locaux, nationaux et régionaux. Un ensemble de conflits qui est peint avec des couleurs ethniques, bien qu’il soit très politique – au niveau local, national et régional.

Les violences à Minembwe ont accentué les tensions entre la communauté Banyamulenge et d’autres dans la zone. Avec la déclaration sur Kipupu qui a fait polémique, comment mettre fin à ces violences et permettre la cohabitation entre ces communautés ?

L’aspect intercommunautaire est l’un de nombreux facteurs de conflits, mais souvent faussement présenté comme cause principale ou unique. Par exemple, il y a des conflits liés aux questions administratives et territoriales qui sont souvent vues uniquement d’un angle « ethnique », or les choses sont bien plus complexes. Ainsi, certains leaders cherchent parfois à mobiliser leurs communautés pour des fins politiques. A ceci s’ajoute une guerre médiatique comme nous l’avons pu observer pour l’exemple de massacres de Kipupu qui a déclenché une zizanie sur les réseaux sociaux, où des faux chiffres des victimes ont été balancés.

Les FARDC et pays voisins sont indexés dans ce conflit, aujourd’hui quel apport du Gouvernement congolais à cette crise qui tente de de prendre une autre ampleur ?

Différentes voix suggèrent un rôle problématique pour les forces de sécurité, police et armée, mais aussi les armées voisines. Mais chacune de ces allégations nécessité sa propre vérification – notamment vu que tous les côtés accusent l’armée de faire le jeu des autres. Ce qui montre que les choses sont relativement politisées. Il y’a aussi une guerre de dire sur qui a raison sur ce qui se passe dans la zone.

La communauté Banyamulenge dans ses différents communiqués se dit marginalisée suite à ces attaques ciblées par exemple à Bijombo, Minembwe. Cela a même poussé le Colonel Makanika à faire défection au sein des FARDC pour aller selon lui protéger sa communauté, est-ce que les violences risquent de prendre une autre ampleur ?

C’est l’un des points les plus difficiles et compliqués de toute l’histoire qui se passe dans les hauts plateaux. Il y’a des attaques qui ciblent les membres de la communauté Banyamulenge mais aussi Fuliiro, Nyindu, Vira et autres. Donc, il n’est pas évident d’identifier « vilains » et « victimes ». Pire encore, ce qui empêche une baisse des violences et met de l’huile sur le feu sont des déclarations vice-versa, dans la presse et les réseaux sociaux. Des vidéos truquées sur l’affaire Kipupu, les menaces contre le Dr. Mukwege – lui-même critique pour s’avoir indigné contre certaines violences et non toutes, et de nombreux tracts et communiqués en font preuve.

Pensez-vous aujourd’hui, si le Rwanda et Burundi indexés dans ce conflit et l’ex Général Rwandais Kayumba mettent fin à leurs soutiens dans ce conflit, est-ce que les violences peuvent cesser ?

Je ne pense pas que ça sera suffisant d’avoir un désengagement des acteurs dans la région pour mettre fin aux conflits sur les Hauts Plateaux. D’un côté il est clair qu’une partie des conflits s’inscrit dans des guerres par procuration que se livrent les armées régionales et leurs détracteurs respectifs, ces derniers utilisant le sol congolais comme base arrière. De l’autre côté, cette dynamique régionale est un facteur aggravant – notamment à travers les armes qui circulent avec les belligérants étrangers – mais non une raison initiale des contentieux locaux. Il s’agit d’un ensemble de défis interposés.

Suite à ce qui se passe à Minembwe, quelles solutions et approches qui peuvent s’appliquer sur le conflit de Minembwe ? Que peut faire le Gouvernement congolais, la SADC, CIRGL face à cela ?

C’est une des questions les plus compliquées. Il est plus facile de commencer une guerre que de l’arrêter. Aujourd’hui – après deux ans de violence renouvelée – chaque individu, chaque village peut avoir des revendications justifiables car tout le monde a souffert sous la violence. C’est ainsi qu’il faut qu’il ait un engagement simultané. Lorsque par exemple un groupe dépose les armes et les autres ne le font pas il y’a un dilemme sécuritaire, un manque de confiance. Donc, il y a besoin de médiation à plusieurs niveaux, d’un engagement de toutes les parties prenantes sans préjugés ou préconditions. En parallèle, il y a lieu de réfléchir sur les réformes et négociations politiques nécessaires afin d’œuvrer envers des compromis durables sur les différentes questions liées aux pouvoir coutumier, politico-administratif et bien d’autres revendications qui animent la mobilisation armée dans la zone.

Le dialogue est-il possible entre belligérants ou groupes armés locaux ?

En théorie le dialogue est toujours possible. Ça dépend de la manière dont il est encadré, à quel point il peut inspirer confiance. Je pense qu’un travail doit être fait pour savoir le pourquoi il y’a toujours des désengagements à chaque fois qu’il a des dialogues, comme nous l’avons vu début 2020 encore. Depuis les grandes guerres, la notion des dialogues et conférences est sous-tendue par l’idée de récupération politique, ou de postes – or un dialogue devrait être axé sur des questions de fond et des compromis collectifs.


MNC TV Congo / MCP, via mediacongo.net
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