Recherche
  Home Actualités Petites annonces Offres d’emploi Appels d’offres Publireportages C'est vous qui le dites Medias & tendances Immobilier Recherche Contact



Infos congo - Actualités Congo - MCN - 20 ans
mediacongo
Retour

Politique

Changement de la durée du mandat présidentiel : la science économique n’est pas du côté de l’historien Isidore Ndaywel (*Tribune d’Oasis Kodila*)

2023-08-28
28.08.2023
Economie
2023-08-28
Ajouter aux favoris
http://www.mediacongo.net/dpics/filesmanager/actualite/2023_actu1/8-aout/28-31/historien_isidor_ndaywel.jpg -

Le célèbre historien Isidore Ndaywel fait la une depuis sa dernière conférence, avec son nouveau projet constitutionnel. Très tôt après son adoption, l’actuelle Constitution de la RDC avait déjà fait l’objet d'âpres discussions, jusqu’à connaitre des modifications en 2011. En dépit de celles-ci, la controverse sur l’avènement de la 4ᵉ République ne s’est pas estompée. Cette énième proposition s’y loge facilement. A contrario, elle est loin de faire l’unanimité.

Cette Constitution à la Isidore Ndaywel, intellectuel congolais de premier plan, chamboule complètement l’actuelle Constitution, en y apportant beaucoup de modifications. Parmi les modifications vedettes, il y a la durée des mandants. Précisément, le mandat présidentiel durera 9 ans non renouvelables, correspondant mutatis mutandis au double quinquennat actuel ; le législatif national sept ans renouvelables une seule fois et le législatif régional cinq ans renouvelables une seule fois. Les élections se dérouleraient à des périodes différentes, tous les deux ans, pour éviter qu'une crise électorale malencontreuse ne bloque toute la machine institutionnelle de l'État.

Il tombe sous le sens que l’historien fait fausse route. Pas plus, pas moins. Pour saisir la non-pertinence de sa démarche, il sied de faire appel notamment à la political economy – branche scientifique qui met en relation la science économique et la science politique. Plusieurs arguments peuvent aider à comprendre la position qui est mienne. Considérons seulement six pour ne pas ennuyer le lecteur.

Primo, la pétition de principe. On ne peut pas vouloir décaler les échéances électorales en supposant une crise électorale malencontreuse. C’est un secret de Polichinelle que tous les cycles électoraux depuis 2006 ont été entachés d’irrégularités. Pourtant, en aucun cas, la machine institutionnelle de l'État ne s’est rouillée parce que dans les échelons présidentiel et législatif, le pays aurait connu des problèmes. Cet argument qui justifierait les périodes différentes reste à démontrer. L’histoire récente ne va pas dans le sens de l’historien.

Secundo, le coût électoral de chaque deux ans. À chaque cycle électoral, il se pose généralement le défi de la mobilisation des ressources. Il est certes vrai que ce défi n’échappe pas à des considérations politiques, mais l’on ne peut pas non plus négliger que réduire l’échéance électorale à deux ans est une préparation à la violation constitutionnelle. Les institutions ont un coût, notamment économique. Faute de ne pas avoir compris cette réalité, l’actuelle Constitution peine à être respectée scrupuleusement, ne serait-ce dans sa dimension décentralisation. En sus, l’argument 5 va élucider la crainte d’un crash lié à ces élections à répétition, faute de ressources qui résulteraient de mauvaises performances économiques. Bref, ce que l’on compte gagner en rallongeant le mandat présidentiel (une prétendue stabilité des institutions), on pourrait la perdre avec ces échéances raccourcies.

Tertio, une réflexion inachevée. La dangerosité de la réflexion de l’historien tient notamment à son infinitude. Les neuf ans sont déterminés de manière non systématique. Car, 9 ans ne sont pas le double du mandat actuel. Il justifie également ce choix au motif de la non-maitrise de la gestion de la res publica par celui qui est supposé gérer le pays. Sa démonstration : la première année (et une bonne partie de la deuxième année car il suppose que c’est au courant de cette année qu’il peut commencer à « monter en puissance » pour reprendre son expression) serait celle où le Président élu tâtonnerait. Cette façon de présenter les choses consacre l’incompétence des futurs présidents. Il est inacceptable que les candidats à la présidentielle doivent apprendre à gérer le pays, mieux à connaitre leur pays une fois Président. Enfin, la preuve culminante de cette infinitude est brandie lorsque le conférencier tâtonne sur un probable contrôle mi-mandat, avec une forme imprécise, laissant aux autres la possibilité de circonscrire le format.

