Monde
Les quatre pistes sont : un jusqu'au boutisme militaire russe, la partition de l’Ukraine de part et d’autre du fleuve Dniepr, la neutralisation de Poutine puis la neutralité de l'Ukraine ou alors une internationalisation du conflit.
Une carte blanche d'André Dumoulin, chargé de cours honoraire ULiège, associé à l’IRSD (Institut royal supérieur de Défense)
Comment penser l’avenir du paysage ukrainien dans cette confrontation ? Est-ce possible ? Est-ce prématuré ou dérisoire au vu des multiples surprises stratégiques et tactiques constatées sur le terrain.
Le général américain James Mattis remercié par Trump précisait en mars 2014 que "dans l'armée, l'avenir prévisible, cela n'existe pas, en raison du caractère fondamentalement imprévisible des événements dans le monde. Le terrain de jeu des relations internationales est bien trop complexe, avec un nombre illimité de variables qui changent constamment". Au-delà de la situation erratique, complexe, à la fois changeante et statique des opérations militaires, qu'elles soient hybrides ou guerrières, nous pouvons appuyer cette vision des plus réaliste. La guerre reste un brouillard et les prédictions fragiles.
Obsession sur l’identitaire slavophile
L'argumentaire russe prétexte à l'invasion terrestre de l'Ukraine le 24 février 2022 mélange l'obsession sur l'identitaire slavophile imposant la réunion dans une Grande Russie de l'Ukraine et de la Biélorussie, Kiev étant le rameau d'un grand peuple russe mais aussi un extrême ressentiment autour de la perte du glacis et de l'humiliation autour de la fin de la guerre froide à son désavantage.
"L'Ukraine aurait donc perdu pour les Russes sa conscience identitaire sous l'influence d'un nationalisme ukrainien revanchiste, influencé par l'extérieur".
Sans l'Ukraine, écrivait Zbigniew Brzezinski, la Russie cesse d'être un Empire pour redevenir un pays. Les autres motivations bellicistes tournent autour de cette volonté de "désoccidentaliser" l'Ukraine, lui faire renoncer à entrer dans l'Otan, renverser le régime politique de Zelensky, casser ses infrastructures militaires aéroterrestres, s'approprier les ressources industrielles de l'Est et du sud-est et prendre possession des ports comme Marioupol, Mykolaev (chantiers navals) et Odessa. L'accès aux mers chaudes est alors pleinement conforté avec un meilleur contrôle stratégique de la mer d'Azov et de la mer Noire. Les villes otages devenant soit monnaie d'échange lors de négociations soit des villes martyrs faisant fuir les populations terrorisées tout en créant les conditions d'une guerre urbaine entre les forces. Depuis 1945, les civils deviennent majoritairement des enjeux, des otages et des victimes des conflits.
Quatre scénarios
Sans boule de cristal et avec toute la difficulté à déceler les événements stratégiques futurs, quel pourrait être les pistes et les récits imaginables ?
Jusqu'au boutisme militaire
Primo, une politique militaire russe jusqu’au boutisse avec une armée russe humiliée par la résistance ukrainienne, fragilisée logistiquement (abandon de quantité importante de blindés) et psychologiquement (moral d’une partie des troupes) et autres revers subis par les destructions de chars et d’un certain nombre d’aéronefs. Dans ce cas, et comme dans d’autres guerres, pourrait aboutir au constat russe que trop de pertes impose de les racheter par des destructions à outrance, brutalisation extrême et crimes de guerre démultipliés. L’armée russe souhaitant répondre à l’affront doctrinal ukrainien et rassurer Poutine sur son "efficacité".
Bref, peut-on partir du pays, vu les sacrifices déjà consentis ?
La partition de l’Ukraine de part et d’autre du fleuve Dniepr
Secundo, la partition à terme de l'Ukraine après négociation ou après de longues opérations militaires, la frontière s'établissant de part et d'autre du fleuve Dniepr ; la Russie s'octroyant à l'Est et au sud les régions industrialisées ainsi qu'une démographie additionnelle, englobant même la Transnistrie moldave. Dans cette posture, la ville de Kiev, cette "Jérusalem orthodoxe" pourrait recevoir un statut spécial. Il est à relever que cette perspective ne pourra empêcher, par esprit de revanche et de haine profonde des Ukrainiens de l'Ouest, de vouloir récupérer leur espace originel. De fameux moments de conflit larvé ou ouvert, de guérilla endémique, selon les moments et sur le modèle du Donbass. Gagner les cœurs et les esprits en apaisement sera inatteignable à horizon prévisible.
Neutralisation de Poutine et neutralité de l'Ukraine
Tertio, un règlement du conflit après négociations obligées ou forcées par les événements : échec russe à l’emporter rapidement avec beaucoup de pertes non-prévues, ; neutralisation de Poutine et de sa garde rapprochée par certains éléments de l’armée russe elle-même ; volonté des Ukrainiens de faire cesser les destructions et les morts de civils ; impossibilité des Russes à disposer de 500.000 hommes pour occuper durablement le pays (données FSB). Une finlandisation neutralisation de l’Ukraine qui accepte de ne pas entrer dans l’Otan (en remodifiant sa Constitution) pourrait être aussi sur la table ; nonobstant le fait que l’Ukraine sera probablement un jour prête à entrer dans l’Union européenne…qui dispose d’une clause de défense commune.
Internationalisation du conflit
Quarto, une internationalisation du conflit suite à un incident grave visant les intérêts sécuritaires de l'Otan, en alerte depuis plusieurs années, imposant dès lors une intervention par paliers, mesurée, conventionnelle, en zone ouest de l'Ukraine ; y compris par des opérations spéciales très sensibles à très haute confidentialité. L'usage d'armes chimiques russes pour neutraliser l'autorité ukrainienne ou pour terroriser les civils dans certaines zones urbaines pourrait être une ligne rouge morale (non-dit actuellement) imposant une riposte mesurée et engagée avec précision. Le flou reste de mise et ce scénario tabou. Pour Lionel Jospin, "intervenir risque de faire oublier la responsabilité de l'agresseur, diluée dans la globalisation du conflit".
Ces scénarios peuvent en engager d’autres ou être associées dans des temporalités différentes.
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