L’Église catholique congolaise a appelé jeudi à Kinshasa le peuple à la "vigilance" à un peu plus d’une année de la fin du mandat du président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, dans la perspective de la présidentielle censée avoir lieu avant la fin novembre 2016.
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Nous demandons au peuple congolais de faire preuve de vigilance dans l’esprit de l’article 64" de la Constitution, a déclaré l’abbé Léonard Santedi, secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) lors d’une conférence de presse.
L’article 64 dispose que "tout Congolais à le devoir de faire échec à tout individu ou tout groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions" de la Constitution.
L’abbé Santedi présentait le message de la Cenco intitulé "faudrait-il que le sang coule en RDC ?" dans lequel les prélats congolais jugent "inquiétante" et "préoccupante" la situation politique du pays sur fond d’incertitude sur la tenue de la présidentielle dans les temps prévus par la Constitution.
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Nous reconnaissons les efforts consentis par le gouvernement pour la démocratisation du pays", ajoute le message de l’Église catholique dont se réclament environ 40% des Congolais et qui a joué un rôle majeur dans l’ouverture démocratique du début de la décennie 1990 en RDC.
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Malheureusement, nous sommes peinés de constater que l’approche des échéances électorales amène encore son lot de restrictions des libertés individuelles, la croissance de répressions et d’intimidations", poursuit le message des évêques, estimant que "la démocratie ne doit pas être un simple slogan, mais plutôt une culture et l’alternance en est une expression".
La Constitution congolaise interdit au président Kabila, au pouvoir depuis 2001, de se représenter.
La RDC traverse une crise politique profonde depuis la réélection de M. Kabila en novembre 2011 à l’issue de scrutins marqués par des fraudes massives.
Depuis septembre, l’incertitude règne sur la tenue de la présidentielle après l’invalidation du calendrier électoral par la Cour constitutionnelle.
Mi-novembre, le chef de l’État a fait part de sa volonté de convoquer un "dialogue national" en vue d’"élections apaisées". L’opposition, qui soupçonne M. Kabila de vouloir se maintenir à tout prix au pouvoir au-delà du terme de son mandat, a annoncé dans sa grande majorité sa volonté de ne pas participer à de telles assises, y voyant une manœuvre pour retarder la présidentielle.