Quarto, une durée de mandat atypique. La comparaison constitutionnelle de tous les États africains fait ressortir qu’aucun pays africain actuel n’a un mandat de neuf ans. Quatre pays seulement ont un mandat de sept ans (ils sont loin d’être des modèles) et trois pays ont constitutionnalisé une limite de six ans. Tous les autres pays ont un mandat présidentiel inférieur ou égal à cinq ans. Évidemment, on peut objecter facilement que comparaison n’est pas raison. Cette aporie n’a aucun sens d’autant plus qu’elle ne justifie pas une durée aussi longue pour la RDC. Pourquoi la RDC devrait avoir un mandat aussi long ? La pertinence de cette question s’amplifie dès lors que l’on retient l’argument contextuel. La RDC n’est pas si atypique comparée à ses pairs africains pour prétendre à une telle durée.

Quinto, un long mandat est nuisible au développement. La littérature scientifique est claire : de longues années de mandat ont un impact sur la croissance économique (qui diminue), l’inflation (qui augmente) et la qualité des institutions (qui se détériore). L’effet négatif de longues années de mandat (c’est-à-dire « l’effet dictateur ») est particulièrement fort dans les jeunes États ainsi qu’en Afrique. La RDC remplit le critère de la « jeunesse » et de la localisation géographique (État africain). En sus, dans une recherche publiée en 2023, les auteurs trouvent, dans leur spécification de référence, qu’au-delà de 12 ans, la durée de mandat nuit au développement économique. Or, 12 ans équivalent à un mandat de 6 ans renouvelables. À en juger, la RDC est dans la limite normale avec possibilité d’un deuxième mandat.

Ces deux études nous ramènent à l’argument 2. Moins de croissance, plus d’inflation et détérioration institutionnelle constituent une bonne sauce pour ne pas organiser les élections « ndayweliennes ». Moins de croissance conduirait à moins de ressources publiques. Et donc, impossibilité matérielle de tenir le rythme. Moins de croissance et plus d’inflation conduiront à coup sûr à plus de tensions, lesquelles ne pourront pas être bien gérées dans une situation de détérioration institutionnelle. Parallèlement, des institutions de mauvaise qualité ne peuvent pas garantir l’organisation des élections à ce rythme.

Sexto, l’élection est une institution utile. Ce qui compte pour de bonnes performances d’un pays n’est pas seulement la démocratie lato sensu, mais également un système électoral compétitif. Telle est la conclusion d’une nouvelle étude. Les auteurs de ladite étude ont montré de manière causale, au travers de 2 500 élections présidentielles et législatives tenues dans le monde depuis 1945 et dans plus de 200 pays, qu’une alternance électorale augmente la probabilité qu’un pays s’engage sur une bonne trajectoire dans les années suivantes (embellissement de la situation économique, baisse de l’inflation et du taux de chômage, amélioration de la qualité des institutions, etc.).

Ceci nous ramène à la problématique d’une durée de 9 ans non-stop à la tête du pays. Sans challenge, les institutions peuvent se scléroser pour de multiples raisons. Premièrement, la littérature académique montre que les dirigeants de pays qui ne se présentent pas à la réélection en raison des règles de jure (constitutionnelle à la Isidore Ndaywel par rexemple) sont moins incités à bien performer dans leur mandat. Cette conclusion a été documentée dans plusieurs cas. Incentive matter ! Deuxièmement, il est aussi connu, dans cette littérature, que les responsables politiques en place depuis longtemps ont moins intérêt à mener des réformes importantes, car leur réputation n’est plus à faire ou ils sont dans leur dernier mandat ou encore à cause de l’érosion de la discipline de parti après un certain temps passé au pouvoir ainsi qu’un apprentissage de la corruption. Ils peuvent aussi simplement avoir perdu une partie de leur motivation initiale. Bref, l’usure du pouvoir (érosion du pouvoir) existe bel et bien.

