Horreur à Lodja !

Un criminel tué et 48 maisons incendiées. Halte à toute instrumentalisation politicienne de la mort d’un brigand notoire.

La ville de Lodja, capitale économique du district du Sankuru au Kasaï-Oriental, a vécu un lundi chaud, le 25 mars 2014. Un certain Oyombo w’Oyombo alias "Eketo" (Gorille), repris de justice et brigand notoire connu pour ses exploits criminels à travers les territoires du Sankuru (Katako, Lodja, Lomela, Kole, Lubefu), a trouvé la mort au cours d’une bagarre avec les éléments de la police nationale. Les agents de l’ordre tentaient de l’interpeller après qu’il eût extorqué des biens de valeur à de paisibles citoyens, dont 3 motos, des engins roulants qui servent de taxi-motos à travers ces territoires ruraux. Les propriétaires des unités de production s’étaient plaint à la police du forfait, un de plus, du sieur Oyombo alias « Eketo ».

L’homme, un habitué des cachots, « amigos » de la PNC et parquet du Sankuru, n’en menait pas moins allègrement sa vie active, protégé qu’il était par des personnalités politiques originaires du district, selon une rumeur que nul n’a vraiment jamais songé à vérifier. Jusqu’au jour où, excédé par les excentricités rebelles de « Eketo », les autorités politico-administratives de Lodja ont décidé de mettre le grappin dessus. Non sans peine. Avant que des renforts de la police n’investissent le quartier du  sieur « Eketo », lundi dernier, au moins une dizaine d’agents de l’ordre avait été proprement passé à tabac par le brigand à la force herculéenne légendaire. C’est un élément de la PNC, l’agent de police Shembo Okende qui, blessé par le brigand en présence des badauds qui avaient accouru là, lui a logé une balle dans la tête.

La bavure policière, pourtant prise en charge par l’auditorat près la garnison militaire et le Parquet de Lodja, n’en a pas moins donné lieu à la résurgence des querelles ataviques entre ressortissants de la forêt (Ekonda), autochtone de la ville de Lodja, et ressortissants de la savane (Eswe), les deux communautés qui cohabitent dans la capitale économique du Sankuru. Ulcérés par le décès du sieur Oyombo alias « Eketo », ressortissant Eswe résident à Lodja, ses équipiers se sont lancés dans une vendetta dirigée contre leurs frères de Lodja, dont au moins une quarantaine de maisons a été incendiée. Parmi les pertes enregistrées, on fait état d’une des meilleures institutions d’enseignement secondaire du Sankuru, propriété d’un prêtre catholique originaire de Lodja, l’Abbé Véron-Blaise Okavu On’Okundji. Des rumeurs avaient indiqué aux incendiaires que c’est un acteur politique « Ekonda » qui aurait commandité l’assassinat du brigand. Quand bien même, c’est connu de tous à Lodja, l’homme a succombé au tir de l’agent de police Shembo Okende, un ressortissant de Lubefu, qu’il avait ridiculisé « devant femmes et enfants » en le projetant au sol d’un revers de la main.

A la cité Okitandeke à Lodja, où le défunt brigand tenait ses quartiers, les originaires de Lodja étaient proscrits jusqu’au moment où nous mettions sous presse. Le chef du quartier, lui aussi originaire des lieux, avait vu sa résidence proprement incendiée. Les incidents du lundi dernier à Lodja se sont déroulés sous l’œil apathique et pour ainsi dire complice du colonel de la police locale, qui n’a rien fait pour maîtriser la foule en furie. Il a fallu l’intervention des éléments FARDC diligentés par l’autorité provinciale pour qu’une accalmie, précaire, s’installe dans la ville.