Santé
La vaccination contre le coronavirus devient de plus en plus imminente en République démocratique du Congo. Le gouvernement qui a reçu 1.7 million de vaccins contenant 6 millions de doses, premier lot réceptionné le 3 mars 2021, prévoit son administration à dater de ce vendredi 12 mars sur la population cible, c’est-à-dire, le personnel de santé, les sexagénaires et les personnes souffrant de comorbidités, a relevé le ministre de la santé Eteni Longondo.
Contradictoire que cela soit, la nouvelle qui devrait apaiser et rassurer le commun des congolais de leur capacité à résister au virus apporte plus d’anxiété. Les statistiques en sont forcément pour quelque chose. Quelque 26.500 cas confirmés sont répertoriés, avec 712 décès et près de 22.500 guéris… des chiffres qui laissent perplexes au regard de l’enthousiasme du gouvernement à se lancer dans cette aventure y entraînant une population de plus de 80 millions, estiment d’aucuns.
Si pour le ministre de la santé "le vaccin est le moyen le plus efficace pour lutter contre une pandémie, ce n'est pas un vaccin pour rendre stérile les femmes ou moins encore pour piéger les congolais. Le vaccin Astra zeneca a été étudié et analysé par notre équipe scientifique avant sa validation et l'arrivée de ce premier lot sur notre sol". Sceptique et méfiante, la communauté congolaise souhaite que les autorités montrent l’exemple, soient les premiers à se prémunir contre la pandémie, et avec leurs familles respectives, soient le symbole de l’impulsion. Sans cela, ”l'assurance que donne le ministre de la santé quant à la nécessité du vaccin, n'est rien d'autre qu'un discours politicien ! Il n'a d’autre choix que de vanter ce vaccin par risque d'être dégarni de sa posture”.
Des avis récoltés dans la foulée dégagent un désir profond à mettre de côté les gestes barrières, qui du reste ne sont respectés que pour accéder à certaines zones, d’où la question : le vaccin mettra-t-il fin à toutes ces mesures restrictives et au couvre-feu ? ”Si pas, nous n’en voulons pas”, campent sur cette position des étudiants de l’université pédagogique nationale (Upn). Rendre obligatoire le vaccin n’est pas la meilleure des décisions. Par contre veiller au respect strict des gestes barrières va efficacement concourir à limiter sa propagation”, soutient Cédric Kindu, jeune leader du district de la Funa, à Kinshasa.
Du reste, l’opinion demeure partagée quant à l’administration ou pas du vaccin.
Pour un médecin généraliste basé dans la province de Lomami, dans la mesure où il ne s’agit pas d’un traitement curatif mais plutôt d’un vaccin pour prévenir, ”le monde doit apprendre à cohabiter avec la pandémie”. La diversité des souches selon les pays en est à la cause. Ce qui exige aux scientifiques de pousser le temps de recherche et de se rendre compte de la sensibilité de chaque couche de la population.
A Mbandaka, chef-lieu de la province de l’Equateur, l’on estime que face à la résistance de la population, une obligation stricte, sans débat et non ciblée du vaccin contre la Covid-19 n’a pas vraiment de sens et ne ferait que renforcer les théories complotistes. Le gouvernement gagnerait à réparer la crise de confiance manifeste au sein de la population. Car, le rôle de la médecine, c’est de convaincre, pas d’imposer. Il ne faut pas entrer dans une médecine paternaliste. Imposer, c’est avoir perdu la confiance.
Au Kwilu, Alfred Mangoni ; pharmacien de son état, admet que le vaccin c’est pour protéger. Ce dernier ”peut être lancé sur le marché mais avec un suivi pour voir s'il y a encore des effets néfastes”.
"La faiblesse de nos structures de recherches fait à ce que nous ne soyons pas garanti de l'efficacité de tel ou tel autre vaccin"
Monsieur Simon rencontré à Tshikapa, chef-lieu de la province du Kasaï, explique que ce virus ne fait pas l'unanimité dans le monde. ”Ici en Afrique, précisément en RDC, je ne trouve pas important de l’utiliser. Il serait mieux de le rendre obligatoire en Europe ou en Amérique. Si le vaccin contre la rougeole ou la poliomyélite a été rendu obligatoire c'est parce que nous-mêmes, nous avons expérimenté ça et avons vu son efficacité.
Si ce Coronavirus appelé par l’ex-président américain Donald Trump virus chinois, ne fait pas l'unanimité dans le monde comme à l'Amérique, comment nous ici en Afrique nous pouvons l'accepter ? Je trouve qu'il y a des magouilles cachées”.
Des croyances spirituelles pèsent dans la compréhension de la maladie.
D'après le pasteur Antoine Tshimanga, cette maladie est satanique ”Ce sont les satanistes qui appuient cette maladie, tout le monde n’a pas besoin d’avoir le vaccin dans son corps”.
De retour à Kinshasa, très réceptif, Vincent Shabani, bibliothécaire principal à la bibliothèque centrale de l'Upn, se dit favorable au vaccin contre le Covid-19. ”Le scepticisme de la population face au vaccin résulte de l'ignorance de cette dernière. Le vaccin, certes n'est pas curatif mais préventif ! Le coronavirus n'épargne personne et le cas de nos footballeurs récemment testés positifs lors du dernier Chan en est une parfaite illustration. Il est judicieux dans un monde devenu village planétaire, se soustraire de la règle commune peut avoir comme conséquence : l'interdiction de voyager, l'isolement sectoriel, etc. J'ai 70 ans, et j'ai déjà été victime une fois d'un AVC. Je suis donc éligible quant à mon antécédent et je recommande à la population toute entière de bien vouloir se faire vacciner”.
À côté de cela, ”la faiblesse de nos structures de recherches fait à ce que nous ne soyons pas garanti de l'efficacité de tel ou tel vaccin”, a-t-il conclu.
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