Que retenir ? Le cadre d’analyse de l’historien s’avère étroit. Il existe un éventail de raisons pour que ses réformes se révèlent in fine sous-optimal pour la société. À côté de mes six raisons évoquées, on peut en multiplier à l’infini. Néanmoins, le résultat restera le même : oublions une élection présidentielle à un mandat unique de neuf ans.

*Oasis KodilaTedika est un économiste et auteur récemment du livre Financement du développement en RDC : diagnostic, opportunités et perspectives.

 


congo-press.com (MCP) / mediacongo.net
C’est vous qui le dites : 10 commentaires
4888 suivent la conversation

Faites connaissance avec votre « Code MediaCongo »

Le code à 7 caractères (précédé de « @ ») à côté du Nom est le Code MediaCongo de l’utilisateur. Par exemple « Jeanne243 @AB25CDF ». Ce code est unique à chaque utilisateur. Il permet de différencier les utilisateurs.

Poster un commentaire, réagir ?

Les commentaires et réactions sont postés librement, tout en respectant les conditions d’utilisation de la plateforme mediacongo.net. Vous pouvez cliquer sur 2 émojis au maximum.

Merci et excellente expérience sur mediacongo.net, première plateforme congolaise

MediaCongo – Support Utilisateurs


1 réponse
VALAVALA @P9MCDS5   Message  - Publié le 28.08.2023 à 19:30
Que Signifie le Mot " BANYAMULENGE" ? Le mot "BANYAMULENGE " est une appellation frauduleuse que les refugiés Tutsi rwandais (BANYARWANDA) se sont octroyés pour infiltrer la RDC et forcer à obtenir l'identité congolaise . MULENGE est une colline appartenant à la Tribu BAFULIRU sur laquelle ont été accueillis les refugiés tutsi rwandais en 1961 et 1963 par le HCR . En 1964 , il était interdit aux refugiés Tutsi BANYARWANDA installés sur les sites de MULENGE , KATOBO et LEMERA de faire la politique au Congo conformément à un circulaire de l'Administration coloniale Belge et du HCR. Qui les a autorisé à faire la politique au Congo ? Rappelons que sur 450 Tribus existantes au Congo et archivées par l'administration coloniale belge, il n'existe pas en RDC une tribu appelée BANYAMULENGE . Le Mot " BANYAMULENGE " a été crée en 1978 par Gisaro , un Tutsi Rwandais ( soit 18 ans après l'indépendance du Congo) . Selon l'article 10 de la constitution de 2006 , il n'existait au Congo Aucun groupe ethnique appelé " BANYAMULENGE" à la date du 30 JUIN 1960. Ce sont des "BANYARWANDA "( citoyens Rwandais) en quête des terres et de l'identité congolaise

Réagir

25
11
1
1
Répondre
NOUZO @SN5JCVF   Message  - Publié le 30.08.2023 à 09:24
Les tribus naissent et peuvent disparaitre. Les Banyamulenge sont dans les plateaux de l'ITOMBWE bien avant la création de l'EIC VALAVALA relisez votre cours d'histoire du Congo.

Réagir

@
Insérez un émoji
Mampuya @T6L7OKA   Message  - Publié le 28.08.2023 à 18:12
(Suite). Fin de la coalition Fcc-cach, suivit de desarticulation de l'armée. Nos politiciens sont les premiers à desarticuler l'armée. Ainsi devant le M23, les interférences du Rwanda et l'Ouganda. Nous avons plié bagages. L'intelligentsia et la classe politique, ont accepté, et tolérer, l'ignominie. Aujourd'hui nous avons de fait 2 RDC, RDC de l'EAC, de l'Ouganda et Rwanda et la RDC des jouisseurs de Kinshasa. Nous avons des élections bientôt, basées sur la violation des textes. Devant cette situation, à quoi, sur quelle base la législature de demain va se baser ? Sur quelle constitution et textes ? On peut gagner un championat sur des fausses règles ,mais doit-on jouer le nouveau championnat retourner avec des vieilles règles, les règles violées avant? Non. Ainsi la législature qui va naître, sera dans l'obligation de pondres une nouvelle constitution eecc. De facto à la division du pays, à l'incognito à la Gorbacev.

