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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 avril 2024
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Muravumba - 13.08.2019 - L'analyse des faits politiques a d'abord été menée dans une perspective historique. Et plus précisément dans le cadre de la petite histoire, celle des grands hommes. L'histoire anecdotique, événementielle, a persisté dans le domaine politique bien après qu'elle fut abandonnée par les historiens eux-mêmes. L'école des Annales de Marc Bloch et de Lucien Febvre s'est imposée depuis les années 1930 à la Sorbonne. La vision globale des phénomènes historiques, rattachés à leur contexte géographique, économique et social, a réduit la narration des batailles et des crises à leur juste mesure. Mais cet effort considérable de l'école historique française est resté longtemps cantonné aux facultés de lettres. Ailleurs, on enseignait toujours l'événement politique, détaché de ses fondements. Car la science politique n'était rattachée à aucun cadre institutionnel. L'École libre des sciences politiques, rue Saint-Guillaume, étudiait les phénomènes politiques. Le pluriel "sciences politiques" était cependant révélateur. La politique était le carrefour d'un ensemble de disciplines diverses qui y étaient enseignées :histoire politique et diplomatique, géographie humaine, droit constitutionnel, etc. Les Instituts d'études politiques et la Fondation nationale des sciences politiques, qui en ont pris le relais après 1945, sont restés fidèles à cette vision pluraliste : les sciences politiques additionnées permettent seules l'appréhension de la politique. Quant à la sociologie, dernière venue des sciences humaines, elle ne se préoccupait guère des phénomènes politiques. Cherchant à se définir, elle hésitait entre une conception totalisante des phénomènes sociaux, illustrée par les travaux de Gurvitch, et l'éparpillement en disciplines techniques limitées à l'étude de groupes particuliers ou restreints : sociologie de la famille, de la religion, du monde rural. Ce sont les facultés de droit qui, les premières, ont offert une place à l'enseignement de la sociologie politique. L'enseignement du droit public, et particulièrement du droit constitutionnel, se concevait mal s'il restait détaché de la vie politique. Deux grands publicistes, qui dominèrent la discipline du droit public au début de ce siècle, avaient été impressionnés par la richesse virtuelle de la contribution de la sociologie au droit public. Léon Duguit, disciple de Durkheim et de Lucien Lévy-Bruhl, en reprit les enseignements essentiels. Maurice Hauriou, influencé par Tarde et par Bergson, fit de son côté la part de la sociologie dans son oeuvre. Georges Scelle, Gabriel Lebras, Henri Lévy-Bruhl continuèrent cette tradition. Entre-temps, la science politique était développée aux Etats-Unis, soit dans les départements de sociologie, soit dans les départements de " gouvernement " des universités américaines. Maurice Duverger importa cet acquis scientifique en France et appliqua aux Partis politiques (1951) les méthodes d'analyse dégagées aux Etats-Unis. La conception de l'enseignement du droit constitutionnel allait se transformer par cet apport. La description des mécanismes institutionnels était désormais complétée par celle des partis politiques et des groupes de pression qui les animaient. Placée sous la tutelle et comme en annexe du droit constitutionnel, la sociologie politique se limitait à ce cadre. Ce rattachement enrichissait sans doute le droit, mais il appauvrissait par là même la sociologie politique. A la description des institutions normatives s'ajoutait celle des associations politiques. On restait dans le descriptif. L'étape était indispensable, le progrès considérable. Il fallait pourtant dépasser cette phase néoinstitutionnelle dans la recherche et dans l'enseignement. Car la politique est d'abord une activité sociale. Le fait politique est un fait social. La sociologie politique est d'abord une sociologie. La méconnaissance de ces évidences explique certaines des faiblesses théoriques et pratiques de la sociologie politique contemporaine. Cet enseignement d'amateurs reste trop souvent une science mondaine. Gaston Bachelard, dans quelques pages, évoque les mondanités de la science du XVIIIe siècle. Les expériences de salon faisaient la joie de l'honnête homme et les mathématiques minaudées enchantaient M e du Châtelet. Il faut attendre la science ennuyeuse de Coulomb pour trouver les premières lois de l'électricité. L'état présent de la sociologie politique ressemble curieusement à cette description. Les subtils commentaires sur des sondages approximatifs ou la découverte émerveillée des modèles et systèmes cybernétiques inspirés de l'ordinateur permettent un discours brillant, mais très éloigné de la vraie science. Le caractère préscientifique de la discipline doit inciter à cette rigueur ennuyeuse qu'évoque Bachelard. Sans trop d'illusions, car la sociologie politique n'est pas encore une discipline constituée, ni dans son objet, ni dans ses méthodes. Et une science ne s'invente pas. Ces quelques considérations doivent dicter notre attitude initiale à l'égard de la sociologie politique. Il faut d'abord nous méfier du discours idéologique et n'accepter aucune conclusion qui ne s'insère dans un cadre épistémologique et méthodologique rigoureux. Il faut ensuite affirmer la nécessité d'une rupture scientifique avec la discipline, telle qu'elle est constituée aujourd'hui.

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