Les pasteurs de l'Eglise protestante unie de France pourront bénir, s'ils le souhaitent, les couples homosexuels mariés civilement. Après un débat de 18 mois, une décision allant dans ce sens a été adoptée ce dimanche à une large majorité lors de leur synode, à Sète, dans le Sud de la France.
Sur la centaine de délégués de cette première Eglise protestante unie de France (Epuf), 94 ont voté pour et trois contre. Marc Pernot, le pasteur de l’Oratoire du Louvre, l’une des principales paroisses protestantes de Paris, est favorable depuis longtemps au mariage des couples homosexuels. Aujourd’hui, il se dit content de ce consensus et même un peu surpris : « Cela m’étonne que ce soit aussi favorable. Cela veut dire que nos arguments en faveur de l’accompagnement des couples homosexuels ont bien porté. Je suis content, parce que les débats sur le mariage pour tous avaient provoqué un climat conflictuel au sein de la société française et je craignais que ce soit un peu la même chose dans notre Eglise. »
Jusqu’à présent, Marc Pernot ne pouvait bénir les couples homosexuels que dans le privé. Ce sera désormais différent. « Ce n’était pas vraiment une revendication identitaire. Quand je disais au couple : ‘Désolé, ça ne peut pas avoir lieu dans l’Eglise’, ils répondaient : ‘Pas de problème, c’est juste quelque chose de spirituel’. Mais quand même. Là, j’ai un couple qui prépare un mariage. Il se réjouit d’apprendre qu’il aura lieu dans l’Oratoire », rapporte le pasteur.
En France, seule la Mission populaire évangélique autorisait ses pasteurs à faire « des gestes d’accueil et de prière » pour les homosexuels. Une Eglise beaucoup moins importante que l’Eglise protestante unie qui incarne le courant historique du protestantisme français et revendique 250 000 fidèles. Pour l’historien et spécialiste des religions Odon Vallet, la décision de l’Epuf constitue une évolution liée au mariage pour tous. Marginales en France, les bénédictions de couples de même sexe par des Eglises protestantes sont plus répandues dans d’autres pays. Aux Etats-Unis, au Canada et dans les pays scandinaves notamment.
« Pour le protestantisme, à l’inverse du catholicisme, le mariage n’est pas un sacrement, rappelle-t-il. C’est un fait social, respectable, mais pas vénérable », indique Odon Vallet. L’autorisation de ces bénédictions d’unions homosexuelles par l’Eglise catholique est en revanche inenvisageable, estime l’historien et spécialiste des religions, « même si très discrètement, certains prêtres le font ».