Politique
Enfin, le Roi des Belges en visite officielle en RDC. 12 années se sont écoulées depuis la dernière visite d'un Monarque belge dans l'ancienne colonie. La dernière, remonte à l'occasion du Cinquantenaire d'indépendance de la RDC en 2010 sous l'ère de Joseph Kabila Kabange.
12 ans, assez pour qu'enthousiasme et fierté prennent d'assaut autorités, passagers, agents aéroportuaires et autres Congolais lambda ce mardi 7 juin 2022 à l'aéroport de N'Djili. Cette enthousiasme, à la descente de l'avion du Roi Philippe, en compagnie de la Reine Mathilde, alors qu'à Kinshasa le ciel a gracieusement été ensoleillé, s'est accentuée, laissant des traces sur les visages des Officiels et populations à l'instar des rides sur la figure d'un vétéran centenaire.
12 ans, assez pour que beaucoup d'eaux passent sous les ponts au point d'emporter quasiment les relations diplomatiques entre Kinshasa et Brixelles. Et ce, à la suite de la brouille entre les "Noko" (Oncles en référence aux Belges) et les "Bana nkasi" (Neveux en référence aux Congolais).
Les relations entre Kinshasa et Bruxelles sont ainsi restées au point mort, portant atteinte à de nombreux projets de coopération entre les deux capitales.
A sa prise des pouvoirs en janvier 2019, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, dans sa politique de "diplomatie agissante", a entrepris de renouer avec les différents partenaires de la RDC qui n'ont plus été en odeur de sainteté avec le régime Kabila. Le renouement avec l'ancienne Métropole a, à n'en point douter, été l'une des priorités diplomatiques du nouveau Président Tshisekedi qui y a effectué sa première visite d'Etat en dehors du continent africain.
Ça a été le premier signe d'une nouvelle union naissante entre la RDC et la Belgique. Cette union, à en croire le VPM aux Affaires étrangères, Christophe Lutundula, tend vers son summum avec la visite du Roi Philippe. Il a soutenu que "la visite du Roi (des Belges) participe de la symbolique de la relance" des relations diplomatiques entre la RDC et la Belgique sous l'ère Tshisekedi.
Au nom de cette symbolique de la relance, le Roi Philippe, après plus d'un report, n'a jamais fléchi dans sa détermination de visiter l'ex-Congo-Belge pour la première fois depuis sa montée sur le trône le 23 juillet 2021.
Des accords gagnant-gagnant
Un fait rare qui ne peut pas ne pas faire fuser moult interrogations, dont la plus pendante: la RDC et la Belgique sont-elles en train de vivre l'idylle de leur rêve? Affirmative, à scruter l'intervention de Lutundula la veille de l'arrivée du Roi Philippe, en marge de la traditionnelle briefing presse organisé par le ministre de la Communication et des médias.
Kinshasa et Bruxelles ont conclu, selon Lutundula, de nombreux accords de coopération bilatérale "gagnant-gagnant" dans des secteurs tels que l'éducation, l'armée, la santé... Le VPM aux Affaires étrangères s'est voulu très enchanté par ces accords, précisant que le gagner ne s'évalue pas forcément du point de vue matériel et/ou financier. Pour lui c'est la conjugaison des efforts des uns et des autres pour que chaque partie tire profit de la coopération en fonction de ses besoins et de ses intérêts.
En plus, le patron de la diplomatie congolaise a confessé que "la Belgique est un partenaire important et c'est la capitale de l'Europe. Quiconque veut collaborer avec l'Union européenne doit passer par la Belgique au propre comme au figuré". Des propos qui flirtent avec le dithyrambe, mettant, on ne peut plus encore, à nu le parfait amour que se vouent les deux tourtereaux.
Christophe Lutundula, VPM aux Affaires étrangères
Reconnaissance, restitution et décoration
La venue du Roi des Belges a été précédée des événements "très symboliques" ayant balisé la voie pour que Kinshasa et Bruxelles convolent, comme jamais auparavant, en justes noces. Au nombre de ces événements, la reconnaissance des exactions commises par la Belgique pendant la colonisation, l'aval de l'ancienne Métropole pour restituer de nombreuses œuvres d'art emportées par les Colons ainsi que la remise solennelle des reliques de Patrice-Emery Lumumba, permettant ainsi aux Congolais de "faire le deuil de leur héros national plus de 60 ans après".
Cette reconnaissance, a estimé Patrick Muyaya, est un grand pas en avant pour affermir les liens entre Kinshasa et Bruxelles, plutôt que de rester cloisonner à fustiger les bavures coloniales qui toutefois ne changeront pas, ayant déjà été commises.
Patrick Muyaya, ministre de la Communication et Médias
La cerise sur le gâteau de mariage de la RDC avec la Belgique, c'est la décoration à la plus haute distinction du Caporal Albert Kanyuku, centenaire et dernier ancien combattant encore vivant. Il a héroïquement participé à la deuxième Guerre mondiale.
Une tâche rouge
L'idylle entre Congolais et Belges n'est cependant pas sans tâche. Cette tâche, d'une importance très capitale, provient de l'insécurité provoquée par l'activité des Forces négatives dans la partie Est de la RDC, où il est très euphémisant de dire que la paix est une denrée rare.
Ces deux derniers mois, en particulier, ont été très meurtriers et violents, ponctués par des massacres en Ituri et affrontements entre les FARDC et les rebelles du M23 dans le Rutshuru au Nord-Kivu. Une des récentes incursions des M23 a donné à Kinshasa des mobiles et des preuves matérielles nécessaires pour identifier clairement le vrai agresseur qui met en danger son intégrité territoriale. Et, pour une fois, les Congolais, du sommet de la hiérarchie à la base, ont, en dépit de leur coloration politico-socio-tribale, été unanimes que c'est le Rwanda l'agresseur.
Cependant, ni Bruxelles, ni aucune autre capitale partenaire de Kinshasa, moins encore le Conseil de sécurité des Nations-Unies, n'a formellement reconnu le Rwanda comme l'agresseur du Grand Congo. Le silence radio de la Belgique, particulièrement, passe en travers de la gorge des Congolais qui, à défaut d'une intervention militaire, attendent des Belges une condamnation publique de Kigali. Ce qui n'a pas été fait... du moins jusque-là.
Cette problématique sera sans doute au cœur des échanges entre le Roi Philippe et les étudiants Congolais. En attendant les réponses du Roi Philippe, Christophe Lutundula a tenté de faire comprendre qu'aucune autre nation ne peut mieux nous défendre que nous-mêmes, expliquant qu'il importe de conclure des accords de formation, d'armement et autres au bénéfice des FARDC.
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