L’évolution de l’épidémie de rougeole dans le territoire de Malemba Nkulu, en province du Katanga, devient de plus en plus inquiétante. Il est diagnostiqué dans la zone de santé de Malemba en moyenne 395 cas par semaine, au cours de quatre dernières semaines.
Dans ce laps de temps, rapporte le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), 30 enfants de moins de 5 ans sont décédés de rougeole. Selon les spécialistes, ces décès seraient entre autres dus au retard dans l’acheminement des enfants dans les structures sanitaires et à la distance qui sépare les centres hospitaliers des villages.
Ils fustigent également les réticences de certains parents issues des croyances religieuses qui seraient aussi l’un des facteurs aggravants de ces décès à Malemba Nkulu. Sans omettre que la plupart d’enfants n’ont pas été atteints par les différentes vaccinations. Dans l’entre-temps, indique-t-on, Médecins Sans Frontières (MSF) et ADRA prennent en charge cette pathologie à Malemba Nkulu.
D’autres activités se poursuivent dans les autres zones de santé pour lutter contre cette maladie. Ainsi avec les financements du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), Médecins d’Afrique (MDA) et ALIMA mènent des activités vaccinales intensifiées à Kabondo Dianda et à Kilwa.
Toujours dans le cadre de lutte contre cette épidémie de rougeole, MSF vient de clôturer la vaccination dans l’aire de santé de Kitembo (zone de santé de Kikondja). Les chiffres fournis par les sources humanitaires renseignent que du 01 janvier au 26 avril dernier, plus de 4 426 cas dont 78 décès de rougeole, ont été notifiés dans la province du Katanga. Cinq zones de santé sont actuellement déclarées en épidémie notamment : Kashobwe, Kikondja, Malemba, Manono et Nyunzu.
L’épidémie de rougeole très fréquente au Katanga, touche un grand nombre d’enfants dans cette province, surtout dans les coins dépourvus d’infrastructures médicales.
Maladie très contagieuse, c’est une infection virale éruptive aiguë. Elle atteint essentiellement les enfants à partir de l’âge de 5-6 mois. La vaccination contre la rougeole, recommandée pour les enfants autour d’un an, vise surtout à éviter les complications de l’infection, comme les encéphalites, qui peuvent avoir des séquelles importantes voire létales.
Elle est causée par un virus appelé morbillivirus de la famille des paramyxoviridae. Il appartient à la même famille que le virus des oreillons. C’est un virus dont l’unique réservoir est l’homme atteint de l’infection, même asymptomatique.
Transmission par des gouttelettes de salive en suspension
Le virus de la rougeole se transmet par les gouttelettes de salive en suspension dans l’air. Il peut également se propager par contact direct avec les sécrétions du nez ou de la gorge de personnes infectées. Le virus ainsi éjecté reste dangereux pendant au moins 30 minutes. Il survit peu de temps sur les objets et les surfaces.
La période de propagation du virus commence 2 à 4 jours avant l’apparition de l’éruption cutanée. L’installation du virus dans l’organisme se fait au cours de la période d’incubation. Elle se poursuit ensuite pendant la période d’invasion. Le risque de transmission est minime à partir du deuxième jour suivant l’apparition de l’éruption.
Par ailleurs, toujours dans le territoire de Malemba Nkulu, l’amélioration de la situation nutritionnelle dans les zones de santé de Lwamba, Malemba et Mulongo a permis à l’organisation COOPI de se désengager, en fin mars dernier, de la prise en charge de la malnutrition aigüe sévère. Cette organisation a pris en charge près de 5 000 enfants, femmes enceintes et allaitantes, pendant deux ans, sur les financements du Pooled Fund et du Programme mondial alimentaire mondial (PAM), dans 22 aires de santé sur 66 que comptent ces trois zones de santé.
En fait, pendant deux ans, les activités de COOPI ont consisté entre autres à former les prestataires sanitaires et relais communautaires et à organiser des foyers nutritionnels au sein des communautés pour détecter des cas et faire le suivi des enfants soignés.
Malgré ces interventions, COOPI pense que de nombreux enfants malnutris sont encore présents dans ces zones de santé.
Par manque d’acteurs dans ce secteur, les zones de santé de Lwamba, Malemba et Mulongo accueillent plusieurs enfants malnutris en provenance d’autres aires de santé des territoires voisins. Si aucun acteur n’intervient rapidement, on redoute une augmentation de cas et une dégradation de l’état nutritionnel dans les prochaines semaines, au regard de l’épidémie de rougeole qui est un facteur déclencheur de la malnutrition.
Surtout que depuis le mois de février dernier, la zone de santé de Malemba est confirmée en épidémie de rougeole, avec une notification de près de 400 cas de rougeole, en moyenne, par semaine.
Pour faire face à cette situation, soutient-on, la continuité des activités d’intervention s’impose afin d’atteindre une couverture complète de toutes les aires de santé et éviter ainsi que des enfants soignés soient encore atteints de malnutrition.
Des aliments thérapeutiques
Pour ce faire, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) avec le fonds américain (USAID) a mis à la disposition de toutes les zones de santé du territoire de Malemba Nkulu des aliments thérapeutiques (Plumpy Nut) pour la prise en charge des malnutris jusqu’à la fin de cette année.
En 2013, rappelle-t-on, le taux de la malnutrition aigüe globale (MAG) à Malemba Nkulu était à plus de 19% au-delà des seuils d’urgence qui est de 15% dans le territoire de Malemba Nkulu. Ce taux élevé était entre autres lié à l’insécurité provoquant des mouvements des populations ; aux attaques armées avec incendies des champs et à la destruction des cultures vivrières.