Réagir

4
1
1
Répondre
@
Insérez un émoji
1 réponse
Mampuya @T6L7OKA   Message  - Publié le 28.08.2023 à 18:05
Merci de l'analyse. Les élections sous Kabila étaient entachées d'irrégularités ? Voilà la position souvent à la base de la régression du pays. Il y'avait moins d'irrégularités, mais plus des ambitions politiques. Autrement comment peut-on expliquer l'effondrement de la coalition Fcc-cach, pour un morceau de pain. Nous devons partir de Sun City et confronter avec la CSN, de Mobutu. Tous voulaient le pouvoir, mais il y'avait un dominus de Tshisekedi wa Mulumba, qui a fait croire aux congolais, et comme aujourd'hui son fils, que le verbe, l'oral est plus importants des écrits. Nous congolais nous suivons les slogans. Gérer les ambitions de Tshisekedi wa Mulumba, l'unique personne qui savait le gérer c'est Kabila Joseph. Donc il y'avait et il y'a plusieures ambitions à gérer, il suffit de regarder le nombre des partis. Ainsi la notion d'irrégularités, c'est comme chercher une pierre mystérieuse pour le mal congolais. Fin de la coalition Fcc-cach, était inattendu par les occidentaux. Pour un morceau de pain, on a sacrifié l'avenir de la RDC. Fin de la coalition Fcc-cach, suivit de desarticulation de l'armée. Nos politiciens sont les premiers à desarticuler...

Réagir

2
1
Répondre
Krokodile @SPRCNFK   Message  - Publié le 31.08.2023 à 20:45
Revez toujours! Le deboulonnement va bientot arriver au pic. Toutefois cessez de faire le mal.

Réagir

@
Insérez un émoji
Sango @A3SHTK4   Message  - Publié le 28.08.2023 à 17:51
Mr Isidor Ndaywel , vu la situation que connait notre pays sous régime du présidant Félix, il ya que les hommes comme vous et qui sont et reçoivent les pots de vin pour contribuer enfoncer ce pays dans les miser ,seulement avec les 5 années , voilà comment vas le pays, je demande à Mr ISIDOR de passer un de jour sur rond point Victoire voir comment se propre.

Réagir

25
2
Répondre
@
Insérez un émoji
LITOYI @X65XKXK   Message  - Publié le 28.08.2023 à 17:02
C'est qui amène ce pays â la misère et la médiocrité c'est ses pseudos élites, qui disent entre autre docteurs, maîtres et professeurs. Dire des absurdités inutiles et non sens alors que notre problème se situe dans l'application de textes et la malhonnêteté et médiocrité de ses elites Comme maintenant à quoi bon et ça sert à quoi de venir plonger le pays ds un chaos qui se voit à l'horizon ?Quelle imbécilité ?

Réagir

38
1
Répondre
@
Insérez un émoji
Citoyen Lambda @HOEVOJK   Message  - Publié le 28.08.2023 à 15:25
Le fait est que Naywel est un pseudo-intellectuel. Depuis qu’il a été coopté par « Al Capone » Tshisekedi, il a perdu toute rigueur scientifique.

Réagir

28
5
2
Répondre
@
Insérez un émoji
right
Article suivant Sénat : « Le réquisitoire contre Joseph Kabila sera traité conformément à la Constitution et au Règlementi intérieur » (Sama Lukonde)
left
Article précédent Le parti AFBC salue la signature du communiqué conjoint entre le Gouvernement et les rebelles à Doha

Les plus commentés

Politique « Joseph Kabila ne mériterait pas d’être appelé Honorable, Excellence ou "Honoraire" » (André Mbata)

06.05.2025, 16 commentaires

Politique Poursuites judiciaires contre Joseph Kabila : « on ne peut pas poursuivre un ancien président seulement en sa qualité de sénateur à vie » (Me Christian Emango)

06.05.2025, 12 commentaires

Politique Urgent: Christophe Bitasimwa remplace Jules Alingete à l'IGF

07.05.2025, 11 commentaires

Politique Obasanjo, son pari pour un dialogue intercongolais à la Sun City

07.05.2025, 10 commentaires

Ont commenté cet article



Ils nous font confiance

Infos congo - Actualités Congo - confiance