Ce que l’on sait du « champignon noir », cette maladie liée au Covid-19 qui explose en Inde

Pas moins de 45 000 cas de la maladie champignon noir ont été enregistrés en Inde ces deux derniers mois. Cette infection pouvant atteindre le nez, les sinus, les yeux, les poumons ou le cerveau s’est largement développée chez les personnes guéries du Covid-19.

C’est une réelle catastrophe sanitaire qui se déroule actuellement en Inde. Déjà ravagé par le Covid-19 et les milliers de cas liés au variant Delta (dit indien), le pays doit faire face, en parallèle, à une nouvelle épidémie de mucormycose, plus communément appelée maladie du champignon noir. « Une pandémie dans la pandémie », estiment certains médecins indiens.

Il se développe chez les personnes guéries du Covid-19

L’une des particularités de cette infection est qu’elle se développe principalement chez les personnes guéries ou contaminées par le Sars-CoV-2. Plus particulièrement, chez ceux atteints de diabète mal équilibré ou étant immunodéprimés (VIH, leucémie).

Certains médecins indiens ont constaté que les personnes qui développent cette infection ont été traitées pour le Covid-19 à l’aide de stéroïdes, des médicaments très forts qui affaiblissent encore plus le système immunitaire. À cette occasion, le ministre de la Santé de l’État du Maharashtra Rajesh Tope avait déclaré, le 19 mai, que « l’utilisation sans discrimination de stéroïdes pour soigner les patients du Covid-19 devrait être évitée ».

45 000 cas et 4 200 décès ont été recensés

Ces deux derniers mois 45 000 cas ont été recensés et 4 200 personnes sont décédées. À elle seule, l’Inde a contribué à environ 71 % des cas mondiaux de mucormycose chez les patients atteints de Covid-19. Selon le gouvernement, l’État de Maharashtra (ouest) est le plus frappé avec 9 348 cas. Le journal Hindustan Times a fait état mardi 20 juillet d’une une augmentation des cas parmi les enfants dans l’État du Rajasthan (nord).

L’Inde n’enregistrait que 20 cas de mucormycose par an avant la pandémie de Covid-19.

Il touche le visage et le cerveau
Cette maladie se développe principalement au niveau des yeux, du nez, des sinus, des poumons et peut atteindre le cerveau. Elle provoque des nécroses et des taches noires à cause de plusieurs micro-organismes fongiques présents dans l’air et sur les surfaces. Les principaux symptômes sont la fièvre, la douleur au niveau du nez, un gonflement du visage autour des plaies.

Il est soignable mais peut s’avérer mortel
Cette infection fongique est très dangereuse et mortelle à 50 %. Pour la soigner, l’infection nécessite un suivi très poussé et peut être éradiquée grâce à l’amphotéricine B, un puissant médicament antifongique. L’injection intraveineuse du médicament doit être administrée tous les jours pendant huit semaines maximum.

Problème : l’Inde connaît une importante pénurie face à l’explosion du nombre de cas. Les réseaux sociaux ont alors été inondés d’appels désespérés à la recherche de traitements pour soigner cette maladie. Pour les formes les plus poussées, les chirurgiens peuvent être amenés à procéder à l’ablation des yeux, du nez et de la mâchoire de certains patients pour éviter que l’infection n’atteigne le cerveau.

Peu de chances qu’il se développe en France
Ce champignon est présent partout dans l’environnement, peu importe le pays : sur les plantes, les insectes, les animaux. En général, les individus en bonne santé ont une importante résistance naturelle à ce genre de moisissures. En France, on recense une cinquantaine de cas par an mais l’infection a peu de chances de se développer davantage car les conditions sanitaires des hôpitaux de l’Hexagone sont généralement bonnes.

Les Français resteront-ils plus sensibles aux enjeux de santé publique après la crise du coronavirus ?
 
C’est l’une des raisons pour laquelle l’épidémie se développe autant en Inde et peu en France : en Inde, le sida sévit encore et les personnes atteintes de diabète sont moins bien soignées que dans l’Hexagone, rendant leur système immunitaire plus faible.