Monde
La ministre de la Justice, en désaccord avec François Hollande sur la déchéance de nationalité, a annoncé sa démission ce mercredi 27 janvier.
Sur la sellette depuis plusieurs semaines, en désaccord profond avec le Premier ministre et le président de la République sur la mesure de déchéance de nationalité, Christiane Taubira a présenté mercredi sa démission du poste de ministre de la Justice. Selon un communiqué de l’Elysée, le président de la République "a accepté" la décision de la garde des Sceaux. "Ils ont convenu de la nécessité de mettre fin à ses fonctions au moment où le débat sur la révision constitutionnelle s’ouvre à l’Assemblée nationale, aujourd’hui (mercredi), en Commission des Lois", écrit le palais présidentiel.
Une demi-surprise
La démission de Christiane Taubira est une demi-surprise. D’un côté, François Hollande rechignait à s’en séparer malgré les prises de position très fermes de sa ministre sur la déchéance de nationalité, en raison essentiellement de la popularité indéniable de l’ex-garde des Sceaux à gauche. Mais d’un autre côté, la position de Christiane Taubira devenait intenable, alors que le président de la République se montrait inflexible. C’est d’ailleurs Manuel Valls seul, contre toute pratique traditionnelle, qui s’apprêtait à défendre la révision constitutionnelle devant l’Assemblée. Un signe, a posteriori, que les jours de Christiane Taubira au gouvernement étaient comptés.
En effet, la démission de la garde des sceaux avait été validée dès samedi, avant même le départ de François Hollande pour une visite officielle en Inde. A la sortie du conseil des ministres, Stéphane Le Foll, le porte-parole du gouvernement, a cité François Hollande, selon qu'l y a nécessité au gouvernement d’une "éthique collective et d’une cohérence forte".
"Parfois résister c’est partir"
La désormais ex-ministre de la Justice a réagi sur Twitter, fidèle à son style lyrique. Au passage, elle glisse une critique en creux des positions du gouvernement et du président de la République, en se plaçant du côté de "l'éthique" et du "droit".
"Parfois résister c’est rester, parfois résister c’est partir. Par fidélité à soi, à nous. Pour le dernier mot à l’éthique et au droit", a écrit Mme Taubira sur son compte Twitter.
Urvoas nouveau garde des Sceaux.
C’est Jean-Jacques Urvoas, président de la commission des Lois de l’Assemblée nationale, qui remplace Christiane Taubira. "Il portera, aux côtés du Premier Ministre, la révision constitutionnelle et préparera le projet de loi renforçant la lutte contre le crime organisé et la réforme de la procédure pénale", écrit l'Elysée.
Réactions
Parmi les réactions de soutien et d'affection à l'ancienne ministre de la Justice, citons entre autres les tweets de Cécile Duflot, Aurélie Filippeti et Benoît Hamon, trois ex du gouvernement. La première "salue chaleureusement la décision de courage et de conviction" de Christiane Taubira.
La droite, quant à elle, n’a pas caché son soulagement à l’annonce de la démission de Christiane Taubira de son poste de ministre de la justice, mercredi 27 janvier. Depuis le début du quinquennat de François Hollande, l’opposition en avait fait sa cible de prédilection, l’accusant de véhiculer un message de "laxisme et d’impunité".
Eric Ciotti, député (Les Républicains, LR) des Alpes-Maritimes, s’est "réjoui" du départ de Mme Taubira. "Enfin un peu de dignité pour une garde des sceaux qui refuse de défendre le projet de réforme constitutionnelle", a ajouté la sénatrice (LR) Sophie Primas sur son compte Twitter. Pour le maire de Cannes, David Lisnard, "il était plus que temps [qu’elle démissionne]. Avant tout pour le pays, aussi pour le gouvernement, accessoirement pour elle".
Marine Le Pen, présidente du Front national (FN), a estimé mercredi que la démission de Christiane Taubira était "un soulagement" et "une bonne nouvelle pour la France", l'ex-garde des Sceaux ayant mené "une action publique absolument désastreuse pour notre pays". "La démission de Christiane Taubira est une bonne nouvelle pour la France, après une action publique à la tête du ministère de la Justice absolument désastreuse pour notre pays. Le laxisme inouï de sa politique pénale, notamment, a si fortement dégradé notre situation sécuritaire et affaibli l'autorité de l'Etat que cette démission apparaît aujourd'hui comme un soulagement", écrit Mme Le Pen dans un communiqué.
Du coté de l'aile gauche du Parti Socialiste, on considère le départ de Christiane Taubira comme "celui du dernier symbole de l'espoir de changement exprimé en 2012", ont écrit, dans un communiqué, les sénateurs et sénatrices du groupe communiste au Sénat. La sénatrice écolo, Esther Benbassa, insiste, pour sa part, sur le fait qu'après cette démission de Christiane Taubira, "il ne reste plus aucune figure de gauche au gouvernement".
D'autres, comme le militant du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, vont encore plus loin, considérant cette démission comme faisant le jeu de la droite: "Encore une proposition du FN et de la droite reprise par Hollande: faire partir Taubira", a-t-il déclaré sur Twitter.
La réforme constitutionnelle devant la commission des Lois.
C'est tout sauf un hasard du calendrier: la démission de Christiane Taubira a été annoncée quelques minutes avant la confirmation que le concept de déchéance de nationalité serait bel et bien inscrit dans la Constitution - si la révision constitutionnelle était acceptée. C’est Manuel Valls en personne qui défendra le texte de la réforme dans la matinée en commission des Lois. Devenu ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas laisse son poste de rapporteur officiel de la réforme à Dominique Raimbourg. Seule concession accordée par le gouvernement aux opposants, souvent de gauche, au projet : la référence aux binationaux est supprimée. Insuffisant, semble-t-il, pour Christiane Taubira.
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